Un ancien ingénieur militaire chinois de haut rang a révélé comment les usines chinoises imitaient les procédés de conception et de production utilisés en occident.
Le complexe militaro-industriel chinois n’est pas aussi redoutable qu’il n’y paraît, et l’Occident pourrait immédiatement interrompre ses approvisionnements si le régime communiste chinois entrait en guerre contre Taïwan, estime Zhao Jie, un professionnel qui a 13 ans d’expérience dans la fabrication de produits militaires.
Zhao Jie, 34 ans, est arrivé aux États-Unis en 2023. Il a étudié la programmation de machines-outils à commande numérique par ordinateur (CNC) au collège des techniciens de locomotives de Luoyang en 2006. Après avoir obtenu son diplôme en 2009, il a travaillé à Luoyang dans le traitement mécanique de produits militaires jusqu’en 2023.
Luoyang – une grande ville de la province centrale du Henan – est un centre industriel connu pour son histoire et son industrie lourde. Après la fondation de la Chine communiste, de nombreux projets militaro-industriels y ont été établis, comme la First Tractor Manufacturing Factory, qui assure la fabrication de chars et de véhicules blindés de l’armée, le CPC North Enterprise Group (affilié au China Ordnance Equipment Group), la China Airborne Missile Academy (Institut 612), le Luoyang Institute of Electro-optical Devices (Institut 613), et bien d’autres.
« Nous avons fabriqué un grand nombre des produits de ces départements, et nous avons surtout travaillé sur les produits de l’armée de l’air », a-t-il ajouté.
L’employeur initial de M. Zhao était la Luoyang Pi Mu Tai Precision Parts Manufacturing Company qui a été réorganisée en 2011 pour devenir la Luoyang Oqi Precision Parts Manufacturing Company lorsqu’il s’est avéré que les entreprises étrangères n’avaient pas le droit de s’engager dans la recherche et la production de produits militaires. M. Zhao a occupé le poste de directeur adjoint de l’entreprise.
Pendant cette période, M. Zhao a participé à la conception et à la production de nombreux produits militaires pour le compte du Parti communiste chinois (PCC), tels que l’hélicoptère armé Z-10, l’avion de chasse J-20 et les missiles air-air de la série P. Il a travaillé sur la chaîne de production pendant cinq ou six ans, avant de passer au département technique, puis au département marketing, où il a eu des contacts avec de nombreux responsables d’instituts de recherche et des représentants militaires.
Imitation soviétique et marché noir
M. Zhao, originaire de Luoyang, a expliqué qu’une grande partie du développement de la technologie militaire du PCC reposait sur l’imitation des technologies soviétiques et ukrainiennes au lendemain de l’effondrement de l’Union soviétique.
« En fait, ce n’est qu’après l’effondrement de l’Union soviétique que l’industrie militaire du PCC a connu un développement majeur », a-t-il révélé.
« Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’économie russe a sombré dans une crise, elle a dû vendre des équipements, comme les avions de chasse Su-27, les sous-marins de la classe Kilo et les équipements ukrainiens, dont les bateaux de débarquement sur coussin d’air de la classe Zubr [également appelés bateaux de débarquement sur coussin d’air de type 728], qui ont tous été vendus à la Chine pour être reproduits. »
L’entreprise dans laquelle il travaillait assumait de nombreuses tâches de reproduction.
« L’une de mes expériences personnelles a porté sur le Su-27, qui a été reproduit par la Chine sous l’appellation J-11, selon un procédé de duplication à l’échelle 1:1 », a-t-il expliqué. « Pour l’hélicoptère armé Z-10, nous avons travaillé sur l’équipement optoélectronique, les viseurs et les pièces mécaniques. »
M. Zhao a expliqué qu’après son arrivée aux États-Unis, il a rencontré de nombreux Chinois qui se vantaient des armes de pointe du PCC.
« Je leur ai dit qu’ils ne savaient pas vraiment », a-t-il poursuivi. « Le système du PCC, avec sa structure politique, fait que la technologie ne peut venir que de l’imitation, et qu’il y a très peu d’innovation. »
« La prospérité de l’industrie militaire que vous voyez est en partie imputable aux importations depuis l’Union soviétique et l’Ukraine, et une grande partie est également issue des achats sur le marché noir de l’armement. »
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Cet ancien professionnel de l’industrie militaire soupçonne que l’équipement qu’il a vu à l’Institut 613 a été acheté au marché noir.
« En effet, lorsque l’Occident a proposé à la Chine d’acheter des machines-outils avancées à cinq axes aux États-Unis, au Japon et à l’Allemagne, il a d’abord fallu déclarer à quoi la machine servirait. Si elle était destinée à la production de biens civils, elle pouvait être vendue à la Chine », a-t-il expliqué.
« Toutefois, si la machine était destinée à la production de biens militaires, les autorités interdisaient sa vente à la Chine. En outre, une fois la machine vendue, le lieu d’installation de la machine était suivi par GPS. »
Néanmoins, à l’Institut 613, M. Zhao a observé que certaines machines-outils à commande numérique étaient utilisées pour produire des pièces militaires.
La production militaire chinoise dépend de l’Occident
M. Zhao, qui a fréquenté l’Institut 613 lorsqu’il travaillait dans la ville de Luoyang, a relevé que les machines les plus précieuses du PCC provenaient de l’étranger.
« Dès que la Chine osera faire la guerre à Taïwan, l’Occident pourra immédiatement interrompre l’approvisionnement de toutes ces machines », a-t-il assuré.
