La Pologne, qui a accueilli à bras ouverts plus de 2,3 millions d’Ukrainiens fuyant l’invasion russe, n’a rien changé à sa politique de refoulement de migrants et réfugiés venant du Bélarus, dénoncée par nombre d’organisations locales et internationales.
La Pologne et les pays occidentaux ont accusé le régime bélarusse d’avoir orchestré, depuis l’été 2021, l’arrivée à cette frontière de plusieurs milliers de migrants ou réfugiés, majoritairement originaires du Moyen-Orient, en leur promettant une entrée facile dans l’UE, ce que Minsk a toujours démenti.
Une « guerre hybride » déclenchée par Minsk
Considérée comme une forme de « guerre hybride » déclenchée par Minsk avec le soutien de Moscou, cette nouvelle vague d’immigration a ravivé en Pologne le thème de la menace terroriste et du risque sanitaire.
Avec la fermeture, il y a une dizaine de jours, des derniers centres pour migrants installés côté bélarusse, le nombre de traversées de la frontière polonaise s’est à nouveau accru, confirment les garde-frontières et les ONG qui tentent d’aider les arrivants sur place.
Ils ont été environ 500 la semaine dernière à tenter le passage en Pologne.
Maintenant, « on a l’impression que l’ordre est de refouler absolument tout le monde, indépendamment de leur situation ou de leur état de santé. Ces gens ne peuvent compter ni sur des soins médicaux, ni sur une aide quelconque », déclare à l’AFP Monika Matus, du Groupe Frontière, une ONG polonaise présente sur place depuis le début.
Les ONG dénoncent aussi des poursuites judiciaires « sans précédent » contre leurs activistes.
« On formule des accusations criminelles sérieuses, et c’est pour avoir porté aide humanitaire, offert un abri ou conduit des gens depuis la forêt vers le premier endroit sécurisé », dit à l’AFP Jaroslaw Jagura, avocat auprès de la Fondation Helsinki pour les droits de l’Homme.
Des traversées illégales de la frontière
L’accusation d’avoir « organisé des traversées illégales de la frontière, est passible de 8 ans de prison », précise-t-il.
La porte-parole des garde-frontières polonais, Anna Michalska, présente une toute autre vision de la situation.
Selon elle, seuls les migrants en route pour l’Allemagne sont refoulés.
Ces gens « se voient remettre l’ordre de quitter le territoire polonais et sont reconduits à la frontière », a déclaré Mme Michalska à l’AFP.
Toute personne qui en a besoin, assure la porte-parole, peut compter sur une consultation médicale et ceux qui cherchent à rester en Pologne peuvent « toujours » déposer leur demande de protection internationale.
Une zone fermée à la frontière
La Pologne a instauré depuis début septembre à la frontière une zone fermée, y compris aux journalistes et aux organisations humanitaires. Le gouvernement y a envoyé plusieurs milliers de soldats et construit une imposante barrière pour environ 350 millions d’euros.
A cette frontière, « il n’y a plus que ce barrage et les marécages » qui attendent les migrants, souligne Mme Matus.
L’attitude des autorités polonaises face aux migrants – dont certains sont des réfugiés fuyant des conflits armés -, aux organisations humanitaires et aux journalistes à la frontière avec le Bélarus a été dénoncée, mais sans effet visible, par des représentants de l’ONU, de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe.
L’image indéniable d’une Pologne largement ouverte, sensible et compatissante face aux migrants ukrainiens en détresse se fraie un chemin dans le monde, et il est d’autant « plus difficile de comprendre pourquoi, d’une part, aider les gens qui fuient l’Ukraine est souhaitable, récompensé et loué, et d’autre part, aider les gens à la frontière polono-bélarusse est stigmatisé et criminalisé », s’étonne M. Jagura.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.