Il a entendu le cri de la mère pygargue à tête blanche avant même de la voir. Posté sur un nid dans le comté de Santa Clara, trépied préparé, appareil photo paré à photographier, Doug Gillard a fait de son mieux pour deviner l’endroit où elle pourrait apparaître. Il a pointé son appareil photo droit vers le haut et a tiré à l’aveugle à 80 images par seconde. Ce fut un coup de maître.
M. Gillard, 63 ans, observait le nid depuis le mois de janvier, avec l’intention de photographier le cycle d’accouplement de l’aigle tel qu’il se déroulait. L’aiglon est arrivé et a grandi – entendre l’appel de sa mère ce jour-là, le 28 mai, ne signifiait qu’une chose : « Le dîner », a déclaré M. Gillard au journal Epoch Times.
Le viseur de son appareil photo montrait ce qui ressemblait à un caneton entre ses puissantes griffes. C’est alors que la reconnaissance s’est faite. « Oh mon Dieu, c’est une petite buse à queue rousse », s’est-il dit. « Quelle horreur ! M. Gillard a pensé que le pygargue à tête blanche avait fait irruption dans le nid d’une buse à queue rousse pour « kidnapper » un oisillon et nourrir son aiglon.
Et il était vivant !
« Peut-être veut-il apprendre à son aiglon que la nourriture n’arrive pas morte dans le nid », a commenté M. Gillard, professeur d’anatomie à Gilroy, en Californie, « et qu’il faut en fait tuer la proie ».
Il sait que le pygargue à tête blanche et la buse à queue rousse sont des « ennemis mortels » et qu’on les voit souvent se battre en duel dans le ciel. Il a trouvé triste que la petite buse, alors âgée de 10 semaines, ait été mangée, mais ainsi va la vie.
Pourtant, il ne s’attendait pas à ce qui allait suivre.
La semaine suivante, il a vu « une petite tête blanche en boule de coton » sortir du nid et a été stupéfait. D’une manière ou d’une autre, la petite buse a survécu ! Elle n’a pas été mangée. Plus étrange encore, quelques jours plus tard, une deuxième tête de boule de coton blanche est apparue. « Elle en a volé une autre ! S’est étonné M. Gillard. Deux petites buses ont rejoint la famille des pygargues à tête blanche et n’ont pas été tuées. »
Pour comprendre comment ces supposés « ennemis mortels » se sont rapprochés, il s’est tourné vers sa communauté d’ornithologues, Nor Cal Birding, sur Facebook. Les experts pensent que la maman aigle a probablement attrapé la buse pour la manger, mais les bébés buse lancent des cris de détresse très similaires à ceux des pygargues à tête blanche. « Ainsi, [l’aigle] a perdu le fil et a cru reconnaître un aiglon », a expliqué M. Gillard, ajoutant que les experts « n’en sont pas vraiment sûrs ». « Puis, une fois qu’ils ont commencé à le nourrir, il est devenu un membre de la famille ».
Selon Bay Nature, peu d’adoptions de rapaces entre espèces ont été répertoriées. Un article du Journal of Raptor Research a été consacré à des couples d’aigles qui élevaient des nichées mixtes en 1993. En 2015, un documentaire du National Geographic a également montré un faucon élevé par des aigles et adoptant par la suite certains de leurs comportements.
Intéressé, M. Gillard a suivi les progrès des buses pour constater qu’elles « n’étaient pas traitées de la même façon » que l’aiglon. En particulier, la petite buse à queue rousse, surnommée Tuffy, qui peinait à apprendre à voler, menait « une vie difficile », a expliqué M. Gillard. Sa mère était « violente ».
M. Gillard a observé et s’est inquiété lorsqu’elle est descendue en piqué de 30 pieds (environ 9 mètres) pour éjecter Tuffy du nid. Tuffy a fait un saut dans les airs, s’est heurté à un arbre pour tenter de revenir, mais il s’est aperçu que la mère bloquait le nid. Une autre fois, alors qu’elle le nourrissait, elle a semblé s’en lasser et lui a légèrement mordu la tête, ce qui a fait reculer Tuffy. la petite buse a reçu des coups d’ailes et est parfois restée affamée.
M. Gillard a avancé une théorie sur le comportement de la maman aigle : « Elle n’essaie pas de le tuer », a-t-il estimé, ajoutant que ce qu’elle veut dire en réalité, c’est « Tu dois voler comme ta sœur adoptive ».
L’autre petite buse, qui se nomme Lola, a pris son envol le 13 juin. M. Gillard a pris des photos de la maman et de Tuffy en train de regarder vers le ciel depuis le nid, observant la jeune buse prendre de la hauteur.
La saga des rapaces d’espèces mixtes continue. Tuffy a apparemment pris son envol le 1er juillet, mais pas facilement. M. Gillard l’a vu voler à 250 mètres de là, dans les bois, pendant que maman, papa et Lola restaient à la maison. Tuffy doit apprendre à chasser et dépend encore des aigles pour se nourrir. Bien qu’il soit toléré à la maison, il n’est pas le bienvenu. Tuffy a été baptisé ainsi parce qu’il est un survivant, a expliqué M. Gillard. L’avenir nous dira s’il est digne de ce nom.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.