Lorsque les Juifs ont été persécutés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, l’assistante sociale polonaise Irena Sendler savait qu’elle devait aider, même si cela signifiait de mettre sa propre vie en danger.
Au cours de cette période, elle a sauvé plus de 2 500 bébés et enfants juifs avant d’être arrêtée et de dévoiler son secret.
Née en Pologne le 15 février 1910, Irena Sendler, également connue sous le nom d’Irena Krzyżanowska, a grandi avec la valeur d’aider les gens « indépendamment de la religion et de la nationalité ». Cette valeur lui fut enseignée par son père, le Dr Stanisław Krzyżanowski, un médecin qui dirigeait un hôpital dans la banlieue d’Otwock.
« Rappelez-vous : lorsque quelqu’un se noie, tendez-lui la main », se souvenait-elle des paroles de son père.
Ainsi, même si elle était catholique de l’Église romaine, elle s’est engagée à aider les familles juives lorsque les juifs étaient en danger après que les nazis ont créé le ghetto de Varsovie.
Irena Sendler a rejoint Zegota, une organisation clandestine établie par le gouvernement polonais en exil pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le but de sauver les juifs polonais, même si elle savait que cela mettrait sa propre vie en danger.
Entre 1942 et 1943, Irena Sendler a mis en place un petit groupe de travailleurs sociaux pour aider les enfants juifs à s’échapper.
Travaillant comme assistante sociale catholique au Service des affaires sociales de Varsovie à l’époque, Irena Sendler a été autorisée à entrer dans le ghetto juif instauré par les nazis en novembre 1940 dans le but de séparer les juifs dans une zone désignée de la taille équivalant à celle de Central Park à New York.
Elle a ainsi rendu visite à de nombreuses familles juives afin d’aider leurs enfants.
Se remémorant les moments où elle offrait de prendre les enfants, Irena raconte au Telegraph : « Nous avons été témoins de scènes terribles. Les pères étaient d’accord, mais les mères ne l’étaient pas. »
« J’y retournais le lendemain et je découvrais souvent que tout le monde avait été emmené sur la voie ferrée d’Umschlagsplatz pour être transporté vers les camps de la mort. »
Pour sauver les enfants juifs, Irena Sendler leur faisait croire qu’ils étaient malades et les amenait ensuite à l’hôpital.
À mesure que la surveillance à l’extérieur du ghetto augmentait, elle les cachait dans des ambulances, les amenant hors du ghetto dans des cercueils, des valises, des sacs et des malles.
Parfois, elle aidait les enfants à s’échapper par le palais de justice, les égouts, ou d’autres passages souterrains secrets, lesquels fournissaient une route vers le monde extérieur.
Irena Sendler a ainsi sauvé plus de 2 500 enfants, qui ont reçu des documents falsifiés indiquant leurs nouvelles identités chrétiennes et leur attribuant une maison dans les familles polonaises de remplacement, les couvents, les orphelinats, ou les hôpitaux.
Espérant réunir un jour ces enfants avec leurs familles après la guerre, elle a noté leurs noms sur de minces feuilles de papier de soie avant que ses activités secrètes ne soient découvertes.
Dans la nuit du 20 octobre 1943, Mme Sendler a été arrêtée et envoyée à la tristement célèbre prison de Piawiak, où elle a été torturée et interrogée.
Elle a eu les deux bras cassés.
Néanmoins, elle a refusé de céder et a alors été condamnée à mort.
Heureusement, ses alliés ont soudoyé un soldat dans la prison, et elle a été sauvée alors qu’elle était en route pour être exécutée. À partir de là, elle a vécu sous une fausse identité.
Après la guerre, elle a déterré les bocaux contenant les listes d’enfants, lesquels étaient enterrés dans un jardin. Elle a remis ces listes à une organisation de secours pour aider à réunir les familles.
Malheureusement, la plupart des familles des enfants avaient été tuées au camp de la mort de Treblinka.
Interrogée par le journal Sydsvenskan, elle explique : « Ma haine des occupants allemands était plus forte que ma peur. De plus, mon père m’avait appris que si vous voyez un homme se noyer, vous devez essayer de le sauver même si vous ne pouvez pas nager. À l’époque, c’était la Pologne qui se noyait. »
« La raison pour laquelle j’ai secouru des enfants tient dans la manière dont j’ai grandi. J’ai été élevée avec la croyance qu’une personne doit être sauvée lorsqu’elle se noie, peu importe sa religion et sa nationalité », a-t-elle ajouté.
