Dans le temple millénaire de Gounsa, à Uiseong (sud-est de la Corée du sud), un Bouddha géant est délicatement enveloppé d’une couverture pare-feu. Quelques heures plus tard, le temple a été presque entièrement réduit en cendres par des feux de forêt meurtriers. Mais la statue dorée est indemne.
Les incendies ont fait 24 morts
Dans tout le sud-est du pays, les autorités s’efforcent de déplacer des objets historiques inestimables et de protéger les sites classés contre les incendies qui ont fait 24 morts et ravagé des milliers d’hectares de forêt.

Dans le village de Hahoe, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO – un site touristique très prisé, qu’avait visité la reine Elizabeth II d’Angleterre – les pompiers et les responsables du patrimoine aspergent d’eau et de retardateurs de flammes les bâtiments aux toits de chaume.

« Je me suis demandé pourquoi un tel drame pouvait se produire »
« C’est déchirant de voir ces précieux temples, vieux de plus de mille ans, disparaître », a déploré à l’AFP Deung-woon, un moine bouddhiste de 65 ans.

Lorsqu’il a appris que le temple de Gounsa avait brûlé, Joung-ou, un autre moine 68 ans, s’est dit « tellement bouleversé qu’il en a perdu ses repères ». « C’était une douleur indescriptible, et je me suis demandé pourquoi un tel drame pouvait se produire », a-t-il ajouté.

Des reporters de l’AFP qui sont retournés sur le site après l’incendie ont trouvé l’aile nord du bâtiment réduit en décombres calcinés, des tablettes brisées éparpillées au sol. Une lourde cloche, autrefois suspendue à une structure en bois ancienne, repose fissurée sur les débris. Nous ferons tout notre possible pour restaurer la fonction du temple », a promis Joung-ou.

De nombreux sites « intrinsèquement vulnérables aux incendies »
L’un des défis auxquels les autorités doivent faire face est que de nombreux sites du patrimoine de la région, dont le village de Hahoe, sont « intrinsèquement vulnérables aux incendies », a expliqué un expert à l’AFP.
Hahoe, qui remonte au XIVᵉ ou XVᵉ siècle, est décrit par l’UNESCO comme l’un des deux « villages claniques historiques les plus représentatifs de la République de Corée ». La reine Elizabeth II s’y était rendue en 1999 lors d’une visite de quatre jours en Corée du Sud et y avait été acceuillie par un banquet pour son 73ᵉ anniversaire – bien que le chef du village ait refusé de la laisser entrer dans son salon, réservé aux hommes.
L’aménagement et l’emplacement du village – « abrité par des montagnes boisées et face à une rivière et à des champs agricoles ouverts » – reflètent, selon l’UNESCO, « la culture confucéenne aristocratique propre au début de la dynastie Joseon (1392-1910) ».
« Je n’ai jamais vu un incendie d’une telle ampleur »
C’est précisément cet emplacement qui rend le site vulnérable, explique le professeur Lee Sang-hyun, spécialiste du patrimoine à l’université de Gyeongkuk. « L’utilisation prédominante du bois dans ces structures les rend encore plus vulnérables. » « C’est une crise sans précédent. J’ai plus de 60 ans, et je n’ai jamais vu un incendie d’une telle ampleur », confie-t-il.
Alors que les flammes se rapprochaient de Hahoe, d’énormes nuages de cendres flottaient dans l’air. Un épais brouillard et une odeur de brûlé envahissaient l’atmosphère. La zone – qui accueille habituellement plus d’un million de visiteurs par an – était déserte.

Byun Ji-hyun, un spécialiste du patrimoine à l’UNESCO, a indiqué à l’AFP que « si le village de Hahoe était détruit, sa valeur en tant que site du patrimoine mondial pourrait être considérablement compromise ». « C’est pourquoi tout le monde travaille ensemble pour éviter un tel événement. Nous croyons que cela n’arrivera pas. »
À ce jour, au moins quinze objets précieux du patrimoine national important ont été endommagés et deux « trésors nationaux » ont été entièrement détruits, selon un responsable du Service du patrimoine coréen à l’AFP. « Nous avons plusieurs équipes qui continueront à aider au déplacement et à la protection du patrimoine national. »
En plus des nombreux pompiers mobilisés, le Service du patrimoine coréen a déployé 750 personnes pour déplacer et prendre en charge d’urgence les trésors anciens, soit en les relocalisant, soit en tentant de les protéger sur place contre les flammes. Des centaines d’objets ont déjà été mis en sécurité, notamment des livres du temple de Bongjeongsa à Andong.
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