Les gouvernements et organismes internationaux ne peuvent plus fermer les yeux sur l’une des « pires atrocités commises » à l’époque moderne, ont déclaré des experts. La première analyse juridique indépendante au monde des preuves concernant le prélèvement forcé d’organes en Chine a conclu que cette pratique macabre se poursuit sans relâche.
Le 1er mars, un tribunal populaire indépendant, connu sous le nom de « China Tribunal », a rendu son jugement complet après 18 mois d’enquête. Les membres du tribunal ont examiné les preuves, écrites et orales, y compris les témoignages de plus de 50 personnes lors de deux audiences publiques en décembre 2018 et avril 2019.
En juin dernier, le tribunal a rendu son verdict à Londres, concluant hors de tout doute raisonnable que les prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers d’opinion, organisés par le PCC (Parti communiste chinois), avaient eu lieu pendant des années en Chine « à une échelle importante » et qu’il a toujours lieu aujourd’hui.
Selon le tribunal, les principaux organes prélevés proviennent de pratiquants du groupe spirituel persécuté Falun Gong, lorsque ces derniers se trouvent emprisonnés.
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, qui consiste en des exercices de méditation et des enseignements moraux sur les principes d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance, a été soumis à une persécution brutale par le régime communiste chinois pendant plus de deux décennies. Des centaines de milliers de pratiquants ont été jetés dans des prisons, des camps de travail et des centres de lavage de cerveau, où beaucoup ont été torturés dans le but de les forcer à renoncer à leur foi, selon le centre d’information sur le Falun Dafa.
Le tribunal a conclu que la campagne soutenue de prélèvement forcé d’organes menée par le régime chinois constituait un crime contre l’humanité.
« Le verdict met en lumière que de très nombreuses personnes sont mortes d’une façon indescriptible et sans raison, que d’autres souffrent probablement de la même façon et que nous vivons tous sur une planète où l’on peut trouver une extrême méchanceté », a-t-il déclaré dans son rapport final de 160 pages (pdf), qui comprenait 300 pages de documents supplémentaires.
Le panel international était présidé par Sir Geoffrey Nice QC, qui a précédemment dirigé les poursuites de l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic pour crimes de guerre au Tribunal pénal international, et comprenait six autres experts, en droit, en chirurgie de transplantation, en politique internationale, en histoire chinoise et en affaires.
Verdict
Le tribunal a pris en considération une série de preuves pour parvenir à ses conclusions, comme les hôpitaux offrant des délais d’attente extrêmement courts – de quelques jours à quelques semaines – pour les transplantations d’organes, des tests sanguins et autres tests médicaux à grande échelle effectués sur des pratiquants de Falun Gong et des Ouïghours emprisonnés, ainsi que des enquêtes menées antérieurement.
« Une telle disponibilité [d’organes] à court terme ne pourrait se produire que s’il y avait une banque de donneurs vivants potentiels pouvant être sacrifiés sur commande », a déclaré le jugement.
Il a constaté que les tests sanguins et médicaux, y compris les ultrasons, les radiographies et les examens physiques des organes des prisonniers du Falun Gong et des Ouïghours – qui n’ont pas été effectués sur d’autres prisonniers – « suggèrent très fortement qu’il s’agirait de méthodes utilisées pour évaluer la fonction des organes ».
« Le Tribunal doit se demander pourquoi un système de gestion des prisons pourrait tester quelqu’un de [telle] manière […] alors que de tels tests n’étaient pas nécessaires aux fins de ces internements », a-t-il déclaré.
Bien que le Tribunal n’ait pas pu conclure de façon certaine que les Ouïghours emprisonnés étaient victimes de prélèvements forcés d’organes, il a déclaré que la vulnérabilité du groupe à « être utilisé comme une banque d’organes est […] évidente ».
On estime que jusqu’à 1,5 million de Ouïghours et d’autres minorités musulmanes sont détenus dans des camps d’internement dans la région nord-ouest du Xinjiang dans le cadre de la prétendue répression de l’ « extrémisme » par le régime chinois.
Fonctionnaires chinois
Une des preuves présentées dans le rapport implique directement l’ancien chef du régime, Jiang Zemin, qui a directement ordonné le prélèvement d’organes sur les pratiquants du Falun Gong.
« Jiang a donné l’ordre [de prélever des organes] », a déclaré Bai Shuzhong, ancien ministre de la Santé de l’armée chinoise, lorsqu’il a été interrogé par un enquêteur lors d’un appel téléphonique sous couverture en 2014.
Une autre preuve de l’implication directe des fonctionnaires dans le prélèvement forcé d’organes a été révélée lors d’un appel téléphonique sous couverture en 2016 avec Zhu Jiabin, qui était le chef du Bureau 610 à Mudanjiang, une ville de la province de Heilongjiang. Le Bureau 610 est une agence de police secrète semblable à celle de la Gestapo qui a été créée expressément pour mener à bien la persécution des pratiquants du Falun Gong.
