Ce psychologue formé à Harvard décortique les moyens imparables déployés par Google pour nous manipuler. C’est une forme poussée de manipulation retorse. Le présent article indiquera également quelques bons réflexes à adopter pour se protéger.
En bref
- ‑ Robert Epstein, docteur en philosophie, met en garde contre la capacité de Google à contrôler les politiques publiques, à influencer les élections et à endoctriner les enfants.
- ‑ Les méthodes utilisées par Google sont éphémères et ne laissent aucune trace écrite. Il est donc très difficile de prouver comment les internautes sont instrumentalisés et manipulés.
- ‑ Les recherches menées par le Dr Epstein et ses collègues montrent que des résultats de recherche biaisés peuvent modifier l’opinion et les préférences électorales des gens, faisant basculer les électeurs indécis de 20 à 80 % dans certains groupes démographiques.
- ‑ La fonction « autocomplétion » du moteur de recherche de Google peut également sérieusement transformer les tendances parmi les électeurs indécis, fortement manipulés à leur insu.
La première étape pour se libérer de la dictature de Google consiste à reconnaître que la manipulation existe, la suivante consiste à s’y soustraire consciencieusement, autant que possible, pour protéger sa vie privée.
Google a le pouvoir de manipuler ce que nous voyons en ligne, de nous cibler avec certaines publicités et de masquer certains résultats de recherche, de sorte que nous ne voyons que ce qui a été décidé en amont. Mais Google a‑t‑il vraiment la capacité de faire basculer les résultats d’une élection politique ? Selon Robert Epstein, docteur en psychologie, et chercheur principal à l’American Institute for Behavioral Research and Technology (AIBRT), c’est tout à fait à sa portée.
Le Dr Epstein, un psychologue formé à Harvard qui a fondé le Cambridge Center for Behavioral Studies, compare Google à un dictateur doté de pouvoirs totalement inédits, des outils de manipulation qui n’ont jamais existé auparavant dans l’histoire de l’humanité. Les services gratuits qu’il fournit ne sont pas vraiment gratuits, prévient‑il. « Le prix, c’est votre liberté. »[1]
Les outils de manipulation de Google
Selon le Dr Epstein, alors qu’il s’exprime dans l’émission American Thought Leader [Maîtres à penser américains] d’EpochTV, Google a la capacité de contrôler les politiques publiques, de faire basculer des élections et d’endoctriner les enfants. Il a le pouvoir de « censurer du contenu, suivre tous nos mouvements, cliver la société, modifier notre façon de penser et même de réorganiser toute l’humanité », a-t-il écrit antérieurement dans un article intitulé « Google’s Triple Threat » [La triple menace de Google, ndt.] [2].
Les méthodes utilisées par Google sont éphémères et ne laissent aucune trace. Il s’agit par exemple des suggestions : les suggestions d’images,de vidéos sur Youtube, de sujets d’actualité, de shopping etc. Des suggestions pour tout.
« Elles nous affectent puis elles disparaissent, elles ne sont stockées nulle part et elles s’en vont. C’est une forme optimale de manipulation. Les gens n’ont aucune idée d’être manipulés, d’une part, et d’autre part, les autorités ne peuvent pas faire d’examen rétrospectif pour voir ce qui a été montré, en d’autres termes, pour comprendre comment ils ont été manipulés. » [3]
Le Dr Epstein et son équipe ont toutefois élaboré des moyens pour suivre les outils invisibles, presque subliminaux, de Google, notamment le Search Engine Manipulation Effect, SEME [Effet de manipulation du moteur de recherche, ndt.] :
« Le SEME est une des formes d’influence les plus puissantes jamais découvertes dans les sciences du comportement… On laisse les gens penser qu’ils ont pris leur propre décision, ce qui est en fait une illusion. Il n’y a aucune trace écrite que les autorités pourraient examiner. Plus terrible encore, les rares personnes capables de détecter un biais dans les résultats de recherche repousse le biais encore plus loin, de sorte que le simple fait d’être capable de voir le biais ne nous en protège pas. »
Les recherches du Dr Epstein et de ses collègues ont montré que les résultats de recherche biaisés peuvent modifier les opinions et les préférences de vote des gens, faisant basculer les opinions des électeurs indécis de 20 à 80 % dans certains groupes démographiques. [5] Les courriels internes de Google qui ont fuité parlent d’« expérience éphémère », et la société met un point d’honneur à concevoir des expériences éphémères destinées à modifier la façon dont les gens pensent.
