Un premier départ en Syrie fin 2013, un second dans l’été 2015 et plusieurs tentatives entre les deux : une jihadiste se présentant comme « repentie » comparaît à partir de lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Le 14 novembre 2021 au petit matin, Douha M. s’extirpe de sa cellule de la maison d’arrêt de Fresnes où elle avait creusé un trou à l’aide d’une cuillère et d’un couteau, descend du deuxième étage grâce à une corde tressée de draps et d’effets personnels, puis escalade un premier mur depuis la cour de promenade. Elle est finalement appréhendée par le personnel sur le chemin de ronde de la prison.
Ce n’est pas pour cette rocambolesque tentative d’évasion que l’accusée de 32 ans se trouvera dans le box lundi. Une procédure judiciaire distincte est en cours et il est certain que cet acte planera sur les débats.
Pour l’accusation, il montre la « détermination » intacte de la jeune femme, quatre ans après son expulsion de Turquie avec son enfant et son incarcération en France. Sa défense l’explique par les refus répétés de la justice de lui accorder une remise en liberté avant son procès.
Douha M. doit répondre pendant trois jours, d’association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle entre 2013 et 2017, pour deux séjours en Syrie et en Irak entrecoupés de tentatives répétées de rallier cette zone.
Un long périple pour son jeune âge
Elle décide d’arrêter ses études de sage-femme et part vivre chez ses grands-parents au Maroc. C’est de là qu’elle entame, alors qu’elle n’a pas encore 23 ans, son premier périple vers la Syrie, à travers l’Espagne, la France et la Turquie.
Dans ce pays, elle rencontre son premier mari, et pose comme condition à leur mariage de rejoindre la Syrie. Le couple séjournera environ deux mois, à partir de novembre 2013, à Atma, ville syrienne proche de la frontière turque.
Pendant l’instruction, Douha M. dit être partie pour des raisons « humanitaires », bien qu’elle reconnaisse aussi avoir voulu intégrer un camp d’entraînement pour femmes.
Le retour en Syrie à tout prix
Ensuite, pendant une année, Douha M. tente à plusieurs reprises de regagner la Syrie, depuis la France, la Mauritanie, le Maroc ou la Macédoine, mais elle est à chaque fois refoulée par les autorités turques.
Elle parviendra finalement à passer en Syrie à l’été 2015, avec son nouveau mari et le fils de ce dernier, âgé de quelques mois, grâce à la carte d’identité dérobée à sa mère et aux bijoux volés à sa belle-mère pour financer le voyage.
Selon les investigations, pendant que son mari combat au sein du groupe terroriste État islamique (EI), Douha M. exerce une activité de sage-femme, en Irak et en Syrie. Elle donne naissance à une fille, en septembre 2016, à Raqqa.
Puis elle quitte l’EI fin 2016 et rejoint une ville sous contrôle de l’Armée syrienne libre (ASL) avant de passer en Turquie en mars 2017, où elle est arrêtée.
Après plusieurs mois en centre de rétention, elle a été expulsée vers la France.
Un danger pour la société ?
« Ces trois jours de procès vont permettre de décrypter les véritables ressorts de son parcours et de démontrer qu’à l’heure actuelle elle ne représente pas de danger pour la société », affirme son avocat, Me Joseph Hazan.
Après Douha M., la cour d’assises spéciale jugera jeudi et vendredi une autre « revenante » de 32 ans, Amandine L., qui a séjourné plus de cinq ans en zone irako-syrienne. Elle avait été dans les camps de Roj et d’Aïn Issa sous le contrôle des forces kurdes. Et avait été expulsée vers la France avec d’autres femmes fin 2019.
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