Tanitoluwa Adewumi, ou « Tani », a 8 ans. Une photo montrant le garçon souriant assis à côté d’un trophée impressionnant de la taille de son torse prouve qu’il est aussi un nouveau champion d’échecs couronné.
Malgré cela, Tani vit dans un refuge pour sans-abri à Manhattan avec sa famille dans l’attente d’une demande d’asile en instance : il est un réfugié nigérian.
Tani a commencé à apprendre les échecs au début de l’année 2018. Cela lui est venu tout naturellement et il a déjà sept trophées à côté de son lit au refuge. « Je veux être le plus jeune grand maître », a-t-il confié à Nicholas Kristof du The New York Times. Et, au rythme où il progresse, ce n’est pas impossible.
La famille de Tani est chrétienne et a fui le nord du Nigeria en 2017 lorsque les terroristes de Boko Haram ont menacé les fidèles chrétiens. Lorsqu’ils sont arrivés aux États-Unis, un prêtre à New York a aidé Tani, ses parents et son frère aîné à trouver asile dans un refuge pour sans-abri. Le père de Tani a trouvé deux emplois et sa mère a obtenu le titre d’aide-soignante à domicile. Tani s’est inscrit à l’école primaire locale.
Par hasard, l’école a un professeur d’échecs à temps partiel. Tani a trouvé sa vocation.
Enregistrant la passion naissante de son fils, Oluwatoyin Adewumi, la mère de Tani, a accepté de laisser son fils joindre le club d’échecs, mais a tout d’abord contacté le club directement pour expliquer leur situation financière. Russell Makofsky, le responsable du programme d’échecs, les a dispensés des frais. « Tani est riche à l’infini », a-t-il dit, en se référant non pas à la situation socio-économique de l’enfant de 8 ans, mais plutôt à celle de ses parents qui le soutiennent et l’aiment.
Lors du premier tournoi de Tani, son classement était le plus bas de tous les participants : 105. Douze mois plus tard, sa cote de popularité a atteint le chiffre extraordinaire de 1587. Pour les moins férus d’échecs parmi nous, Kristof offre un contexte : « En comparaison, le meilleur joueur du monde, Magnus Carlsen, est à 2845. »
Jane Hsu, la directrice de l’école, a été touchée et impressionnée par le parcours de Tani. « C’est un exemple inspirant qui montre que les épreuves dans la vie ne définissent pas une personne », a-t-elle commenté, remerciant en particulier les parents de Tani pour leur diligence et leur soutien. La mère de Tani accompagne son fils à une séance d’essais libres de trois heures à Harlem chaque week-end. Son père permet à Tani de perfectionner ses tactiques d’échecs en utilisant son ordinateur portable. Et les deux parents croient dans le dicton « la pratique rend parfait ». Parfois, Tani a même le droit de manquer le service à l’église le dimanche.
Les parents de l’ambitieux garçon ont révélé que ses camarades de classe se sont moqués de leur fils parce qu’il était sans-abri et que parfois il rentrait en pleurs à la maison. Il a eu du mal à faire face à la demande d’asile de la famille qui n’a pas encore été acceptée. Tani a trouvé son foyer, autant géographiquement que figurativement : « Je me sens américain », a-t-il dit.
Les échecs sont à la fois pour Tani une concentration et une distraction importante des événements imprévus de la vie quotidienne.
Shawn Martinez, le professeur d’échecs de Tani, est plein d’admiration pour l’éthique de travail unique de son élève : « Il fait 10 fois plus de puzzles d’échecs que le gamin moyen », a-t-il partagé. M. Makofsky partage l’admiration de M. Martinez. « Un an pour atteindre ce niveau, pour gravir une montagne et être le meilleur des meilleurs, sans ressources familiales… Je n’ai jamais vu ça », s’exclama-t-il.
Depuis que l’histoire de Tani a été rapportée pour la première fois par les médias, un compte GoFundMe a été créé en réponse aux demandes du public pour aider le jeune candidat et sa famille. Le compte a atteint son objectif de l’équivalent de 44 000 euros en seulement deux jours. « Les États-Unis sont un pays de rêve », a partagé le père de Tani, s’adressant au New York Times. « Dieu merci, je vis dans la meilleure ville au monde. »
Les parents du champion d’échecs de 8 ans sont d’accord pour dire que s’ils étaient restés au Nigeria, le talent de Tani n’aurait probablement jamais été concrétisé.
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