Plusieurs entreprises de cybersécurité et cabinets de conseil ont tiré la sonnette d’alarme un mois avant les élections de mi‑mandat : le régime communiste chinois cherchait à influencer les électeurs américains pour exacerber les luttes partisanes et promouvoir la Chine comme exemple de supériorité des dictatures sur les démocraties.
Parmi ces entreprises, Mandiant, une société de cybersécurité récemment acquise par Google, assure suivre un réseau de faux comptes en ligne qu’elle a baptisée « DRAGONBRIDGE » depuis juin 2019. L’année dernière, Mandiant a observé que les messages véhiculés par les faux comptes de DRAGONBRIDGE étaient orientés de sorte à provoquer des manifestations aux États‑Unis qui permettraient de pointer un fort sentiment anti‑asiatique de la part des Américains. Les activités de ces faux comptes s’étendent à des dizaines de plateformes de médias sociaux dans plus de sept langues.
Cette année, Mandiant a observé des opérations plus nuancées avec une augmentation de la rhétorique visant à décourager les Américains de voter.
Une fois encore, ces résultats ont mis en lumière les opérations d’influence médiatiques menées par le Parti communiste chinois (PCC) à l’échelle mondiale. À ce sujet, un nouveau livre intitulé Beijing’s Global Media Offensive : China’s Uneven Campaign to Influence Asia and the World [L’offensive médiatique mondiale de Pékin : La campagne inéquitable de la Chine pour influencer l’Asie et le monde, ndt.] offre une vue d’ensemble détaillée de l’histoire des médias traditionnels et numériques et des opérations chinoises dont ils sont la cible.
L’agence de presse Xinhua, le média d’information officiel du PCC, offre l’occasion d’une étude de cas. Dans un courriel adressé à Epoch Times, l’auteur Joshua Kurlantzick, chargé de recherche au Council on Foreign Relations (CFR), explique : « Xinhua a signé des accords de partage de contenu avec un grand nombre de publications dans les pays développés et en développement et, dans certains pays, elle est de plus en plus considérée comme une source d’information au même titre que l’AP ou Reuters, etc. »
Bien que le contenu de Xinhua soit moins utilisé par les médias américains, « China Watch », un encart d’apparence journalistique du China Daily est assez courant. C’est ainsi que les pages de supplément « China Watch » s’invitent dans les journaux occidentaux. Le China Daily est le quotidien chinois contrôlé par le PCC en langue anglaise. Dans son livre, Joshua Kurlantzick précise que le China Daily diffuse ces encarts dans plus de 30 journaux de portée internationale.
« Certains organes de presse américains, comme le Wall Street Journal, font du très bon travail en indiquant clairement qu’il s’agit de publicités, mais d’autres ne le font pas, et ‘China Watch’ pourrait ressembler à un véritable article pour certains lecteurs, même s’il provient du China Daily. »
Certes, le PCC contrôle ou influence les médias locaux d’autres pays, et mène des campagnes de désinformation en ligne en s’inspirant partiellement de la Russie. Mais, selon les conclusions de Joshua Kurlantzick, leur efficacité dans l’ensemble est assez mitigée.
Pour lui, le soutien du PCC à la Russie pendant la guerre en Ukraine, bien qu’un peu atténué ces derniers temps, a nui à son image mondiale, notamment en Europe. « Cela a également sapé l’offensive médiatique de la Chine. De plus, avec d’autres facteurs tels que la coercition économique et sa diplomatie agressive, la Chine a finalement une image très négative dans de nombreux pays. »
Toutefois, Xi Jinping ayant obtenu son troisième mandat de secrétaire général du PCC jusqu’en 2028, l’exportation de la propagande communiste devrait continuer de croître.
Lors d’une visite au Quotidien de l’Armée populaire de libération (ou le Quotidien de l’APL) en décembre 2015, Xi Jinping a fait une déclaration mémorable : « Où que soient les lecteurs, où que soient les téléspectateurs, c’est là que les articles de propagande doivent étendre leurs tentacules, et c’est là que devrait être le point focal, le point terminal, du travail de propagande et d’idéologie. »
Le 25 octobre, quelques jours après le XXe Congrès, le Quotidien du peuple, le journal du Parti le plus important, a publié sur Weibo, la plateforme chinoise de type Twitter, les 40 principales « phrases d’accroche » utilisées dans les articles officiels du Parti. Des versions officielles en anglais accompagnaient les originaux chinois.
Cette approche vise à fournir la version officielle du jargon du Parti et à mouler les définitions du PCC dans des phrases anglaises pour exporter sa propagande, explique Sang Pu pour Voice of America. Sang Pu est un commentateur politique et président de l’Association Taïwan Hong Kong. Il ajoute que la formule « new journey » [nouveau parcours, ndt.], version anglaise de la première phrase de la liste, ne rend pas compte de la connotation guerrière de l’original chinois. C’est une tactique d’atténuation typique de la part du PCC.
Joshua Kurlantzick concède que l’enregistrement des médias d’État chinois en tant qu’agents étrangers en Amérique est efficace, mais cela ne réglera pas le problème du partage de contenu ou des suppléments payants chargés de la propagande du régime. Selon lui, il est essentiel de mettre au point un programme visant à « encourager les Américains à comprendre les sources de qualité » et à « réprimer l’utilisation croissante de la désinformation en ligne par la Chine ».
Ses trois principales recommandations pour les pays démocratiques sont de former les citoyens à la culture numérique afin qu’ils puissent discerner la désinformation en ligne, d’examiner les investissements étrangers dans les secteurs des médias et de l’information au même titre que dans les semi‑conducteurs et autres industries sensibles, et de restaurer l’image mondiale de la démocratie afin de diminuer l’attrait des régimes autoritaires.
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