Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, se trouvait mercredi 2 mars entre la vie et la mort après son agression, dans la prison d’Arles, par un codétenu condamné pour terrorisme.
Les faits se sont déroulés dans la matinée alors qu’il faisait de la musculation, seul, dans une salle de l’établissement, lorsqu’un détenu, pour des raisons encore inconnues, l’a agressé, a détaillé le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.
Yvan Colonna a été victime « d’une strangulation à main nues, puis d’un étouffement », a-t-il ajouté. Son agresseur a mis un « sac » sur sa tête, avait indiqué plus tôt une source proche de l’enquête.
Après avoir été hospitalisé à Arles dans les Bouches-du-Rhône, il a été transféré à Marseille où il était en coma post-anoxique, un type de coma consécutif à une privation d’oxygène dans le cerveau, selon le procureur. « L’agresseur supposé, lui-même détenu, assurait un service d’entretien en qualité d’auxiliaire d’étage au moment des faits », a-t-il précisé. Il a été placé en garde à vue par la police judiciaire qui mène l’enquête pour « tentative d’assassinat ».
Le détenu purgeait une peine de neuf années d’emprisonnement du chef d« ‘association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme ». Selon deux sources proches du dossier, il s’agit de Franck Elong Abé, un « djihadiste » camerounais âgé de 36 ans, interpellé en Afghanistan en 2012 par les Américains avant d’être remis à la France en 2014.
L’État français porte « une responsabilité majeure, accablante »
L’un des avocats d’Yvan Colonna, Me Sylvain Cormier, a jugé « ahurissant » que son client « est l’un des détenus les plus surveillés de France de par son statut (…) qui l’empêche d’être rapproché de ses proches en Corse, l’administration pénitentiaire se soit révélée incapable d’assurer sa protection élémentaire ».
Le ministère de la Justice a annoncé la saisie de l’inspection générale de la justice « pour faire toute la lumière sur les conditions de cette agression d’une particulière gravité ».
Pour le parti autonomiste du président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, Femu a Corsica, l’État français porte « une responsabilité majeure, accablante » dans cette agression.
« Depuis des années, l’Assemblée de Corse unanime, les maires, la société corse tout entière, plus récemment des députés de tous les groupes » ont demandé que les membres du commando condamnés pour l’assassinat du préfet Erignac, dont Yvan Colonna, puissent purger leur peine dans une prison corse, ajoute-t-il.
« Si le droit au rapprochement avait été appliqué, le drame de ce matin n’aurait pas eu lieu », estime-t-il. « Le droit n’a pas été appliqué, les droits de l’Homme ne sont pas appliqués », a renchéri Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, à l’AFP, lors d’un rassemblement de 300 personnes devant la préfecture à Ajaccio.
En cavale dans le maquis corse
Emprisonné à Arles, Yvan Colonna, qui s’est marié en prison et a eu un second fils en détention, avait présenté plusieurs demandes de rapprochement, toutes refusées.
Aujourd’hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, après quatre ans de cavale dans le maquis corse. Il a toujours nié les faits.
Le 6 février 1998, Claude Erignac avait été abattu dans une rue d’Ajaccio, alors qu’il se rendait à pied au théâtre.
Son assassinat avait provoqué une onde de choc. Les jours suivants, des dizaines de milliers de Corses avaient exprimé leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.
Un groupe anonyme avait revendiqué l’assassinat du préfet le 9 février. Deux militants nationalistes avaient alors été interpellés et passeront de longs mois en prison, avant d’être relâchés.
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité
Le 21 mai 1999, quatre hommes sont interpellés et passent aux aveux. Un mandat d’arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l’homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d’être le tireur.
Huit nationalistes comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d’assises spéciale de Paris. Quatre d’entre eux mettent Yvan Colonna hors de cause. Il est toutefois arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d’Olmeto en Corse-du-Sud.
Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n’avoir « jamais tué » personne, est condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité.
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