Dans le rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement, des sénateurs et des députés font état d’une intensification des ingérences russes et chinoises en France, liée au « nouveau contexte international tendu et décomplexé ». Ils estiment que l’État est encore trop vulnérable face à ces nombreuses intrusions étrangères et formulent également des propositions pour permettre à la France d’être plus efficace en matière de renseignement.
La Russie et la Chine dans le viseur du rapport
Les parlementaires ciblent dans le rapport différentes puissances étrangères. Parmi elles, la Russie et la Chine. Ils s’en prennent aux différents modes opératoires utilisés pour déstabiliser la France, « caractéristiques » de ces puissances étrangères. Concernant les méthodes employées par la Russie, le rapport mentionne l’infiltration comme « signature » russe historique. « La méthode à laquelle recourent les autorités russes consiste à infiltrer des officiers de renseignement sous couverture diplomatique, bénéficiant à ce titre d’une immunité », est-il mentionné. Les auteurs parlent également de la stratégie visant à faire entrer d’anciens leaders européens dans les conseils d’administration de grandes entreprises russes et citent l’ancien Premier ministre François Fillon. Ils constatent que la Russie continue d’utiliser la diffusion de fake news comme outil de déstabilisation. Tous ces moyens de pression de la Russie se sont vus être renforcés depuis février 2022. « Le déclenchement de la guerre en Ukraine est sur le chemin de la stratégie globale de la Russie, un chemin sur lequel on peut trouver tous les outils de déstabilisation des démocraties. Toute la panoplie possible technologique, humaine et financière » analyse le géopolitologue Gérard Vespierre pour Epoch Times. « Il s’agit vraiment d’un continuum méthodique de la stratégie du KGB mais à l’heure du XXIe siècle, donc du FSB », ajoute-t-il.
Sur les ingérences de l’Empire du milieu sur notre territoire, les parlementaires insistent sur le fait qu’elles ont gagné en intensité ces dernières années avec le renforcement de la stratégie politique du « front uni » déployant des réseaux directement sous le contrôle du Parti communiste chinois (diaspora, universités, instituts Confucius…). D’ailleurs, une loi chinoise de 2017 sur le renseignement rend la tâche difficile pour les services français puisqu’elle permet aux citoyens comme aux entreprises chinoises de participer au recueil des informations. « Cette disposition fait de tout ressortissant Chinois un potentiel espion », mettent en garde les députés et sénateurs. « Les Chinois ont mis à leur service plusieurs think tanks français en leur demandant des études, d’organiser des colloques sur les routes de la soie et en leur donnant des sommes d’argent importantes », poursuit Gérard Vespierre.
« Des vulnérabilités persistantes »
Le rapport relate le manque de protection de la France contre ces ingérences, des vulnérabilités persistantes et n’hésite pas à parler de la naïveté comme pour qualifier les attitudes de certains acteurs économiques ou politiques vis-à-vis des intrusions étrangères. Les auteurs estiment aussi que la France accuse un retard technologique en matière de sécurité des systèmes d’information. « Le niveau de sécurité des systèmes d’information, publics comme privés, se révèle encore, à bien des égards, perfectible au vu de l’utilisation fréquente de systèmes obsolètes ou en voie d’obsolescence », constatent-ils. Ils sont ensuite revenus sur une autre grande vulnérabilité de la France, son régime démocratique. Effectivement, une démocratie, surtout dans le domaine de la sécurité et du renseignement, est limitée dans ses actions par le droit. Alors que les régimes autoritaires et totalitaires ne s’interdisent rien. La France a donc la difficulté de devoir concilier la préservation des valeurs démocratiques, avec la nécessité de se protéger des ingérences étrangères.
Les mesures et dispositifs proposés par les députés et sénateurs
Les auteurs ont émis quelques propositions pour que la France soit mieux armée contre les actions de puissances extérieures sur son sol. La plus marquante, celle d’instaurer un « FARA européen » directement inspiré du dispositif en place outre-Atlantique. Foreign Agents Registration Act obligeant les représentants d’intérêts de pays étrangers à faire connaître aux autorités américaines les liens qu’ils entretiennent avec le pays en question. « Les Américains sont en avance dans le domaine de la sécurité étrangère précisément parce qu’ils ont été exposés aux ingérences étrangères », nous assure Gérard Vespierre.
Les parlementaires proposent aussi par exemple de pallier les insuffisances de la loi Sapin 2, uniquement focalisée sur la transparence des activités de lobbying économique et d’adopter un dispositif dédié aux ingérences étrangères ou encore de renforcer l’arsenal juridique et technologique européen.
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