Une guerre des bandes et des provocations à l’issue tragique : un juge d’instruction a renvoyé mardi en procès criminel 13 adolescents ou jeunes hommes pour la violente agression du jeune Yuriy début 2021 à Paris.
Dans son ordonnance datée de mardi, dont l’AFP a eu connaissance, le juge d’instruction suit très largement les réquisitions du parquet de Paris et prononce le renvoi en procès de ces 13 garçons âgés de 14 à 18 ans au moment des faits, dont six pour « tentative de meurtre ».
Deux audiences devraient se tenir, une devant la cour d’assises des mineurs pour les neuf mis en cause les plus âgés, une autre devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle pour les quatre plus jeunes. Ces audiences se tiendront possiblement à huis clos, vu l’âge de ces garçons au moment des faits.
Né en Ukraine en 2006, le collégien qui s’apprêtait à fêter ses 15 ans avait été conduit à l’hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups dans la soirée du 15 janvier 2021, alors qu’il se trouvait avec des amis sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d’un centre commercial du 15e arrondissement de la capitale.
Muni d’un tournevis dans sa poche, par précaution expliquera-t-il, il avait été conduit à l’hôpital dans un état grave. Son pronostic vital avait été engagé pendant dix jours, car les agresseurs se sont acharnés sur lui pendant plusieurs minutes. Devant le juge, certains mis en cause ont concédé qu’aucun d’entre eux n’était intervenu pour que les violences cessent. Selon l’un d’entre eux, c’est le cri d’un voisin qui les a stoppés.
« Un contexte de rivalité entre jeunes individus »
Après un an et demi d’enquête, le juge d’instruction estime que « les faits s’inscrivent dans un contexte de rivalité entre jeunes individus, résidents du 15e arrondissement de Paris, formant la bande RD4 d’une part, et celle du plateau de Vanves d’autre part ».
« Il est établi que l’agression de Yuriy (…) était un acte de vengeance en réponse à l’agression subie » cinq jours plus tôt par le demi-frère et cousin de deux des mis en cause, d’après le magistrat. Si Yuriy était alors présent, il n’est pas mis en examen dans l’information judiciaire distincte sur ces faits, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
L’agression avait été diffusée en direct et des « snaps » triomphants avaient ensuite circulé avec l’un des mis en cause souriants, un téléphone (celui de Yuriy, dérobé) ensanglanté ou des légendes telles que « Je lèche son sang » ou « Le taf est fini ».
L’intention de tuer des mis en cause retenue par le juge
L’enquête s’est d’abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l’agression.
Les enquêteurs sont parvenus ensuite, grâce à la vidéosurveillance et des investigations téléphoniques et sur les réseaux sociaux, à identifier d’autres protagonistes parmi lesquels Julien (prénom modifié), 18 ans alors, actuellement en détention provisoire comme un autre protagoniste.
Soupçonné d’avoir frappé Yuriy de plusieurs coups de marteau dans le visage, il a reconnu devant le juge avoir été violent, avoir agi sans but, sans réfléchir, sous l’effet de « l’adrénaline », mais nié toute intention d’homicide. Un 14e jeune homme a fait l’objet d’un non-lieu, faute de charges suffisantes.
Certains des treize garçons mis en cause et présumés innocents ont fini par reconnaître et regretter leurs coups. Pour le juge, l’enquête a établi l’intention de tuer des mis en cause, au vu de leur acharnement et de leur ciblage des zones « vitales » du corps de Yuriy. Il n’a en revanche pas retenu la préméditation, faute de preuves. Ni l’avocat de Yuriy, ni l’avocat de Julien n’ont fait de commentaire dans l’immédiat.
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