L’enveloppe pour « soutenir » les « efforts antiterroristes de la Force conjointe du G5 Sahel », qui pourra aller jusqu’à 60 millions de dollars, a été dévoilée par le secrétaire d’État américain Rex Tillerson juste avant le début, au Conseil de sécurité de l’ONU, d’une réunion ministérielle pour consolider l’aide internationale à cette opération formée de soldats du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso et de Mauritanie.
Selon le chef de la diplomatie américaine, ces fonds vont « renforcer nos partenaires régionaux dans leur combat pour assurer la sécurité et la stabilité » face au groupe jihadiste État islamique et aux autres « réseaux terroristes ». « C’est un combat que nous devons gagner, et cet argent va jouer un rôle-clé pour y parvenir. »
L’aide américaine prendra toutefois la forme d’une assistance bilatérale aux pays du G5, alors que Paris était engagé dans d’intenses tractations pour convaincre Washington d’offrir un soutien financier par le biais de l’ONU.
« Les groupes terroristes au Sahel représentent aujourd’hui une menace globale, à la fois pour la stabilité de la région mais aussi pour la sécurité internationale (…). La Force conjointe du G5 Sahel, c’est la bonne réponse à ce défi », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant le Conseil de sécurité.
« J’appelle nos partenaires à jouer pleinement leur rôle dans cet effort nécessaire, particulièrement en vue de la conférence de planification qui se tiendra à Bruxelles le 14 décembre », a-t-il ajouté.
Mais il a aussi plaidé pour « une aide multilatérale », qui « offrirait un appui opérationnel et logistique pérenne à la Force conjointe » et constituerait « un signal important du soutien de la communauté internationale aux pays du G5 dans leur lutte contre les organisations terroristes ».
Son homologue malien Abdoulaye Diop a appuyé cette demande d’un « soutien multilatéral, y compris à travers les Nations unies », seule option « à même de garantir la prévisibilité et la pérennité des ressources ainsi que le soutien opérationnel à la Force conjointe ».
Le Sahel est devenu un important foyer pour les groupes extrémistes, notamment depuis que la Libye a sombré dans le chaos en 2011, que la secte islamiste Boko Haram s’est étendue au Nigeria et que des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda se sont emparés du nord du Mali en 2012.
La France, engagée militairement avec l’opération Barkhane, souhaite débloquer une aide logistique et financière des Nations unies, ce à quoi les Américains, premiers contributeurs de l’organisation, s’opposent.
Avec plusieurs dirigeants africains, les Français sont en quête de fonds sur le long terme. Pour la première année d’opérations, les besoins sont estimés à 423 millions d’euros dans un rapport de l’ONU, même si des responsables français ont jugé possible de les ramener à 250 millions d’euros — dont seuls 108 millions ont été levés à ce jour.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a aussi jugé « indispensable » un soutien politique et matériel fort au G5, soulignant que son organisation pourrait se mobiliser rapidement.
« Nous pensons que la force du G5 doit être avant tout dans les mains des pays de la région », a dit l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley lors de cette réunion, dirigée par Jean-Yves Le Drian mais à laquelle Rex Tillerson ne s’est pas rendu. Elle a appelé ces pays à « s’approprier pleinement cette force d’ici trois à six ans, avec le soutien continu des États-Unis ».
« Cette approche sera plus efficace, au bout du compte, pour libérer la région de la terreur », a insisté la diplomate, repoussant également l’idée de voir la mission onusienne de maintien de la paix au Mali (Minusma) apporter son aide à la force du G5.
Nikki Haley et Washington n’ont pas caché leur intention de faire des économies en retirant des financements à l’ONU, dans le cadre de la politique étrangère du président Donald Trump marquée par un net désengagement vis-à-vis du multilatéralisme.
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