La Chine a intensifié ses efforts pour contenir la propagation d’un nouveau virus tueur avec le confinement de plus de 40 millions de personnes, tandis que nombre de festivités pour le Nouvel An lunaire samedi ont été annulées et que des sites populaires ont été fermés aux visiteurs.
Le bilan officiel de la maladie causée par ce coronavirus apparu en décembre sur un marché de Wuhan, une ville du centre de la Chine, s’est encore aggravé vendredi, avec 26 morts sur un total de 830 personnes contaminées dont 177 jugés graves. 34 patients « guéris » ont quitté l’hôpital et un millier de cas suspects sont en cours d’examen.
Facteur aggravant, deux décès ont pour la première fois été signalés loin du berceau de l’épidémie : un dans le Hebei, la région qui entoure Pékin, et un au Heilongjiang, une province frontalière de la Russie.
A l’étranger, un second cas de virus a été confirmé aux Etats-Unis, deux cas ont été détectés et hospitalisés vendredi en France, les premiers en Europe.
« Cette année, notre Nouvel An fait très peur », a commenté un chauffeur de taxi de Wuhan, une ville de 11 millions d’habitants placée de facto en quarantaine depuis jeudi. « On n’ose plus sortir à cause du virus ».
A Pékin, des employés du métro en tenue de protection prennent la température des voyageurs à l’entrée d’une station.
Le long congé du Nouvel An chinois, avec ses centaines de millions de déplacements susceptibles de favoriser la contagion, a commencé vendredi, à la veille du début de l’Année du Rat.
La fermeture de sections de la célèbre Grande Muraille
Symbole de l’inquiétude qui s’est emparée de toute la Chine, les autorités ont annoncé la fermeture de sections de la célèbre Grande Muraille et de monuments emblématiques comme les tombeaux des Ming et la forêt des pagodes. Le célèbre stade national de Pékin, dit « nid d’oiseau », construit pour les jeux Olympiques de Pékin en 2008, gardera portes closes jusqu’au 30 janvier.
A Pékin, il n’est plus possible depuis jeudi d’accéder à la Cité interdite, l’ancien palais des empereurs, et les festivités du Nouvel An qui drainent habituellement des centaines de milliers de badauds dans les parcs ont été annulées.
A Shanghai, Disneyland a annoncé qu’il fermait ses portes. De Montréal, le Cirque du Soleil a déclaré qu’il suspendait un spectacle en Chine à la demande des autorités.
Face à la crise, le régime communiste a pris jeudi la décision inédite d’interdire le départ de Wuhan de tous les trains et les avions et d’y bloquer les autoroutes.
Autocars et bateaux sur le Yangtsé, qui arrose cette métropole, ont reçu l’ordre de s’arrêter dans les deux sens.
Les rues de Wuhan sont désertes
Pour la deuxième journée consécutive, les rues de Wuhan étaient désertes, les commerces fermés et la circulation réduite au minimum. Le port du masque est obligatoire sous peine d’amende.
La population ne devrait toutefois pas avoir à connaître de pénuries de produits alimentaires, beaucoup ayant de longue date fait des stocks en prévision du Nouvel An.
Mais dans des hôpitaux visités par l’AFP, des patients attendent frénétiquement qu’une infirmière en combinaison de protection prenne leur température.
« J’ai de la fièvre et je tousse, j’ai peur d’être contaminé », déclare un homme de 35 ans.
Les hôpitaux débordés
Les hôpitaux étant débordés, la construction d’un site devant accueillir un millier de lits a commencé vendredi. Il doit être achevé… dans 10 jours, le 3 février selon les médias publics.
La télévision d’Etat CCTV a pour sa part annoncé l’envoi de 40 médecins militaires à Wuhan.
Au total, selon un calcul de l’AFP, 13 localités de la région sont coupées du monde, rassemblant 41 millions de personnes, soit davantage que la population de la Pologne ou du Canada.
Les mesures qui y ont été prises vont de limitations imposées aux grands rassemblements à la fermeture des lieux publics et à l’arrêt des transports urbains.
« Trop tôt » pour parler d’« urgence de santé publique de portée internationale »
Au terme d’une réunion de deux jours à son siège de Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé jeudi qu’il était « trop tôt » pour parler d’« urgence de santé publique de portée internationale ».
L’OMS n’a jusqu’ici utilisé ces termes que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018.
L’institution assure qu’il n’y a pour l’instant aucune preuve de transmission entre humains en dehors de la Chine et qu’elle semble y être « limitée à des groupes familiaux et à des travailleurs de la santé ».
L’OMS ne recommande pas de restrictions de voyages mais d’établir des dépistages dans les aéroports. L’organisation demande aussi à « tous les pays » de mettre en place des mesures pour détecter les cas de coronavirus, contre lequel il n’existe pas actuellement de traitement ou de vaccin.
A Davos, en Suisse, où se déroule le Forum économique mondial, la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a annoncé jeudi que les essais cliniques concernant un premier vaccin pourraient avoir lieu « dès l’été ».
Des cas de contamination ont été annoncés en Asie (Hong Kong, Macao, Taïwan, Corée du Sud, Japon, Thaïlande, Singapour, Vietnam) mais aussi aux Etats-Unis.
L’épidémie fait redouter une répétition du Sras, un virus similaire qui a provoqué la mort de quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong entre 2002 et 2003.
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