Ceux qui ont été secourus par Irena Sendler ne l’ont pas oubliée. « Maintenant, les enfants et les petits-enfants de ceux que j’ai secourus viennent me voir », a-t-elle dit.
L’un des enfants secourus était Elzbieta Ficowska, qui avait 5 mois quand Irena Sendler l’a sortie clandestinement du ghetto dans une boîte à outils sur un camion.
« Face à l’indifférence d’aujourd’hui, l’exemple d’Irena Sendlerowa est très important. Irena Sendlerowa est comme une troisième mère pour moi et pour beaucoup d’enfants sauvés », a déclaré Mme Ficowska, selon le Guardian.
Du fait de la suppression de certains faits historiques par le régime communiste polonais qui adhérait au sentiment antisémite, peu de Polonais connaissaient l’œuvre de Zegota.
Par conséquent, le récit héroïque d’Irena Sendler est quasiment demeuré inconnu par rapport à l’histoire de l’industriel allemand Oskar Schindler, qui sauva plus de 1 000 Juifs en les employant dans son usine de Cracovie.
L’histoire d’Irena Sendler n’a été révélée au monde qu’après que quatre étudiantes américains du Kansas – Megan Stewart, Liz Cambers, Sabrina Coons et Jessica Shelton – ont écrit une pièce à ce sujet, intitulée Life in a Jar.
Ces étudiantes ont appris la bravoure d’Irena Sendler sur Internet tout en faisant des recherches pour un projet sur la Journée nationale de l’Histoire en septembre 1999. Elles sont ensuite entrées en contact avec Irena Sendler, qui vivait à Varsovie.
« Mon émotion est occultée par le fait que personne du cercle de mes fidèles collaborateurs, qui risquaient constamment leur vie, n’a pu vivre assez longtemps pour jouir de tous les honneurs qui me tombent dessus […] », a ainsi confié Irena Sendler, rapporté sur le site web Life in a Jar.
En 2003, Irena Sendler a reçu le prix Jan Karski pour sa bravoure et son courage.
En 2007, elle a été honorée en tant qu’héroïne nationale par le parlement polonais et nominée pour le prix Nobel pour avoir sauvé 2 500 enfants juifs du ghetto de Varsovie.
Le président Lech Kaczynski l’a saluée comme « une grande héroïne qui peut être nominée à juste titre pour le prix Nobel de la paix », ajoutant qu’ « elle mérite le plus grand respect de toute notre nation ».
Cependant, Mme Sendler ne se considérait pas comme une héroïne. « Le terme ‘héros’ m’irrite beaucoup. Le contraire est vrai. Je continue d’avoir des remords de conscience parce que j’ai fait si peu », a-t-elle déclaré.
Le 12 mai 2008, Irena Sendler est décédée à Varsovie à l’âge de 98 ans.
Elie Wiesel, un survivant d’Auschwitz, auteur et lauréat du prix Nobel de la paix, a écrit un jour :
« En ces temps, les ténèbres étaient partout. Dans le ciel et sur la Terre, toutes les portes de la compassion semblaient fermées. Le tueur a tué et les Juifs sont morts, le monde extérieur a adopté une attitude de complicité ou d’indifférence. Seuls quelques-uns ont eu le courage de s’en soucier. Ces quelques hommes et femmes étaient vulnérables, effrayés, impuissants – qu’est-ce qui les rendait différents de leurs concitoyens ? […] Pourquoi y en avait-il si peu ? »
« Souvenons-nous que ce qui blesse le plus la victime, ce n’est pas la cruauté de l’oppresseur, mais le silence du spectateur. N’oublions pas, après tout, qu’il y a toujours un moment où un choix moral est fait. Nous devons donc connaître ces bonnes personnes qui ont aidé les Juifs pendant l’Holocauste. Nous devons apprendre d’eux et, dans la gratitude et l’espérance, nous devons nous souvenir d’eux. »
Les exploits d’Irena Sendler, d’une bravoure et d’un courage incroyables, resteront gravés dans nos mémoires pendant des générations.
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