M. Zhao a eu l’occasion de se rendre à l’intérieur de l’Institut, l’Institut de recherche sur les équipements optoélectroniques de Luoyang, où il a pu constater que la production militaire chinoise s’appuyait largement sur la technologie occidentale pour les machines et les outils de précision.
« J’ai vu beaucoup de choses, comme des morceaux d’hélicoptères, des composants d’avions de chasse, et des pièces qui pouvaient provenir de matériel militaire », a-t-il ajouté.
Selon M. Zhao, le responsable de l’Institut a révélé que tous ces équipements avaient été abandonnés par les États-Unis et d’autres pays occidentaux, notamment lorsque l’armée américaine s’est retirée de l’Afghanistan et qu’elle n’a pas été en mesure de ramener à temps de nombreuses armes et matériels.
« De nombreux pays ont laissé derrière eux une grande quantité d’équipements occidentaux, et également des équipements de type soviétique. Le PCC payait le prix fort, en recourant à des compromis politiques et à des transactions financières pour les acquérir auprès de ces régimes, puis les distribuait à divers instituts de recherche nationaux, chargés de fabriquer des répliques à l’échelle 1:1 de ces équipements. »
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M. Zhao a même vu des objets ressemblant à des pales de moteur, tous endommagés, ce qui, selon lui, prouve que le PCC se procure ces équipements dans de nombreux pays du monde, notamment les régions déchirées par la guerre.
Lorsque M. Zhao a visité des entreprises du même secteur, ainsi que des établissements tels que l’Institut 613, il a constaté que la plupart des machines-outils haut de gamme, tout comme les instruments de mesure nécessaires à la production, notamment les machines à mesurer tridimensionnelles (MMT), provenaient de l’Occident.
« Les meilleures MMT peuvent faire des mesures avec une précision de l’ordre du nanomètre. Les outils utilisés dans notre entreprise proviennent eux aussi de l’Occident. La raison pour laquelle notre entreprise est en mesure d’accepter des projets de ces instituts de recherche chinois est que 80 % des équipements que nous utilisons sont importés. »
« Par exemple, les MMT que nous utilisons proviennent d’Allemagne ; les machines-outils à cinq axes de la République tchèque ; nos outils de mesure sont tous suisses ; parmi les outils de coupe que nous utilisons, les marques haut de gamme proviennent d’Allemagne et du Japon, les marques de second rang de Corée et de Taïwan, et les produits de moindre qualité sont des produits nationaux, tels que Xiamen Golden Egret et ZhuZhou Cemented Carbide Cutting Tools. »
« Même si le PCC peut en produire secrètement, une fois que les combats commenceront, le volume de production quotidien sera limité. Or, la guerre est une question d’attrition, de sorte que la vitesse de fabrication doit suivre le rythme de la consommation », a-t-il souligné.
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La corruption a conduit à un crash d’hélicoptère
La corruption au sein de l’armée du PCC compromet également la qualité des produits, a fait valoir M. Zhao.
Il a expliqué comment les allocations budgétaires destinées à la recherche et au développement sont détournées, ce qui conduit à des produits qui ne répondent pas aux normes de l’industrie.
Il a donné l’exemple d’un hélicoptère Z-10 qui s’est écrasé à cause d’un boulon de mauvaise qualité.
« Un boulon pour un hélicoptère Z-10 a été produit par une usine de sous-traitance mandatée par l’Institut 613. Ce boulon nécessitait un processus de trempe pour garantir un haut niveau de dureté. »
« Cependant, cette usine, peut-être pour des raisons de coût, n’a pas utilisé le procédé de trempe. Une fois le boulon produit, sa surface semblait en bon état, et ce n’est qu’à l’aide d’instruments de test que le problème a pu être détecté. Aucune inspection n’a été menée à l’Institut 613, et le boulon a été directement monté sur l’hélicoptère. En conséquence, l’hélicoptère s’est écrasé lors d’un vol d’essai. »
L’incident a ensuite été rapporté, critiqué et partagé dans un groupe de discussion en ligne avec M. Zhao.
La puissance militaire du PCC, un ballon gonflé
M. Zhao a comparé la puissance militaire affichée par le PCC à un « ballon gonflé », impressionnant mais fragile lorsqu’il est piqué par une aiguille.
Il compare souvent le système de l’industrie militaire du PCC à celui de l’Union soviétique, car les deux systèmes sont des dictatures communistes.
« Ils peuvent concentrer des fonds destinés à l’origine à un usage civil sur l’armée. Par imitation ou par une petite dose d’innovation, ils créent quelque chose qui, comme les feux d’artifice, reste éphémère. C’est comme un ballon qui vient tout juste d’être gonflé. »
En revanche, à l’Ouest, le système militaro-industriel est une intégration multi-industrielle impliquant les matériaux, les semi-conducteurs et le traitement mécanique.
« Le secteur militaro-industriel est le meilleur reflet de la force globale d’un pays. »
Membre du Parti chinois de la démocratie, M. Zhao est fermement convaincu que les Chinois favorables à la démocratie sont du bon côté de l’histoire.
« Le PCC n’a pas besoin d’être renversé ; il s’effondrera de lui-même, comme l’a montré le destin de l’Union soviétique »
M. Zhao a également appelé la communauté internationale à adopter des mesures plus strictes pour sanctionner les entreprises privées qui ont des liens avec le régime chinois ou qui coopèrent avec lui.
« En particulier lorsqu’il s’agit de contrôler les importations de matériaux occidentaux, notamment les outils, les machines-outils et d’autres équipements connexes. »
« Si le PCC ne peut pas accéder aux matières premières et aux machines nécessaires à la production militaire, il ne pourra pas continuer. »
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