Depuis l’entrée en fonction du Premier ministre chinois Li Qiang en mars 2023, les fonctions du Conseil des affaires de l’État ont été redéfinies afin de servir le dirigeant chinois Xi Jinping en tant qu’exécuteur fidèle de sa volonté. Lors des deux plus grandes réunions politiques annuelles (les « Deux Sessions ») tenues à Pékin la semaine passée – l’Assemblée nationale populaire et la Conférence consultative politique du peuple chinois – non seulement la traditionnelle conférence de presse du Premier ministre a été annulée, mais aussi le rapport sur le travail du gouvernement a été rédigé directement selon les directives de Xi Jinping. En outre, la préservation du « rôle central du camarade Xi Jinping » est devenue le principe suprême de la révision de la loi sur l’organisation du Conseil d’État.
Les critiques y voient l’intention de Xi Jinping de consolider, d’institutionnaliser et même de légaliser son autoritarisme personnel. En même temps, plusieurs experts estiment que le renforcement de sa mainmise sur le pouvoir pourrait provoquer des crises internes et accélérer la chute du régime.
Xi Jinping, le dirigeant central
Lors de la conférence de presse tenue avant les Deux Sessions, il a été annoncé que la loi sur l’organisation du Conseil des affaires de l’État serait révisée pour s’aligner sur « les pensées de Xi Jinping sur l’État de droit ». Cette mesure vise à soutenir le principe politique primordial de « l’autorité centrale et de la direction centralisée et unifiée du Parti communiste chinois (PCC) ».
Au cours des années 1980, le PCC a mis l’accent sur la direction collective et la séparation des fonctions du Parti et du gouvernement, ce qui a permis au Conseil des affaires de l’État – l’équivalent du cabinet gouvernemental dirigé par le Premier ministre – de jouir d’une certaine autonomie et influence. D’anciens Premiers ministres, tels que Li Peng, Zhu Rongji et Wen Jiabao, détenaient un pouvoir de décision assez important, en particulier dans les domaines de l’économie et de la protection sociale.
Lai Jianping, un ancien avocat de Pékin, a expliqué que la loi révisée sur l’organisation du Conseil des affaires de l’État révèle que ce Conseil, avec le Premier ministre Li Qiang comme serviteur de Xi Jinping, est devenu un secrétariat destiné à préserver la dictature personnelle de Xi Jinping.
« La version révisée établit effectivement la dictature unique de Xi Jinping au sens juridique du terme », a-t-il souligné.
Li Hengqing, un autre expert sur la Chine, a noté que cette révision montre une fois de plus que la législature fantoche du régime faisant office de parlement-tampon ne fait que suivre les directives de Xi Jinping.
Sheng Xue, une militante des droits de l’homme, a indiqué que l’emprise de Xi Jinping sur le pouvoir avait atteint un « niveau extrêmement pathologique ». Son objectif de la révision de la loi sert à « mettre en évidence que le Conseil des affaires de l’État est également sous son pouvoir exclusif ».
Un scénario préétabli
Le rapport de travail du Conseil des affaires de l’État a été rédigé afin de « transmettre les directives du Comité central du Parti avec Xi Jinping comme dirigeant central », a souligné Huang Shouhong, le principal rédacteur de ce rapport. Selon lui, le rapport de cette année contenait les caractéristiques les plus remarquables en « alignant avec précision son positionnement politique et en mettant pleinement en œuvre les dispositions de prise de décision ».
Lai Jianping a interprété ce jargon du Parti comme signifiant une diminution du rôle du Premier ministre Li Qiang, en tenant compte du fait que toutes les décisions seront finalement soumises à l’approbation de Xi Jinping.
« Li Qiang n’a pu que répéter ce qu’on lui a dit de dire plutôt que d’exprimer ses propres pensées. Le Comité central du Parti lui dicte le contenu de son discours, et il se peut qu’il n’en comprenne pas pleinement l’importance de ce fait », a précisé M. Lai.
La diminution du rôle du Premier ministre
L’annonce de l’annulation définitive de la traditionnelle conférence de presse du Premier ministre après les Deux Sessions a provoqué une vague de commentaires dans les médias sociaux chinois.
Mme Sheng pense que cette annulation pourrait correspondre à l’intention commune de Xi Jinping et de Li Qiang. « Li Qiang est parfaitement conscient de la manière dont il a obtenu son poste et, par crainte, il pourrait essayer d’éviter de se mettre en avant. En revanche, Xi Jinping ne veut surtout pas que les autres lui fassent de l’ombre », a-t-elle commenté.
« Annuler la conférence de presse du Premier ministre équivaut à annuler le droit de parole du Premier ministre », a martelé M. Lai. « Bien que Li Qiang, lorsqu’il a pris ses fonctions, ait déclaré que le Conseil des affaires de l’État était l’organe exécutif dévoué du Parti, son statut politique a été encore réduit et il est devenu un vassal du pouvoir du Parti. »
« Li Qiang diminue effectivement son propre pouvoir (…) pour s’assurer que le dirigeant suprême lui accorde une confiance totale afin de survivre », a-t-il ajouté.
La courte durée de pouvoir autoritaire extrême
Les critiques estiment que la manifestation de la lutte de pouvoir dans les échelons supérieurs de l’État-parti chinois lors des Deux Sessions et la concentration extrême du pouvoir par Xi Jinping accéléreront la chute du régime communiste.
M. Lai pense que la dictature personnelle extrême de Xi Jinping conduirait à une situation désastreuse pour l’économie, les moyens de subsistance, la gouvernance et les affaires étrangères de la Chine.
« En particulier, il pourrait y avoir une régression à grande échelle des conditions économiques et des moyens de subsistance, conduisant à un effondrement de la société. De nombreuses personnes auront du mal à satisfaire leurs besoins de base et, en fin de compte, d’innombrables individus se soulèveront et diront non. Cela déclenchera inévitablement une forme de révolution pour renverser la dictature unipersonnelle de Xi Jinping », a-t-il commenté.
Mme Sheng a expliqué que la réforme et l’ouverture de la Chine à la fin des années 1970, lorsque la dictature du régime était sur le point de s’effondrer, ont donné l’impression erronée que le PCC n’était plus aussi dictatorial qu’à l’époque de Mao Zedong. En réalité, sa nature communiste n’a jamais changé, ce qui explique pourquoi Xi Jinping a pu rapidement recourir à la dictature personnelle et à la tyrannie comme son prédécesseur.
Elle estime que les actions de Xi Jinping raccourciront la durée du règne du Parti communiste sur la Chine : « À mesure qu’il avance sur la voie de l’autoritarisme personnel, les voix dissidentes contre lui vont inévitablement se multiplier, ce qui accélérera la chute du PCC. »
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