Vainqueur d’un Vendée Globe exceptionnel aux multiples rebondissements, Yannick Bestaven (Maître Coq IV), de passage à l’AFP à Paris, revient sur cette édition si particulière, « un peu » à son « image ». « C’est l’histoire d’une vie », la sienne, raconte-t-il avant d’évoquer la suite.
Q: Avez-vous conscience d’être le vainqueur d’une édition à part ?
R: « J’ai conscience d’être le vainqueur d’un Vendée Globe certainement historique, pour deux raisons: la première, c’est que la crise sanitaire a fait qu’on a certainement apporté un grand bol d’air à toute la population confinée ou enfermée, on les a emmenés sur nos bateaux, on les a fait rêver, voyager, ça fait déjà un Vendée historique. Et la deuxième, c’est le niveau de la régate planétaire qu’il n’y avait jamais eu, que ce soit aussi serré, avec autant de rebondissements, que les premiers se fassent rattraper, que le leadership change, la bagarre qu’il y a eu dans les mers du sud, l’arrivée avec cinq bateaux et la veille de l’arrivée qu’on ne sache pas qui va gagner. Quand j’entends des marins comme Jean Le Cam dire que c’était leur plus dur Vendée Globe, je suis hyper fier d’avoir remporté cette édition-là ».
Q: Tous ceux qui vous ont précédé au palmarès incarnaient quelque chose à leur manière. Qu’en est-il de vous ?
R: « Cette édition est un peu à mon image, quand on parle de résilience, de la façon de rebondir, j’ai eu quand même des victoires, des échecs, que ce soit au niveau professionnel, sportif mais aussi au niveau de mon entreprise (qui construit des hydro générateurs, NDLR, quand j’ai eu un incendie et qu’il a fallu tout recréer, tout remonter. C’est l’histoire d’une vie. Je gagne à 48 ans, je ne suis pas le plus jeune vainqueur, plutôt le plus âgé, certainement le plus expérimenté, le plus mature. Cette expérience de vie que j’ai pu avoir m’a appris que lorsqu’on avait un rêve, il ne fallait jamais rien lâcher, qu’après la tempête il y avait toujours le soleil. C’est un peu à l’image de la course, puisqu’il y a eu beaucoup de rebondissements dans cette course-là. Encore sur les derniers jours quand je n’ai plus aucune chance de gagner, je reviens aux avant-postes, et plus que le podium, j’arrache la victoire. »
Quelle émotion lors de la victoire de @YannickBestaven pendant sa remontée du chenal des Sables d’Olonne ?!? pic.twitter.com/DmlxGuzK9G
— Vendée Globe (@VendeeGlobe) January 28, 2021
Q: Le Vendée Globe, était-ce le rêve de votre vie ?
R: « Non, un rêve parmi d’autres. J’ai plein d’autres rêves que je n’ai pas encore accomplis, et tant mieux. Au niveau sportif et professionnel, ça faisait partie de mes grands rêves: le Vendée Globe c’est le Graal, c’est notre Everest à nous, arriver à gagner cette course, c’était un rêve. Le Vendée Globe c’est déjà derrière, c’est bien de surfer sur cette vague-là de la victoire, mais il ne faut pas rester que là-dessus sinon je vais peut-être tourner en rond. Il va falloir se focaliser sur l’avenir ».
Q: Quel est-il, cet avenir ?
R: « Vacances, en famille avec mes filles, revenir dans un lieu qui m’est cher, le bassin d’Arcachon, me ressourcer, faire le bilan avec moi-même pour justement imaginer la suite de tout ça, sortir le bateau de l’eau, le remettre en chantier pour attaquer la nouvelle saison et repartir très vite en mer. On a prévu d’amener tout l’équipe à La Clusaz (Haute-Savoie) pour débriefer ces trois années, et, autour d’un verre de Genépi, réfléchir à la suite. On va surtout se mettre autour de la table pour réfléchir à la suite du programme, avec quel bateau, quelle course ».
Q: Etre vainqueur du Vendée Globe va-t-il changer la donne?
R: « Ca va m’ouvrir certainement des portes, ça va peut-être m’aider à faire aboutir des projets plus collectifs que j’ai depuis plusieurs années, notamment d’arriver à motiver la région Aquitaine à monter des vrais centres d’entraînement, des structures d’accueil pour les futurs marins… le potentiel est énorme en Aquitaine. J’espère que tout ça va créer une émulation pour la course au large. J’ai besoin d’avoir à côté de moi d’autres bateaux installés en Aquitaine pour faire monter le niveau et faire aussi venir toutes les entreprises qui travaillent dans notre sport et le nautisme, je milite pour ça depuis longtemps ».
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