Interviewée en direct sur BFMTV ce mardi, l’eurodéputée LFI Rima Hassan a d’emblée pointé le fait que la chaîne avait été félicitée la veille par un porte-parole de l’armée israélienne. Au bout de deux minutes de débats, l’entretien a finalement été coupé, le journaliste lui signifiant qu’elle n’avait pas été invitée pour attaquer BFMTV.
L’eurodéputée Rima Hassan était, ce 8 octobre, interviewée en direct et en duplex sur BFMTV pour réagir aux sifflets lancés lors des commémorations de l’attaque terroriste du 7 octobre, pendant le discours de Michel Barnier, en direction du président de la République qui avait appelé à l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. L’occasion pour la militante franco-syrienne de faire une remarque sur la « ligne éditoriale » de la chaîne.
« On ne vous a pas invité pour que vous attaquiez BFMTV »
« Je me permets une toute petite parenthèse, et puis je vais répondre à votre question. Je veux simplement dénoncer le fait que vous avez été félicités par Olivier Rafowicz, qui est un porte-parole de l’armée israélienne, une armée génocidaire, […] et c’est très très important pour moi de dénoncer ça », a lancé en préambule Rima Hassan, soulignant que cela « dit beaucoup de la ligne éditoriale » sur le sujet. « J’espère que vous vous rendez compte quand même que vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre en tant que média », a-t-elle ajouté, avant d’être interrompue par Alain Marshall et Olivier Truchot.
Étape 1 : Une armée qui commet un génocide félicite par la voix de son porte-parole la rédaction de BFM TV pour sa ligne éditoriale
Étape 2 : la brillante @RimaHas dénonce avec talent et fermeté ce soutien honteux
Étape 3 : Les journalistes paniquent (cc @Olivier_Truchot et… pic.twitter.com/mqTA6uaen3
— Mathilde Panot (@MathildePanot) October 8, 2024
Ne laissant pas Rima Hassan répondre à la question initialement posée, les deux journalistes de l’émission ont aussitôt réagi à ces critiques. « Vous ne pouvez pas commencer par nous attaquer, on vous invite poliment à répondre à des questions, et vous mettez en doute la ligne éditoriale de BFMTV », a indiqué Olivier Truchot. Et Rima Hassan de lui signifier : « Je vous répond poliment, je suis libre de mes propos. » « Je suis libre aussi de dire que ce que vous venez de dire est inacceptable », a aussitôt tranché le présentateur.
Interrogeant l’eurodéputée sur ce qu’elle entend par les « comptes » qu’aurait à rendre BFMTV, elle a poursuivi : « Les médias sont censés informer de façon neutre. Quand vous avez une partie au conflit qui vous félicite. C’est comme si vous aviez le Hamas demain qui vous félicitait, c’est très problématique, admettez-le. » Ce à quoi Olivier Truchot a rétorqué : « On ne vous a pas invité pour que vous attaquiez BFMTV », coupant ensuite court à l’interview.
Le débat se poursuit sur les réseaux sociaux
Toutefois, le débat s’est poursuivi hors antenne, via les réseaux sociaux. Sur X, Rima Hassan a notamment déploré avoir été « immédiatement » coupée par les journalistes de BFMTV lors de l’interview. « Et je suis censurée dans la critique légitime que je formule. Je n’ai donc pas pu m’exprimer sur le reste », a-t-elle encore écrit. Ce à quoi Olivier Truchot a répondu : « Vous dites n’importe quoi sur la ligne éditoriale de notre chaîne. Mais peu importe la vérité, l’objectif était d’obtenir votre petit moment de buzz. »
La présidente des députés LFI Mathilde Panot a quant à elle tenu à féliciter « la brillante Rima Hassan » qui a dénoncé « avec talent et fermeté ce soutien honteux » d’Olivier Rafowicz. « Les journalistes paniquent » et « mettent fin brusquement à l’interview », a-t-elle ajouté, soulignant : « Ce serait presque drôle s’il n’y avait pas des dizaines de milliers de morts. » Les propos de la cheffe des Insoumis ont, de nouveau, fait monter au créneau Olivier Truchot. « Votre amie, députée européenne, menace des journalistes en direct. C’est votre conception de la liberté d’informer ? » lui a en effet demandé le journaliste de BFMTV.
Dans le pays qui a connu la tuerie de Charlie Hebdo, Rima Hassan menace clairement les journalistes de BFM TV.
L’extrême gauche a fait élire une véritable porte-parole du Hamas au Parlement européen : elle en partage l’idéologie meurtrière et les pratiques d’intimidation. pic.twitter.com/BKLGeEGzuQ
— Jordan Bardella (@J_Bardella) October 8, 2024
« Dans le pays qui a connu la tuerie de Charlie Hebdo, Rima Hassan menace clairement les journalistes », a de son côté mentionné sur les réseaux sociaux l’eurodéputé Jordan Bardella, ajoutant : « L’extrême gauche a fait élire une véritable porte-parole du Hamas au Parlement européen : elle en partage l’idéologie meurtrière et les pratiques d’intimidation. »
BFMTV fait une mise au point
Enfin, après tous ces échanges houleux, ce mardi 8 octobre toujours, la direction de BFMTV a publié une mise au point indiquant : « BFMTV tient à rappeler le travail rigoureux, impartial et équilibré de sa rédaction, dont témoigne le déploiement sur le terrain de sept équipes en Israël et au Liban, et la diffusion vendredi et dimanche soir d’un document exceptionnel réalisé par BFMTV grâce à des journalistes palestiniens à Gaza. »
Le communiqué a ensuite précisé que ce document a été « contesté en direct dimanche soir par le porte-parole de l’armée israélienne lors de cet entretien auquel faisait référence Rima Hassan ». En conclusion, la chaîne propose de regarder cet entretien « en intégralité », et « de revoir le grand reportage 7-octobre : la riposte à tout prix de nos équipes Ligne rouge ».
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