Une page se tourne pour François Gabart. Le navigateur charentais a annoncé mercredi « mettre en pause » sa carrière de navigateur en solitaire pour se consacrer à d’autres projets, dont l’accompagnement du jeune Tom Laperche qui prend la barre du SVR-Lazartigue.
« C’est un choix qui est longuement réfléchi. J’ai envie de naviguer en équipage. J’ai envie de transmettre et de passer le relais à un marin, en l’occurrence c’est Tom », a expliqué Gabart, lors d’une conférence de presse à la Maison de la Bretagne à Paris.
« On a fait la Jacques Vabre en 2021 (2e en Ultim, NDLR) et on a découvert le bateau ensemble. C’est une logique assez naturelle. L’exercice du solitaire a été mon coeur de métier ces quinze dernières années, mais il se trouve que je prends aussi beaucoup de plaisir de manière différente », a ajouté le navigateur.
Visage de la course au large pendant de longue années, le « Petit Prince des océans » a notamment remporté le prestigieux Vendée Globe en 2013, a terminé à deux reprises 2e de la Route du Rhum en Ultim (2018, 2022) et détient le record du tour du monde depuis 2017 (42 jours 16 heures et 40 minutes).
Agé désormais de 40 ans, il a progressivement mis en retrait sa carrière de marin pour mieux assumer un rôle d’entrepreneur aux multiples facettes. A la tête de l’écurie MerConcept fondée en 2006, basée à Concarneau et employant plus de 50 personnes, il a conçu le SVR-Lazartigue et a investi ces dernières années dans plusieurs entreprises innovantes.
« Je suis convaincu que je pourrais encore prendre beaucoup de plaisir à naviguer en solitaire, mais à court et moyen terme, je serai davantage dans l’accompagnement », a dit Gabart.
Cette annonce est intervenue deux semaines après la réintégration de son navire au sein de la classe Ultim, maxi-trimarans de 32 mètres de long pour 23 mètres de large.
La décision marquait la fin d’une affaire bousculant le monde de la voile depuis près de deux ans et ayant mené la classe Ultim et le groupe Kresk, propriétaire du SVR-Lazartigue, devant les tribunaux.
Les deux parties étaient en conflit autour de la conformité du multicoque. Le voilier de Gabart avait pu prendre le départ de la dernière Route du Rhum en bénéficiant d’une dérogation de la justice, mais, sans certificat de jauge, ne pouvait s’aligner sur les prochaines courses prévues entre les Ultim.
« L’équipe a travaillé sur une évolution du cockpit avec l’objectif de permettre de voir l’horizon quand il est à son poste de manoeuvre », a déclaré Cécile Andrieu, responsable de l’équipe SVR-Lazartigue.
Le trimaran sera remis à l’eau en mai dans sa nouvelle configuration, « une fois les travaux terminés et validés par le jaugeur », a-t-elle ajouté. Elle a assuré que « la décision de François a été prise il y a longtemps, bien avant » ce feuilleton judiciaire.
François Gabart avait déjà pris du recul une première fois sur la navigation en solo. Après son tour du monde en 2017, il avait déjà publiquement fait part à plusieurs reprises d’une fatigue extrême vis à vis de cette pratique éprouvante.
Pour lui succéder, il a choisi le Trinitain Tom Laperche, 25 ans, vainqueur de la Solitaire du Figaro 2022 et star montante de la course au large. Stagiaire ingénieur chez MerConcept au moment de la conception du SVR-Lazartigue, il a récemment participé à The Ocean Race, course autour du monde en équipage, et passé son premier Cap Horn à cette occasion.
« C’est une chance incroyable. Le challenge est important et il n’y a rien d’évident mais j’ai énormément envie de faire ça. J’ai toujours rêvé de participer à des courses autour du monde sur ces grands bateaux », a réagi Tom Laperche.
Les deux hommes prendront le départ ensemble de la prochaine Transat Jacques Vabre, au départ du Havre en octobre 2023. Tom Laperche sera ensuite le skipper du SVR-Lazartigue pour l’Arkea Ultim Challenge, première course autour du monde entre les multicoques géants.
Et le SVR-Lazartigue ambitionne ensuite de s’emparer du Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage, détenu actuellement par Francis Joyon. Pour cette tentative, Gabart sera bien à bord, a-t-il assuré.
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