La nuit noire tombe sur Ynys Enlli. Planètes et étoiles filantes parsèment le ciel, et les aurores boréales viennent colorer la mer de vert et de rouge. Ce spectacle vaut à cette petite île galloise une consécration internationale.
Ynys Enlli (nom gallois de l’île de Bardsey) est devenue le premier « Dark Sky sanctuary » en Europe, une distinction décernée à seulement 17 endroits dans le monde pour leur très faible pollution lumineuse, qui permet d’observer les étoiles dans des conditions exceptionnelles. L’île rejoint ainsi des atolls du Pacifique sud ou encore l’observatoire Gabriela Mistral au Chili. À trois kilomètres des côtes galloises, la seule lumière humaine provient des faibles lueurs de Dublin, la capitale irlandaise, au loin.
Cette reconnaissance est une source de fierté pour les deux résidents permanents de l’île, qui ont la tête dans les étoiles. Mari Huws, 30 ans, et son compagnon Emyr Owen en sont les gardiens depuis quatre ans. « On est ravis, c’est important pour l’île », explique Mari Huws, qui a défendu la candidature. Sur le continent, les habitants de la péninsule voisine de Llyn, dans le nord du Pays de Galles, à quatre heures de route de Cardiff, savent depuis longtemps à quel point leur ciel est particulier. Ils ont à présent un moyen de le dire au monde entier.
Une destination déjà prisée
Dans la ville de Pwllheli, le magasin d’équipements de plein air fait le plein de télescopes. « Maintenant que le secret n’en est plus un, les gens veulent en savoir davantage », constate Caroline Jones, administratrice du Bardsey Island Trust, qui gère le site. À tel point qu’elle a dû utiliser des réponses standardisées pour faire face à l’afflux de mails d’observateurs d’étoiles. Des astronomes amateurs se sont installés sur le point culminant de l’île pour être aussi proches du ciel que possible.
Alors que la pollution lumineuse atteint des sommets dans les villes du monde entier, les cieux limpides se font de plus en plus rares et recherchés. Mais il y a peu de chances que les touristes submergent Ynys Enlli. La fréquentation est limitée sur l’île, qui fait environ la moitié de Central Park à New York, et les hébergements, dans des cottages, sont déjà pleins pour la saison.
Réduire au maximum la pollution lumineuse
Colin Evans est le batelier de l’île. Il charge son petit ferry pour approvisionner les îliens, enfile ses cuissardes et prend la barre pour une rude traversée. Le bateau traverse les eaux turquoises dans un bruit sourd, passant une anse constellée de déjections d’oiseaux. Enlli accueillera bientôt des macareux et des puffins des anglais, un oiseau aux mœurs nocturnes qui niche sur l’île dont l’obscurité est pour lui un sanctuaire. Le statut conféré à l’île est constamment passé en revue, si bien que les gardiens font tout leur possible pour réduire au maximum la pollution lumineuse. Ils utilisent des capteurs pour éteindre les lumières pendant la journée, et le phare est équipé de LEDs rouges pour limiter les interférences au maximum. Une fois par mois, quand la lune est au plus sombre, Mari Huws se réveille au milieu de la nuit pour mesurer la qualité du ciel nocturne à l’aide d’un appareil spécial.
Le Pays de Galles comprend plusieurs autres réserves du genre. Mais le statut de l’île, plus strict, insiste davantage sur la protection à long terme et il est essentiel de le conserver. L’organisme qui le décerne encourage la population sur la côte à utiliser un éclairage de couleur chaude couvert pour éviter de perturber l’obscurité.
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