À quelques jours d’intervalle, plusieurs comptes de médias et de personnalités publiques ont été fermés par la plateforme Instagram. Le compte d’Epoch Times France a également été suspendu sans explications et va faire appel de la décision.
Epoch Times a été fondé en 2000 par des Américains d’origine chinoise qui ont fui la Chine communiste et ont cherché à créer un média indépendant afin de diffuser des informations libres sur la Chine. L’édition s’est développée et s’est répandue dans 35 pays, en 25 langues, avec des rédactions locales. Mais, depuis deux décennies, il est la cible incessante du Parti communiste chinois (PCC), les valeurs défendues par Epoch Times étant à l’opposé de celles du régime : défense de la liberté de la presse et d’expression, journalisme honnête se basant sur les faits, défense des droits de l’homme et des valeurs traditionnelles.
« Il est scandaleux qu’un groupe américain décide de qui a le droit de s’exprimer en France » a réagi Erik Tegner, directeur de la rédaction du média Frontières, suite à la suspension de son média sur Instagram. Plusieurs députés français et européens se sont également indignés de ce qu’ils considèrent comme une censure politique et une atteinte à la liberté d’expression, appelant au rétablissement de ces comptes sur la plateforme.
Une vague de suspension de comptes en France
Depuis quelques jours, des personnalités ou des médias proches de la droite alertent sur une censure qui aurait lieu sur la plateforme américaine Instagram, après la suspension sans préavis de leur compte.
Ont été touchés, entre autres, les médias Occidentis et Frontières, mais aussi des comptes de lanceurs d’alertes comme les pages d’Alice Cordier, présidente du collectif féministe Némésis, le compte parodique « Une bonne droite » ou l’Association de Soutien aux Lanceurs d’Alerte – la liste de tous les comptes touchés n’étant pas encore disponible.
Le compte Instagram d’Epoch Times France, pourtant peu utilisé récemment, a également été la cible d’une suspension sans préavis. Le média Epoch Times est classé parmi les médias les plus neutres selon une enquête de AllSides de 2023, n’est pas impliqué dans la politique et ne soutient aucun parti politique.
Les réactions de parlementaires français et européens
Sur son compte X, la députée européenne Marion Maréchal a dénoncé une « censure politique » et a pu s’entretenir avec le PDG de Meta France, Laurent Solly. Selon le JDD, ce dernier aurait demandé aux équipes d’Instagram de vérifier la situation de ces comptes. L’eurodéputée envisage également de lancer une démarche auprès de la secrétaire d’État en charge du Numérique, Marina Ferrari.
La députée européenne Sarah Knafo a aussi dénoncé ces suspensions: « La censure est une attaque directe contre la démocratie. En tant que députée française au Parlement européen, je demande à Meta France le rétablissement immédiat des comptes bannis sur Instagram » a-t-elle déclaré sur X. L’eurodéputée a interpellé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen : « Instagram a récemment supprimé de manière brutale et sans explication des comptes d’influenceurs français. Ce n’est pas un simple incident, mais une preuve flagrante du pouvoir des géants numériques américains sur notre débat public. C’est une menace directe pour notre souveraineté et notre démocratie ».
En France, le député de la 3e circonscription de la Somme, Matthias Renault, a écrit à Laurent Solly, PDG de Facebook France (Meta France) pour lui demander des explications. « À quelques jours d’intervalle, plusieurs comptes à caractère politique et/ou médiatique, à large audience, ont été brutalement fermés, sans explications, sur la plateforme Instagram » écrit le député. « La concomitance de ces fermetures, et la proximité politique de ces différents comptes, laissent penser qu’il pourrait s’agir d’une décision de pure opportunité politique » continue-t-il. Selon Matthias Renault, ce type de régulation « viole manifestement l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen protégeant ‘la libre communication des pensées et des opinions' ».