Cependant, SEME n’est qu’un des outils subliminaux parmi la douzaine que son équipe a découverts. Parmi les autres, citons l’« effet de suggestion de recherche », l’« effet de concordance d’opinion » et l’« effet de manipulation de YouTube ». [6]
Google a-t-il impacté des millions de votes en 2020 ?
Alors que le Dr Epstein et son équipe commençaient à documenter des expériences éphémères liées à la politique, ils ont découvert un biais politique phénoménal sur Google et YouTube. (À noter queYouTube appartient à Alphabet, la société mère de Google.)
Dans les jours qui ont précédé l’élection présidentielle de 2020 et le second tour des élections sénatoriales de 2021 en Géorgie, par exemple, ils ont relevé et conservé des traces d’1,5 million d’expériences éphémères et plus de 3 millions de pages Web, ce qui était largement suffisant pour faire potentiellement basculer « au moins 6 millions de voix dans l’élection présidentielle sans que les gens en aient conscience ». [7]
Il ne s’agit en aucun cas d’un incident isolé. En 2016, l’algorithme de recherche de Google a généré des résultats de recherche biaisés pour influencé les électeurs indécis, ramenant entre 2,6 millions à 10,2 millions de voix à Hillary Clinton.
Le Dr Epstein tient à préciser qu’il penche politiquement à gauche. Si le biais de Google a contribué à soutenir ses candidats, il ne s’en réjouit pas pour autant : « (…) des recherches rigoureuses que je mène depuis 2013 m’ont montré à quel point ces entreprises sont dangereuses, je les appelle ‘Google & the Gang’. » [8]
Le simple affichage d’un rappel « Allez voter » sur Google le jour de l’élection en 2018, explique‑t‑il, a permis au Parti démocrate de récolter entre 800 000 et 4,6 millions de voix supplémentaires. Le Dr Epstein précise que ces chiffres sont « assez prudents ». [9]
« En d’autres termes, le rappel ‘Allez voter’ de Google n’était pas un simple message d’utilité publique, c’était de la manipulation. Ce type de manipulation est un exemple de ce que j’appelle ‘l’effet démographique différentiel’. » [10]
Le Dr Epstein a également mis en place un système de surveillance en 2018 qui a enregistré plus de 47 000 recherches liées aux élections sur Google, Bing et Yahoo, ainsi que près de 400 000 pages Web auxquelles les résultats des recherches renvoyaient. Le biais politique mis à jour dans les résultats pouvait potentiellement faire basculer 78,2 millions de votes vers le Parti démocrate. [11]
Même la fonction « autocomplétion » qui apparaît lorsqu’un internaute tape une recherche dans la barre Google est un puissant outil de manipulation. « De plus en plus de preuves suggèrent que Google manipule la pensée et le comportement des gens dès le premier caractère qu’ils tapent dans le champ de recherche », écrit le Dr Epstein. [12] Rien qu’avec cette fonction, Google peut transformer une répartition 50/50 parmi les électeurs indécis en une répartition de 90/10, de manière si anodine qu’il est difficile de s’en rendre compte.
De plus, comme les technologies de persuasion de Google sont extrêmement puissantes et que de nombreuses élections dans le monde sont très serrées, les données du Dr Epstein suggèrent que Google a probablement déterminé les résultats de 25 % des élections nationales dans le monde depuis 2015 au moins. Ce qui représente tout de même un quart des élections dans le monde ! Et ce n’est qu’un début. [13]
Google, un organisme de surveillance
Il est important de comprendre que Google est un organisme de surveillance doté d’outils de surveillances énormes et dissimulés. C’est en ça qu’il constitue une véritable menace pour la société. Comme le note le Dr Epstein :
« Le moteur de recherche… puis Google Wallet, Google Docs, Google Drive, YouTube, tout ça, ce sont des outils de surveillance. Ces outils donnent un maximum d’informations sur vous. La surveillance, voilà leur finalité. » [14]
Si la surveillance est la principale activité de Google, ses revenus – qui dépassent les 130 milliards de dollars par an – proviennent presque exclusivement de la publicité. Toutes les informations personnelles que nous leur fournissons en utilisant leurs différents outils sont vendues à des annonceurs afin qu’ils puissent nous cibler. Parallèlement, ils disposent également d’une capacité de censure sans précédent. En restreignant ou en bloquant l’accès à certains sites Web, ils décident de ce qui peut être vu ou pas.
Le problème de ce type de censure Internet est que nous ne savons même pas ce qui nous est dissimulé. Si un certain type d’informations est supprimé des recherches et que nous ignorons leur existence, nous n’avons aucun moyen d’aller les rechercher. C’est ainsi que des centaines de millions de personnes ont été privées de connaître les traitements simples et sûrs et naturels pour guérir du Covid, car de nombreux médecins ont été censurés par Google.
