Le mystère reste entier jeudi sur le sort du soldat américain entré de son propre fait en Corée du Nord, les États-Unis s’inquiétant pour son « bien-être » et multipliant les contacts, sans succès pour l’instant.
Une haute responsable de l’armée américaine s’est dite « très préoccupée » par le sort et « la manière dont pourrait être traité » le soldat Travis King, qui serait détenu en Corée du Nord après avoir traversé mardi la frontière depuis la Corée du Sud. « Je suis très, très préoccupée par le fait que le soldat (Travis) King soit entre les mains des autorités nord-coréennes », a déclaré la secrétaire à l’armée de terre, Christine Wormuth, lors du forum sur la sécurité à Aspen, dans le Colorado (ouest).
« Je m’inquiète de la manière dont il pourrait être traité », a-t-elle ajouté. Elle a cité le cas d’Otto Warmbier, un Américain détenu en Corée du Nord pendant un an et demi avant d’être relâché en 2017 dans le coma et qui était décédé six jours après son retour aux États-Unis. À mots couverts, Washington, qui ne parle pas ouvertement de défection, s’inquiète sur la base de « traitements infligés par le passé à des détenus » qu’il ne fasse l’objet d’interrogatoires musclés, voire de torture.
Discussions dans un contexte de tensions
L’incident risque d’envenimer encore davantage les relations entre Washington et Pyongyang, d’autant que la Corée du Nord a, à de nombreuses reprises, détenu des Américains et les a utilisés comme monnaie d’échange. La diplomatie américaine s’est mise en branle, en lien avec la Maison Blanche et le Pentagone, pour glaner des informations sur ce rare incident aux nombreuses zones d’ombre.
Où se trouve le soldat King ? Comment a-t-il pu faire faux bond à l’aéroport de Séoul ? Quelles étaient ses motivations ? « À ce stade, on ne sait pas grand-chose et je ne pense pas que nous ayons pu contacter avec succès les autorités nord-coréennes », a reconnu Mme Wormuth.
Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, s’est montré plus circonspect jeudi, refusant de dire si Pyongyang avait répondu aux sollicitations américaines, en arguant de « discussions très sensibles ». « Nous leur avons clairement dit, clairement relayé le message que nous recherchons des informations sur son bien-être et souhaitons son retour en toute sécurité », a-t-il affirmé lors de son point de presse quotidien.
Les contacts se font notamment via les Nations unies, ainsi que la Corée du Sud et la Suède, qui représente les intérêts des États-Unis auprès de la Corée du Nord.
Une enquête ouverte pour contre-espionnage
Travis King, soldat de deuxième classe engagé depuis 2021, devait rentrer aux États-Unis pour faire face à une procédure disciplinaire lorsqu’il a quitté l’aéroport d’Incheon à Séoul, rejoint un groupe de touristes visitant la zone démilitarisée entre Corée du Sud et Corée du Nord, puis traversé la frontière, selon l’armée américaine. Cette dernière a ouvert une enquête de sa branche chargée du contre-espionnage, a indiqué la porte-parole Sabrina Singh, ajoutant que « personne ne pouvait s’attendre à ce qu’il quitte l’aéroport ».
La police de Séoul a détaillé pour l’AFP les démêlés répétés de Travis King avec la justice sud-coréenne, dont une fois pour agression. Il a été libéré le 10 juillet après avoir passé deux mois en prison pour violences. Le soldat « avait agressé une personne en Corée du Sud, avait été détenu par le gouvernement sud-coréen et allait revenir aux États-Unis pour en subir les conséquences au sein de l’armée. Je suis sûre qu’il était confronté à cela », a déclaré la secrétaire à l’armée de terre.
La Corée du Sud est un allié clé des États-Unis et accueille quelque 27.000 militaires américains sur son sol.
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