Une version de La Belle et la Bête « pas adaptée » aux élèves, 800.000 exemplaires commandés puis annulés

Par Epoch Times avec AFP
20 mars 2025 11:54 Mis à jour: 20 mars 2025 22:45

La version de « La Belle et la Bête » dont l’Éducation nationale a commandé puis annulé 800.000 exemplaires, n’est « pas adaptée » aux élèves de dix ans « sans accompagnement pédagogique », a fait valoir jeudi la ministre Élisabeth Borne.

L’auteur de bande dessinée « Jul a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté. Mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre », a commenté la ministre de l’Éducation nationale sur Cnews/Europe 1.

« C’est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers », a expliqué Mme Borne. « Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille », poursuit-elle.

Jul, dessinateur de Silex and the City, avait été choisi pour l’opération annuelle « Un livre pour les vacances », grâce à laquelle 800.000 élèves de CM2 obtiennent un classique de la littérature française revisité. Mais sa version du conte traditionnel La Belle et la Bête n’a pas semblé adaptée au ministère, qui l’a expliqué à l’auteur dans une lettre datée de lundi, signée de la directrice générale de l’enseignement scolaire, Caroline Pascal.

Plutôt fin de collège, voire lycée

« En effet, les deux illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes », précise cette lettre. Quand le père de la Belle boit « quelques coups de vin », Jul le représente ivre, bouteille à la main, en train de chanter Les Lacs du Connerama.

Jul, Julien Berjeaut, de son vrai nom, a déploré mercredi une « décision politique » de « censure », pour des « prétextes fallacieux » selon lui. « La seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui », a-t-il affirmé. « Le “grand remplacement” des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé.

« L’argent n’a pas été dépensé, les livres n’ont pas été tirés. C’est certainement un ouvrage intéressant, mais pas pour ce cadre pédagogique », a conclu Mme Borne, qui a précisé ne « finalement pas avoir préfacé » cet ouvrage.

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