Le département de la Défense américain a publié son rapport annuel sur l’Armée populaire de libération chinoise. Il décrit les stratégies et les capacités que Pékin entend utiliser pour atteindre son objectif de « rajeunissement national » d’ici à 2049, marquant le centenaire de la création de la République populaire de Chine (RPC). Malgré sa modernisation militaire rapide, la Chine pourrait ne pas être prête à combattre et à gagner une guerre de grande ampleur en raison de son ralentissement économique et d’autres problèmes.
En 2022, la stratégie de sécurité nationale américaine a identifié la RPC comme le « défi majeur » ayant l’intention et la capacité croissante de dominer le monde et remodeler l’ordre international en faveur du Parti communiste chinois (PCC). Au cœur de cette ambition se trouve la stratégie globale de l’État-parti chinois qui vise à réaliser le « grand rajeunissement de la nation chinoise » d’ici 2049.
Selon le rapport annuel 2024 du département de la Défense sur les développements militaires et sécuritaires impliquant la RPC, l’annexion de Taïwan joue le rôle essentiel dans les démarches de rajeunissement national visé par le chef du PCC Xi Jinping. La stratégie nationale de la Chine donne la priorité au renforcement de ses capacités politiques, sociales, économiques, technologiques et militaires afin d’accroître sa puissance et de la projeter dans le monde entier. En même temps, sa politique étrangère vise à établir une « communauté de destin commun » pour l’humanité, prévoyant le remodelèrent des structures mondiales afin de les aligner sur les objectifs du régime chinois.
Pour réaliser ces ambitions, Pékin a lancé plusieurs initiatives clés.
Le titanesque programme « Initiative Ceinture et Route » (ICR), souvent qualifié de « Nouvelle route de la soie », vise à renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde entier en se reliant aux marchés d’Asie, d’Afrique, d’Europe, d’Océanie et d’Amérique latine par le biais d’investissements dans diverses importantes infrastructures de transports, d’énergie et de télécommunications. Ce programme a été souvent critiqué pour avoir créé des pièges de la dette pour les pays participants ; il a aussi été accusé d’influence politique, d’infiltration et d’espionnage.
La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, qui s’inscrit dans la stratégie de l’ICR de Pékin, offre une alternative aux institutions financières dirigées par l’Occident dans le financement des projets de développement.
La coopération régionale telle qu’effectuée dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai ou de la coopération Chine-ASEAN promeut la sécurité, le commerce et la collaboration politique, consolidant ainsi le leadership de la Chine en Asie et en Eurasie.
La « Route de la soie numérique », l’un des nouveaux composants de l’ICR, vise à assurer la domination de la Chine dans le domaine des normes technologiques mondiales grâce à des investissements dans les télécommunications, le commerce électronique et l’intelligence artificielle.
Parallèlement, « l’Initiative pour le développement mondial » et les instituts Confucius améliorent l’image de la Chine dans le monde grâce à la « diplomatie culturelle » et à la propagation de la « puissance douce ».
En 2024, la politique économique de la Chine a été confrontée à des défis importants, notamment le ralentissement de la croissance économique, la baisse des investissements directs étrangers et une grave crise de la dette dans le secteur de l’immobilier. Pour résoudre ces problèmes et réduire la dépendance à l’égard des marchés des pays occidentaux, Xi Jinping a donné la priorité à l’autosuffisance technologique, à la production manufacturière avancée et à la relance économique. Toutefois, ces efforts n’ont pas encore permis de résoudre les difficultés économiques du pays ni de rétablir la croissance rapide observée auparavant.
En 2023, Xi Jinping a lancé une vaste purge des cadres militaires, visiblement pour lutter contre la corruption, mais probablement aussi pour promouvoir les loyalistes et éliminer les dissidents – et ce, dans le but de préparer l’Armée populaire de libération (APL) à un conflit potentiel. Entre juillet et décembre, au moins 15 officiers supérieurs et cadres de l’industrie de la défense ont été démis de leurs fonctions, ce qui a perturbé des projets de modernisation essentiels. Nombre de ces personnes étaient impliquées dans le développement d’équipements critiques, notamment des systèmes de missiles nucléaires et conventionnels.
Dans le cadre de ses ambitions pour 2049, Xi Jinping a donné la priorité à la construction d’une armée de « classe mondiale », en visant initialement l’année 2027 pour obtenir des progrès importants vers cette année marquant le centenaire de l’APL. Cet objectif met l’accent sur l’accélération du développement de la mécanisation, de l’informatisation et de l’intelligentisation des forces armées. Pékin fait également avancer la modernisation des théories militaires, des structures organisationnelles, du personnel et de l’armement. Ces efforts visent à contrer la présence militaire de l’Amérique et de ses alliés dans la région indopacifique et à faire pression sur les dirigeants taïwanais pour qu’ils négocient selon les conditions du régime chinois.
En 2023 et 2024, l’Armée populaire de libération a procédé à une restructuration importante, en mettant en service des systèmes locaux et en améliorant sa préparation aux opérations conjointes dans tous les domaines. Les forces armées chinoises se sont concentrées sur la modernisation de leur équipement et sur la formation aux armes combinées.
La marine de l’APL, la plus grande du monde avec plus de 370 navires et sous-marins, a étendu ses opérations bien au-delà de la « première chaîne d’îles ». De même, l’armée de l’air a poursuivi ses efforts de modernisation en intégrant des systèmes avancés. La force des missiles de l’APL a amélioré ses capacités en matière de missiles nucléaires et conventionnels, y compris des systèmes intercontinentaux. Une nouvelle force de soutien à l’information a été créée pour gérer les réseaux et les communications militaires. L’APL a également donné la priorité à la logistique conjointe et à l’interopérabilité avec les forces de réserve, les forces paramilitaires et les milices.
Dans le cadre de ses efforts pour mener une guerre « informatisée et intelligente », l’armée chinoise a investi massivement dans les opérations d’information, l’intelligence artificielle et les technologies de pointe telles que l’informatique quantique. Parallèlement, l’APL développe rapidement son arsenal nucléaire et prévoit de passer de plus de 600 ogives opérationnelles en 2024 à un millier vers 2030.
Toutefois, des problèmes persistants, tels que l’expérience militaire limitée, le manque de logistique à grandes distances, l’inefficacité opérationnelle et les vulnérabilités stratégiques – notamment la dépendance de l’approvisionnement énergétique étranger et la corruption interne – compromettent l’état de préparation de l’APL. En cas de conflit, les États-Unis et leurs alliés pourraient facilement bloquer le détroit de Malacca, interrompant ainsi les importations énergétiques vitales de la Chine et paralysant son économie par la coupure de ses exportations.
En outre, les problèmes structurels de l’économie chinoise – tels que la crise immobilière, la baisse des investissements étrangers, la chute des exportations et le vieillissement de la population – ne sont toujours pas résolus, ce qui ne fait qu’aggraver les problèmes de préparation du pays à une guerre durable. Cependant, le système de prise de décision centralisé de Xi Jinping et son engagement à réaliser le « grand rajeunissement » pourraient pousser la Chine vers un conflit militaire, même si le pays n’en est pas tout à fait prêt.
La confiance de Xi Jinping dans les capacités de l’APL risque d’entraîner une escalade mal calculée, augmentant ainsi la possibilité du déclenchement d’une guerre. Bien qu’une telle probabilité puisse s’accroître, la préparation finale de la Chine à une guerre de grande envergure reste bien incertaine.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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