« On me nomme le boucher, [je suis] spécialisé dans le prélèvement d’organes vivants. […] Ce n’est rien, tout comme l’abattage de porcs », a déclaré Zhu Jiabin lors de l’appel téléphonique, avant d’ajouter : « Après avoir prélevé les organes, je les vends. »
Tous les appels téléphoniques soumis au China Tribunal, qui sont inclus dans le rapport, ont été « individuellement validés par des enquêteurs indépendants pour garantir la crédibilité de l’origine et du contenu », selon le communiqué de presse du Tribunal.
Le tribunal a également déclaré dans le rapport qu’il est « convaincu que les statistiques officielles chinoises sur les transplantations ont été falsifiées » afin de dissimuler le prélèvement forcé d’organes.
En 2015, le régime chinois a déclaré qu’il cesserait de s’approvisionner en organes auprès de prisonniers exécutés et qu’il s’appuierait exclusivement sur un nouveau système basé sur le don volontaire.
En novembre dernier, une étude publiée dans la revue scientifique BMC Medical Ethics a révélé que « les chiffres de dons d’organes rapportés par Pékin ne collent pas et qu’il existe des preuves très convaincantes qu’ils sont falsifiés ».
L’étude a montré que les chiffres officiels chinois ne semblent pas être de véritables statistiques provenant de dons, mais plutôt des données générées à l’aide d’une équation mathématique.
Le temps où l’on évitait la question est révolu
Avec la publication des conclusions détaillées du tribunal, les défenseurs et les experts ont exhorté les gouvernements et les organisations internationales, telles que l’Organisation mondiale de la santé et la Société de transplantation, à prendre des mesures et à demander des comptes au régime chinois.
Le président du tribunal, M. Nice, a déclaré que le jugement « confirme que toutes les personnes ou organisations qui interagissent de manière substantielle avec la République populaire de Chine doivent reconnaître qu’elles interagissent avec un État criminel ».
Susie Hughes, directrice exécutive du groupe de pression International Coalition to End Transplant Abuse in China, a fait une déclaration similaire : « Il n’est plus acceptable que les gouvernements, les corps médicaux et les principales organisations de défense des droits de l’homme estiment qu’il n’y a pas assez de preuves. L’énorme tâche qui consiste à évaluer toutes les preuves disponibles est maintenant terminée et est à la portée de tous. »
Ethan Gutmann, un analyste chinois qui a enquêté sur le prélèvement d’organes pendant plus d’une décennie, a déclaré que le projet dans lequel s’était engagé le tribunal constitue l’enquête la plus complète jamais menée sur la question.
« Ces gens se sont assis et ont tout lu. Personne d’autre [avant cela] n’aurait pu prétendre avoir fait cela », a déclaré M. Gutmann à Epoch Times.
Il a déclaré que la publication du jugement, à un moment où les pays s’efforcent de contenir la nouvelle épidémie de coronavirus qui a pris naissance en Chine centrale – dont la propagation aurait pu être empêchée si le régime n’en avait pas initialement dissimulé la gravité – a fourni une bonne occasion à la communauté internationale de « faire le point sur les partenaires avec lesquels nous avons travaillé ici ».
« Le Parti communiste chinois n’est en aucun cas un partenaire fiable », a déclaré M. Gutmann. « Ils devraient être écartés du monde médical. Ils ne devraient pas venir à nos conférences, ils ne devraient pas publier dans nos revues médicales.
« Ils devraient être traités dès maintenant comme des parias. »
Plus de 24 études universitaires sur les organes transplantés, rédigées par des chercheurs en Chine, ont été retirées en 2019 après que les médecins n’ont pas pu prouver que les donneurs avaient donné leur consentement.
Torsten Trey, directeur du groupe de défense des droits des médecins contre le prélèvement forcé d’organes, a demandé aux Nations unies d’enquêter sur le prélèvement d’organes en Chine, le tribunal ayant conclu que cette pratique constituait un crime contre l’humanité au regard du droit international.
« Ce n’est pas comme si la Chine détenait un laissez-passer qui lui permettrait de commettre des crimes contre l’humanité ou un génocide sans attirer l’attention du monde entier », a déclaré M. Trey dans un courriel à Epoch Times.
David Kilgour, ancien secrétaire d’État canadien pour l’Asie-Pacifique et chercheur de longue date sur la question, a déclaré à Epoch Times que les pays qui ont des lois Magnitsky – une législation qui sanctionne les auteurs de violations des droits de l’homme – devraient cibler les fonctionnaires chinois impliqués dans le prélèvement d’organes. Leurs biens devraient être saisis et ils devraient se voir refusés les visas d’entrée, a-t-il dit.
« Nous devrions montrer que nous avons du cran sur cette question », a déclaré M. Kilgour.
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