Le directeur général du groupe Stellantis, Carlos Tavares, a expliqué lors d’une interview sur BFM Business que l’Union européenne avait pris des décisions « dogmatiques » sur la question des véhicules électriques.
Après la déclaration d’Emmanuel Macron, ce dimanche 16 octobre dans les colonnes des Échos, indiquant vouloir assumer « cet objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035 », Carlos Tavares, qui possède notamment Peugeot, Citroën, Fiat et Chrysler, a réagi dès le lendemain sur BFM Business.
Les questions énergétiques et du réseau de recharges peu prises en compte
Dans La grande interview, présentée par Hedwige Chevrillon, cette dernière a indiqué que le prix d’une voiture électrique est, pour les Français, beaucoup trop cher, donc le risque est que ces derniers achètent des voitures chinoises. Face à ce constat, Carlos Tavares lui a signifié que cela était « prévisible ». « Ça fait cinq ans que nous expliquons exactement ce que nous sommes en train de voir aujourd’hui », a-t-il poursuivi, qualifiant les décisions prises par l’Union européenne (UE) de « dogmatiques », et manquant « de pragmatisme ». Il a ajouté : « Nous pensons qu’elles sont naïves et que l’approche stratégique n’a pas été à 360 degrés. »
« On ne s’est pas suffisamment préoccupé de la question énergétique, on ne s’est pas suffisamment préoccupé de la question du réseau de recharges des véhicules électriques, mais on a pris immédiatement les constructeurs automobiles en otage parce que c’était facile », a précisé le directeur général de Stellantis.
« Nous voyons que les décisions dogmatiques l’UE ont déroulé un tapis rouge devant les constructeurs chinois, donc maintenant la situation en est là, il faut juste la gérer et la gérer avec l’esprit de compétition qui nous caractérise », a-t-il encore estimé.
L’accès à la liberté de mouvement compromis pour les classes moyennes
Quant à la question du prix du véhicule électrique, elle reste posée. « Ceci nécessitera de notre part énormément d’efforts en matière de productivité », a-t-il prévenu, suggérant en outre que « ça nécessitera également de la part du citoyen français quelque part une dépense pour soutenir la vente de véhicules électriques, pour que les classes moyennes puissent continuer à accéder à la liberté de mouvement ».
Expliquant qu’il suit strictement un cadre réglementaire, dans lequel il apporte des solutions rapides et les plus compétitives possibles, Carlos Tavares a rappelé que ce cadre réglementaire est décidé par les représentants du peuple. Les décisions sont prises au parlement français et européen, et si les Français veulent protéger leur liberté de mouvement, « il faut qu’ils exercent leur pouvoir de citoyens au moment de leur vote », et ainsi « pousser les différents candidats à s’exprimer clairement sur leurs positions vis-à-vis de la liberté de mouvement individuelle et familiale, c’est fondamental », a-t-il indiqué.
Un « choc économique », un « choc social » et une « fausse promesse environnementale »
Le 29 juin dernier sur BFM Business, l’éditorialiste économique de BFMTV Nicolas Doze avait également rappelé les propos que Carlos Tavares avait exprimés dans Les Échos en janvier 2022. Il avait notamment mentionné que le choix des voitures électriques est politique et non pas industriel, considérant qu’il y a moins cher et plus rapide, à savoir le véhicule hybride. Selon Carlos Tavares, cette transition électrique est tout d’abord un « choc économique » sans précédent, car pour amortir les coûts supplémentaires, il faudrait faire 10% de gain de productivité par année pendant 5 ans, alors que dans les meilleures années, l’automobile fait 2 à 3% de gain de productivité.
De plus, le choix des véhicules électriques est aussi un « choc social », car si les classes moyennes ne peuvent pas acheter ce type de véhicule, les États vont alors creuser les déficits pour continuer à les subventionner, ce qui va exclure une partie de la population de la mobilité. Et enfin, l’électrique est une « fausse promesse environnementale » puisque si l’on regarde l’ensemble de vie du véhicule électrique – depuis l’extraction des matières premières pour la batterie jusqu’à la logistique, la construction, le recyclage – elle doit avoir roulé environ 50.000 km pour commencer à avoir une empreinte carbone meilleure que l’empreinte du véhicule thermique.
« Je pense que c’est une espèce de mort programmée de l’industrie automobile européenne », avait conclu le spécialiste en économie ce 29 juin.
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