Un collectif d’une quinzaine d’associations et organisations représentatives de soignants ont appelé mercredi à l’adoption rapide d’une proposition de loi durcissant les sanctions contre les agresseurs de soignants, pour faire face à la violence croissante qu’ils constatent dans leurs cabinets.
« Nous demandons que le Parlement adopte très rapidement la proposition de loi Pradal » aggravant les sanctions pour les agressions de soignants, adoptée par l’Assemblée nationale en mars dernier et en attente d’examen au Sénat, a expliqué lors d’une conférence de presse à Paris le docteur Said Ouichou, l’un des organisateurs du collectif.
« Nous voulons un outil juridique qui permette que la main du juge ne tremble plus » quand il doit sanctionner « un agresseur de médecin, d’infirmière, de kiné ou de pharmacien », a estimé M. Ouichou, lui-même médecin généraliste dans les quartiers nord de Marseille.
Le fait que la victime d’une agression est un soignant « doit être une circonstance aggravante », comme c’est le cas pour les élus ou les policiers par exemple, a-t-il dit.
Des agressions en augmentation
Le docteur Ouichou a rappelé que selon les chiffres de l’Ordre des médecins, les agressions contre ces professionnels ont augmenté de 27% en 2023, avec 1.581 faits recensés. « Et encore les chiffres sont sous-évalués » car beaucoup de médecins ne signalent pas ou ne portent pas plainte après une agression, a-t-il dit.
Le collectif appelait mercredi à des fermetures de cabinet ou des manifestations pour marquer la « journée européenne contre la violence faite aux soignants ». Il est composé notamment de deux syndicats représentatifs des médecins libéraux (UFML-S et FMF), l’association Médecins pour demain, SOS médecins France, le syndicat de kinésithérapeutes Alizé ou encore le premier syndicat des pharmaciens, la Fédération des syndicats des pharmaciens de France (FSPF).
Le docteur Ouichou et des membres du collectif devaient être reçus mercredi en fin de matinée au ministère de la Santé. Le collectif demande également l’application rapide du plan de lutte contre les violences faites aux soignants, lancé en 2023 par le gouvernement.
Dégradation de l’offre de soins et comportements plus décomplexés face à la violence
Interrogé sur les causes de cette montée des violences dans les cabinets, les membres du collectif ont évoqué les tensions provoquées par la dégradation de l’offre de soins, et des comportements plus décomplexés face à la violence.
« Dans la moitié des cas, les agressions sont liées à un retard ou a un refus de prise en charge du patient », a expliqué le docteur Ouichou.
« On ne peut pas agresser un soignant »
« Il faut une grande campagne de communication pour expliquer aux patients » que « on ne peut pas agresser un soignant », a indiqué le docteur Sophie Bauer, présidente du syndicat de médecin SML.
« Quand on agresse un soignant, on le met en difficulté, il ne peut plus exercer sa profession et ce sont des centaines voire des milliers de patients qui ne pourront plus être pris en charge » a-t-elle estimé.
Jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende

La proposition de loi de l’ancien député Horizons Philippe Pradal prévoit l’aggravation des sanctions encourues en cas de violences contre les soignants, qui pourraient atteindre dans certains cas jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
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