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Epoch Times pris pour cible depuis vingt ans par le régime chinois
Epoch Times n’est pas pour la première fois victime de tentative de censure. Au cours des deux dernières décennies, l’édition chinoise d’Epoch Times a fait l’objet de sabotages constants, notamment des vols de journaux, des incendies criminels et des actes de vandalisme contre des présentoirs du journal papier. Les manœuvres de sabotage de l’édition chinoise Epoch Times, l’un des rares journaux en langue chinoise à ne pas être contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC), se sont encore intensifiées au cours de l’année 2024.
En 2000, lors de sa création, au moins 10 membres du personnel d’Epoch Times ont été arrêtés en Chine, et un rédacteur en chef a passé dix ans en prison. Outre le vol et le vandalisme de journaux, des employés d’Epoch Times ont également été victimes de violences de la part de groupes non identifiés, notamment en 2006, lorsque Peter Yuan Li, alors directeur technique, a été attaqué à son domicile d’Atlanta, et en 2021, lorsque la journaliste Sarah Liang a été attaquée à Hong Kong. Toujours à Hong Kong, les presses d’impression d’Epoch Times ont été incendiées en 2019 et saccagées par des intrus armés de marteaux en 2021.
À partir de 2020, les éditions américaine, canadienne et française ont dû faire face à plusieurs articles de diffamation de la part de grands médias, souvent concurrents et proches des vues de Pékin.
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Des cyberattaques massives en juillet 2024
Le 20 juillet 2024, les sites web d’Epoch Times ont été la cible d’une cyberattaque massive et coordonnée, rendant les sites web en langue chinoise et anglaise inaccessibles.
Selon le responsable du département technologique de l’entreprise, il s’agissait d’une attaque par déni de service (DoS) utilisant des dizaines de milliers d’ordinateurs compromis avec des IP situées dans le monde entier pour submerger les serveurs d’Epoch Times.
Les attaques ont commencé quelques jours plus tôt mais ont atteint leur paroxysme le 20 juillet, une date sensible pour le régime au pouvoir en Chine. La date du 20 juillet 1999 marque le début d’une campagne meurtrière menée par l’ancien chef du Parti communiste chinois (PCC) Jiang Zemin pour éradiquer une pratique spirituelle très populaire en Chine, le Falun Gong. Des pratiquants aux États-Unis ont créé le journal Epoch Times en 2000 pour avertir le monde des atrocités commises par le PCC en matière de droits de l’homme.
Chaque année, le 20 juillet, Epoch Times publie des informations et des mises à jour sur la persécution du Falun Gong par le PCC. Lorsque la persécution a commencé, les pratiquants de cette discipline spirituelle – dont le nombre de 100 millions de pratiquants représentait 1 Chinois sur 13 – ont été considérés comme des ennemis de l’État, du jour au lendemain. Depuis, un nombre très important de pratiquants – on parle de plusieurs centaines de milliers de personnes au début de la persécution, mais les chiffres exacts ne sont pas connus – ont été illégalement arrêtés, détenus, ont subi un lavage de cerveau, ont été torturés ou tués en raison de leurs croyances. Nombre d’entre eux ont été victimes des crimes de prélèvements à vif forcés d’organes perpétrés par le PCC, qui ont d’abord été signalés comme ayant eu lieu dans des hôpitaux publics du parti-État.
Epoch Times plus partial que le New York Times, Associated Press et la BBC
Une enquête menée en 2023 par la très respectée organisation AllSides, qui surveille la partialité des médias, a révélé que les personnes interrogées – 2000 répondants venant de tout l’éventail politique – ont classé le contenu d’Epoch Times comme étant le plus neutre parmi les médias examinés.
AllSides a donné aux personnes interrogées une sélection de titres de première page et de textes d’articles sans révéler de quelle organisation médiatique ils provenaient. Epoch Times a été jugé plus neutre (selon 64,26 % des personnes interrogées) que The Associated Press (53,08 %), la BBC (33,29 %), Bloomberg (14,69 %) et The New York Times (16,20 %).
Pour un aperçu complet de l’étude AllSides et des graphiques, cliquez ici.
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