Google investit depuis longtemps dans des bases de données sur l’ADN et ajoute des informations sur l’ADN à nos profils. Selon le Dr Epstein, Google a pris la main sur certaines bases de données nationales sur l’ADN, mais les articles à ce sujet – qu’il a cités dans ses propres écrits – ont tous disparu. En l’état actuel des choses, le Dr Epstein est inquiet pour l’avenir si personne n’intervient pour stopper le pouvoir de Google :
« En tant que père de cinq enfants, je suis particulièrement préoccupé par ce à quoi ressemblera l’avenir de l’humanité si les Big Tech sont autorisées à poursuivre sans entraves leur chemin vers la domination mondiale. Dans les années 1950, l’économiste britannique Kenneth Boulding a écrit : ‘Un monde de dictature invisible est concevable, tout en utilisant les formes de gouvernement démocratique.’ »
« J’écris cet essai parce que je crois qu’un tel monde existe déjà, et que si nous n’agissons pas rapidement et de manière radicale, le pouvoir que les dirigeants des entreprises technologiques ont engrangé deviendra si fermement ancré que nous ne serons jamais en mesure de les déloger de leurs trônes invisibles. » [15]
Six bons conseils pour préserver sa vie privée
La première étape pour se libérer de la dictature de Google est de reconnaître que la manipulation a lieu. La deuxième étape consiste à choisir consciencieusement de s’y soustraire autant que possible. Il est particulièrement important de protéger les enfants, car ils sont parmi les plus vulnérables aux assauts d’une manipulation qui aura de graves conséquences pour les générations futures.
« Nous essayons de comprendre comment la manipulation fonctionne. Mais surtout, nous essayons de la quantifier… Parce que je pense que ce qui se passe réellement, c’est qu’il y a un effet dans l’accumulation. Il ne s’agit pas seulement d’un biais politique, mais littéralement d’un effet d’accumulation, et on nous transforme malgré nous à force de nous exposer à certains types de valeurs, encore et encore et encore. »
« Et je pense que les personnes les plus susceptibles d’être impactées par ce genre de procédés sont les enfants. »
Le Dr Epstein propose six choses à faire qui peuvent aider à protéger notre vie privée en ligne. Grâce à cela, il n’a pas reçu de publicité ciblée sur son ordinateur ou son téléphone depuis 2014. Pour reprendre en main une partie de sa vie privée en ligne, pour ses enfants également, il faut :
1/ Se débarrasser de Gmail. Pour ceux qui ont un compte Gmail, il vaut mieux essayer un service de messagerie non Google, comme ProtonMail, qui est un service de messagerie crypté basé en Suisse.
2/ Désinstaller Google Chrome et utiliser de préférence le navigateur Brave, disponible pour tous les ordinateurs et appareils mobiles. Il bloque les publicités et protège notre vie privée.
3/ Changer de moteur de recherche. Essayer, par exemple, le moteur de recherche Brave, auquel on peut accéder sur le navigateur Brave. Il ne compromet pas la vie privée, il ne nous surveille pas.
4/ Éviter Android. Les téléphones Google et ceux qui utilisent Android suivent pratiquement tout ce que nous faisons et ne protègent pas notre vie privée. Il est possible d’enlever Google de son téléphone portable en achetant un téléphone Android qui n’a pas de système d’exploitation Google. On peut aussi trouver un informaticien compétent qui pour reformater le disque dur du téléphone.
5/ Éviter les appareils Google Home, les haut‑parleurs intelligents Google Home ou l’application Google Assistant pour smartphone, il est tout à fait possible de nous mettre sur écoute.
6. Utiliser un proxy ou un VPN. Ces outils permettent de placer une barrière entre nous et Internet « trompant de nombreuses sociétés de surveillance en leur faisant croire que vous n’êtes pas vraiment vous. »
Publié initialement le 6 mai 2022 sur Mercola.com
References
- 1 The Epoch Times, American Thought Leaders April 7, 2022, description
- 2, 8 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 3
- 3 The Epoch Times, American Thought Leaders April 7, 2022, 4:00
- 4, 5 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 7
- 6, 9 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 8
- 7, 12 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 10
- 10, 11 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 9
- 13 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 11
- 14 BitChute, Google and Privacy January 24, 2020
- 15 Google’s Triple Threat January 20, 2022, Page 5
- 16 ZeroHedge April 12, 2022
- 17 Medium March 17, 2017
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