Un résident de Pékin a demandé à un haut fonctionnaire chinois de démissionner en raison de la propagande dirigée par l’État qui loue le leadership du gouvernement au milieu de l’épidémie de coronavirus.
Le régime a déployé d’intenses efforts en matière de propagande pour montrer que ses dirigeants ont réussi à contenir l’épidémie.
Un livre sanctionné par l’État et intitulé La bataille d’une grande nation contre l’épidémie a rassemblé plus de 100 000 mots tirés des médias d’État pour dresser le bilan des mesures prises par le régime chinois afin d’endiguer l’épidémie, mesures qui ont permis de dégager une « tendance positive » et de mettre en évidence « les avantages évidents apportés par la direction du Parti communiste chinois ». Initialement prévu pour être publié en cinq langues, le livre a été retiré des rayons le 1er mars, moins d’une semaine après sa sortie, en raison de l’augmentation des réactions négatives.
Xue Fumin, diplômé de la prestigieuse université chinoise de Pékin, a écrit dans une lettre ouverte récemment postée sur les médias sociaux chinois que ce genre de propagande a détourné les citoyens de leur tâche urgente pour lutter contre l’épidémie et a fait du Parti communiste chinois la « risée » du monde entier.
M. Xue a cité comme autre exemple l’article principal publié le 29 février dans le journal officiel du Parti communiste chinois, le People’s Daily. Intitulé « Nos journées sont plus douces que le miel », l’article décrit comment le leader chinois Xi Jinping a « bravé la pluie » il y a trois ans pour rendre visite à une personne de 85 ans dans un village ethnique du nord, ce qui a inspiré une série de politiques locales de relance économique qui ont considérablement amélioré la qualité de vie des villageois.
Il a demandé à Wang Huning, un haut responsable du Parti qui supervise le département de l’Idéologie et de la Propagande, de démissionner, affirmant qu’il était inapte à cette fonction.
« Malgré les perspectives sombres de la lutte contre l’épidémie, M. Wang a fermé les yeux sur les valeurs humaines et la conscience fondamentale », a écrit M. Xue. Le numéro d’identification qu’il a donné montre qu’il était un résident du district de Haidian à Pékin.
« Au lieu de […] s’efforcer d’atténuer l’agonie des gens, de présenter des excuses à tous les ressortissants chinois et de se repentir devant le monde entier pour son incapacité à prendre des mesures de contrôle appropriées au cours de la phase initiale de l’épidémie – un crime qui a conduit à la propagation de l’épidémie et qui a entraîné une catastrophe mondiale – M. Wang a renforcé les soi-disant réalisations au cours de la bataille contre l’épidémie.
« C’est de la bureaucratie et du formalisme typiques », a ajouté M. Xue.
Cacher la crise
Cheng Xiaorong, un commentateur chinois basé aux États-Unis, a déclaré que la promotion du livre de propagande maintenant annulée est le signe que le régime traverse une crise politique interne.
L’épidémie a révélé l’échec de la direction du parti et sa gestion chaotique, a écrit M. Cheng dans une colonne de l’édition en langue chinoise du journal Epoch Times. Selon lui, le manque de responsabilité dont ont fait preuve les responsables chinois au cours de la crise et la censure des reportages sur le terrain dans les zones touchées par le virus en sont la preuve.
M. Cheng a déclaré que la gestion de l’épidémie par les autorités a conduit davantage de personnes à réfléchir à l’importance de la transparence, qui va de pair avec la santé et la sécurité publiques.
« Les mensonges du gouvernement sont mortels pour les vies et l’économie », a écrit M. Cheng.
Epoch Times a obtenu une copie d’un document du 23 février envoyé par la commission sanitaire de la ville de Chaoyang dans la province de Liaoning à son homologue provincial, la commission sanitaire de Liaoning. Le document indique que la ville a, conformément aux instructions des responsables provinciaux de la santé, détruit « les documents et les données » liés à l’épidémie.
Le document stipule également que le personnel du gouvernement municipal doit signer une « lettre d’engagement » pour détruire les « documents et données » reçus précédemment sur leurs ordinateurs portables, clés USB, téléphones intelligents et toute photo ou note. Le personnel ne peut en aucun cas divulguer ces informations à d’autres agences ou individus, ajoute le document.
Un des documents proposés à la suppression est intitulé Informations sur les contacts étroits des patients atteints de coronavirus, selon une capture d’écran de la base de données interne de la commission sanitaire de la ville de Chaoyang fournie au journal Epoch Times. La capture d’écran a également montré qu’au moins 13 municipalités du département de Chaoyang ont signé les exigences de non-divulgation.
M. Cheng s’est demandé si de telles pratiques se limitaient à la seule ville de Chaoyang.
« Combien de vies, de cas et de révélations peuvent se cacher derrière de telles données ? » a demandé M. Cheng.
Mettant en garde contre les « rumeurs » sur le coronavirus, les médias d’État chinois ont mentionné à plusieurs reprises l’article 291 du droit pénal du pays, qui prévoit une peine de prison pouvant aller jusqu’à sept ans à l’encontre de toute personne reconnue coupable d’avoir diffusé en ligne de « fausses informations » sur des catastrophes ou des épidémies.
Le 5 février, les autorités ont démantelé une application de divertissement populaire appelée Pipi Gaoxiao pour avoir partagé des « courtes vidéos nuisibles sur l’épidémie de pneumonie » et propagé des peurs.
Un enseignant de la province de Guizhou, dans le sud de la Chine, a récemment passé 10 jours en détention et a perdu sa licence d’enseignement après avoir exprimé des doutes sur les chiffres officiels du nombre de décès dus au coronavirus sur les médias sociaux.
M. Cheng a déclaré que le régime « se sert de ses propres intérêts pour définir ce qui est ‘sain’ ou ‘nocif' ».
« Les Chinois paient pour les crimes du Parti en mettant en péril leur propre santé », a-t-il ajouté.
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