Accompagnée d’une éducatrice appartenant à une association de réinsertion, une adolescente de 16 ans, qui doit prochainement être jugée pour proxénétisme, a entrepris le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
En attente de son procès pour proxénétisme aggravé, cette jeune mineure, originaire des Yvelines, a livré son témoignage auprès du Parisien. Avec du recul et après plus de 1500 km de marche, la jeune femme se demande comment elle a pu « faire ça ».
« Comment j’ai pu faire ça ? »
Eva, dont le prénom a été changé, est issue d’une cité des Yvelines. Sa mère est esthéticienne et son beau-père travaille dans le BTP, son père étant quant à lui absent. Lorsqu’elle a rencontré ses deux victimes, des Ukrainiennes âgées de 15 ans, ces dernières lui ont demandé de l’aide pour « bosser ». En se prostituant, elles espéraient gagner de l’argent et ainsi sortir de la misère.
Quant à Eva, elle a aussitôt eu « des dollars dans les yeux » et c’est ainsi qu’elle s’est lancée dans le proxénétisme. « Je n’avais pas conscience que le corps est précieux », analyse-t-elle aujourd’hui, admettant qu’elle voyait cet argent « comme une façon de sortir de [sa] condition ».
Après un mois de prostitution, les deux jeunes Ukrainiennes ont voulu tout arrêter et les policiers ont interpellé Eva quelques mois plus tard. Après quoi, pour sortir l’adolescente de la spirale descendante dans laquelle elle s’engouffrait, son éducatrice lui a proposé ce pèlerinage.
« J’ai l’impression de renaître »
C’est ainsi qu’Eva a pris son sac à dos et, aux côtés de Clémence – une accompagnatrice de l’association Seuil âgée de 27 ans – a parcouru 1515 km, du Puy-en-Velay (Auvergne), à Saint-Jacques de Compostelle.
« Je l’ai pris comme un voyage », explique Eva, qui a, en cours de route, noué une affection profonde pour Clémence. Cette dernière a vu sa protégée évoluer petit à petit. « Au début, elle était renfermée, puis elle est devenue curieuse. Elle a découvert qu’il y avait d’autres manières de vivre et de penser », confie encore Clémence au quotidien francilien.
« Le silence m’a fait ralentir », indique l’adolescente, qui a dû renoncer à son téléphone et aux réseaux sociaux durant son périple. « J’ai l’impression de renaître », avoue celle qui, en arrivant, se sentait comme « dans un trou noir ». Ce pèlerinage a aussi permis à l’ancienne proxénète de trouver sa voie. Elle compte en effet devenir commerciale. « Maintenant, j’avance ! » conclut-elle.
Mais en attendant, Eva devra passer quatre mois dans un centre d’hébergement pour mineurs délinquants. Elle devra ensuite affronter son jugement et risque d’être incarcérée durant plusieurs années.
« Les demandes explosent »
Ces marches sont quant à elles salvatrices. Elles permettent à ces mineurs de se réinsérer et, d’après Seuil, « 57 % des jeunes se lancent ensuite dans des formations pour décrocher un métier », précise Le Parisien. Ces marches s’adressent aussi bien aux victimes – elles sont dans ce cas financées par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) – qu’aux auteurs de violences, comme c’est le cas d’Eva. Elles sont alors prises en charge par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
« Les demandes explosent : 50 jeunes marchent cette année, contre 25 en 2023, et on a reçu 400 candidatures d’accompagnants en dix mois », indique à nos confrères Yvon Rontard, le directeur de cette association qui existe depuis 2003.
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