La France accueille jeudi, à l’initiative de son président Emmanuel Macron, une « conférence humanitaire » pour tenter de débloquer l’aide vers Gaza, rendue quasi-impossible par les bombardements incessants d’Israël depuis l’attaque sanglante de l’organisation terroriste Hamas du 7 octobre.
Le gouvernement israélien ne sera pas représenté à cette conférence organisée à l’Élysée, mais le chef de l’État français s’est entretenu mardi avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et lui reparlera après, selon la présidence française.
M. Macron a également eu mardi des conversations téléphoniques avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, dont les pays jouent un rôle-clé pour améliorer l’acheminement de l’aide dans la bande de Gaza, où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens. Mais les pays arabes ne seront a priori pas représentés au plus haut niveau. L’Autorité palestinienne sera représentée par son Premier ministre et l’Égypte, qui contrôle à Rafah le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas tenu par Israël, enverra une délégation ministérielle.
La conférence sera en revanche suivie de près par les organisations humanitaires, qui dénoncent sans relâche l’insuffisance des accès et l’impossibilité d’apporter de l’aide tant que se poursuivent les bombardements sur Gaza. Treize ONG ont ainsi appelé mercredi à un « cessez-le-feu immédiat », réclamant de « garantir l’entrée de l’aide à Gaza et le respect du droit international humanitaire ». « Le cauchemar à Gaza est plus qu’une crise humanitaire, c’est une crise de l’humanité », a affirmé pour sa part le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. L’ONU estime les besoins en aide pour la population de Gaza et de Cisjordanie à 1,2 milliard de dollars jusqu’à fin 2023.
Un diagnostic commun et une réponse aux besoins
« Il est très clair pour le président de la République qu’Israël a le droit de se défendre », commente-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron, mais « aujourd’hui, il y a trop de victimes à Gaza ». La conférence vise d’une part à aboutir à un diagnostic commun sur la situation et à « mobiliser tous les partenaires et les bailleurs pour répondre à ces besoins », selon un conseiller d’Emmanuel Macron.
D’après le ministère français des Affaires étrangères, les discussions comporteront un volet sur l’aide en matière d’alimentation, d’équipements médicaux et d’énergie, « une question compliquée car Israël ne veut pas que de l’essence rentre dans la bande de Gaza ». Un second volet est prévu sur les promesses de dons ainsi qu’un « échange sur les accès humanitaires » au territoire, toujours extrêmement compliqués. « La France y contribuera » avec « une augmentation très sensible de ses contributions à la fois financière et en nature », a précisé le conseiller d’Emmanuel Macron.
L’autre objectif, encore vague, est « opérationnel », insiste-t-on à Paris. Le président, qui ouvrira la conférence par un discours, « espère des résultats tangibles » notamment pour « rendre efficaces » les initiatives bloquées par le siège israélien et la poursuite des combats.
Le petit territoire palestinien est sous blocus israélien depuis l’attaque sans précédent lancée le 7 octobre par l’organisation terroriste Hamas, le mouvement islamiste qui le contrôle. L’armée israélienne y mène depuis un mois des frappes incessantes et plus récemment des opérations militaires terrestres. Les appels à des « pauses », « trêve » ou « cessez-le-feu » se sont multipliés ces dernières semaines pour faciliter l’accès de l’aide et la libération des plus de 240 otages capturés par le Hamas sur le sol israélien. Mais le Premier ministre israélien a de nouveau exclu mercredi tout cessez-le-feu sans la libération des otages.
Obtenir les otages
Or, souligne l’entourage du président Macron, « le Hamas ne va probablement pas libérer des otages alors que l’opération se poursuit dans les conditions actuelles. Donc la pause humanitaire, nous semble-t-il, est aussi importante pour obtenir la libération des otages ». Il n’y aura pas de déclaration commune à l’issue de la conférence pour ne « pas tomber » dans un débat interminable « sur un mot ou un autre », indique-t-on de même source.
« Paris insiste sur un caractère strictement pragmatique, opérationnel, humanitaire, ils ne veulent pas que depuis l’Élysée cette conférence se transforme en plateforme de condamnation d’Israël », glisse une source diplomatique européenne.
Les Premiers ministre grec, irlandais et luxembourgeois seront présents, comme les présidents du Conseil et de la Commission européens, Charles Michel et Ursula von der Leyen. La sous-secrétaire d’État américaine pour la Sécurité civile, Uzra Zeya, fera aussi le déplacement.
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