L’aéroport international de Genève, le deuxième de Suisse, faisait face vendredi à une grève historique du personnel de l’entreprise pour les salaires, qui a conduit à supprimer tous les vols jusqu’en milieu de matinée.
Devant les portes du bâtiment principal de l’aéroport, de nombreux policiers et personnels de sécurité ne laissaient entrer que les passagers ayant un vol en fin de matinée, ainsi que les journalistes.
Alors qu’à l’intérieur de l’aéroport, les passagers découvraient devant le panneau d’affichage si leur vol était annulé, retardé ou maintenu, à l’image d’un couple d’une cinquantaine d’année, Christophe et Laetitia, venus de Savoie, qui ont découvert que leur correspondance était annulée.
Les syndicalistes – une cinquantaine – ont eux planté leurs drapeaux rouges devant la porte principale, pour expliquer leurs revendications, entourés de grilles et d’un cordon de sécurité. « Je ne suis pas une variable d’ajustement économique », pouvait-on lire sur une banderole.
À l’issue de leur rencontre avec la direction de l’aéroport vendredi matin, la délégation syndicale a décidé de reconduire la grève. Le mouvement de grève sera poursuivi pour toute la journée et samedi, c’est ce qu’il est ressorti du vote du personnel qui proteste contre une nouvelle politique salariale.
« J’entends que vous n’êtes pas fatigués, donc on continue ! » a lancé Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical du Syndicat des services publics pour le trafic aérien, sous les applaudissements, à l’issue du vote à main levée, a constaté une journaliste de l’AFP.
« L’ultime solution à laquelle on ne pensait pas arriver »
Plus d’une soixantaine de vols ont été annulés, la direction de l’aéroport ayant décidé d’arrêter temporairement les opérations entre 4h00 et 8h00 GMT. La compagnie aérienne Swiss avait averti que tous les vols de vendredi matin au départ de Genève seraient concernés et Easyjet est elle aussi impactée, Genève étant un hub important pour la compagnie low cost.
« On est dans l’incertitude », a expliqué à l’AFP Luca Toberer, passager de Easyjet, dont le vol pour la Crète doit partir à 11h15, assez mécontent. « En Suisse, on a un regard assez négatif sur les grèves en général ». « En Suisse, faire grève est très rare. On a le droit de faire grève quand on a épuisé tous les recours et prodédés de consultations », a expliqué à l’AFP Claire Pellegrin, 43 ans, présidente de la commission du personnel de l’aéroport. « C’est l’ultime solution à laquelle on ne pensait pas arriver », a-t-elle assuré, expliquant que c’était la première grève à laquelle elle participait.
8000 passagers seraient touchés
La grève qui touche plusieurs services critiques trouve son origine dans la refonte de la politique salariale voulue par la direction.
Selon un tweet de Genève Aéroport « les sept vols long courriers (sont) attendus entre 10h15 et 11h15. » Il s’agit notamment de plusieurs vols venus d’Amérique du nord (New York, Montréal ou encore Newark) mais aussi Abu Dhabi et Doha, selon le site internet de l’aéroport.
Diane Altanov, maîtresse d’école, et Gabriella Faillace, employée de banque, ont découvert en arrivant à l’aéroport que leur vol pour Doha avait été retardé, alors qu’elles doivent ensuite prendre une correspondance pour le Cambodge. « On est embêtées mais on comprend la grève » vu l’inflation, a indiqué la jeune enseignante à l’AFP.
Selon un décompte jeudi 8000 passagers environ étaient touchés au départ de Genève par les quatre heures de grève.
La grève bat son plein depuis ce matin 4h à l’aéroport de Genève.
En cause, une nouvelle politique salariale adoptée définitivement et unilatéralement hier par le Conseil d’administration, qui s’attaque notamment aux droits acquis en matière de progression salariale et de primes pic.twitter.com/9wvo84nUOT— SSP Syndicat suisse des Services Publics (@ssp_syndicat) June 30, 2023
Le conflit social couvait depuis plusieurs jours et, signe du mécontentement, le mouvement est reconductible.
Cette grève est historique : il s’agit de la première concernant le personnel de l’aéroport employé selon un contrat de droit public (et non des collaborateurs externes, eux aussi vitaux pour son fonctionnement), au cours des 104 ans d’histoire de Cointrin, souligne le quotidien Le Temps.
« L’aéroport est une entreprise qui est rentable, qui bénéficie d’un monopole et qui s’en prend aux conditions du personnel », a déclaré Pierre-Yves Maillard, le président de l’Union syndicale suisse (USS), venu soutenir les grévistes. « Vous avez du personnel qui se sent méprisé à un degré tel que même ici à Genève, en Suisse, ils finissent par débrayer », a-t-il relevé.
Sur la période de janvier à mai, l’aéroport a accueilli près de 6,8 millions de passagers, selon les statistiques officielles.
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