ENTRETIEN – L’ancien maire, conseiller départemental et régional de Gironde et membre de Nouvelle Énergie [référent ruralité, agriculture, forêt, pêche], Yves d’Amécourt, revient pour Epoch Times sur les ambitions élyséennes du maire de Cannes David Lisnard.
Epoch Times : Lors de ses vœux à la presse le 16 janvier, David Lisnard a affirmé au sujet de l’élection présidentielle de 2027 qu’il « fera partie de la compétition ». « Je veux faire entendre une alternative libérale qui est forte », a-t-il déclaré. Quelle est votre réaction ?
Yves d’Amécourt : Cette déclaration a été bien accueillie par l’ensemble de ses soutiens. Depuis 2021, nous travaillons autour de lui en vue de cette élection. Nous préparons un projet solide pour relever la France.
Maintenant, je souhaite que la proposition d’une primaire, à mettre en place avant l’été 2025 puisse voir le jour. Cela nous permettra de nous organiser et d’instaurer un véritable débat pour savoir sur quelles bases la droite s’engage dans cette élection présidentielle.
Une primaire ne risque-t-elle pas de créer des divisions ?
En réalité, les divisions sont déjà là ! Il y a aujourd’hui des approches différentes entre Édouard Philippe, Éric Ciotti, David Lisnard ou Laurent Wauquiez. C’est pourquoi nous devons organiser un débat à droite afin que les électeurs puissent entendre les différents candidats et en désigner un.
En 2016, la primaire de la droite avait été une grande réussite. Plus de 4 millions de personnes s’étaient rendues aux urnes. Je pense que nous pouvons réitérer ce succès !
Les problèmes d’ego des uns et des autres sont bien réels, c’est normal, mais je crois qu’un débat serait tout à fait salutaire : aujourd’hui, il y a des gens à droite qui sont étatistes et d’autres qui sont libéraux et qui veulent libérer les énergies, l’économie, redonner de la place à l’innovation, à la créativité comme David Lisnard.
Il y a ceux qui sont pour l’écologie décroissante et punitive, comme Édouard Philippe – on lui doit la fermeture de Fessenheim, l’arrêt de Notre-Dame des Landes, la crise des gilets jaunes, et ceux, comme David Lisnard, qui sont pour une écologie de conquête, qui s’appuient sur la science et les technologies, sur le nucléaire. Il faut que les électeurs puissent choisir entre ces différentes visions de l’État et de l’économie.
Les candidats de la droite aux élections présidentielles de 2017 et de 2022 ont été désignés à la suite de primaires, et ne se sont pas qualifiés au second tour…
Je souhaite que le futur candidat de la droite à l’élection présidentielle obtienne le même nombre de voix que François Fillon en 2017. Il avait obtenu plus de 7 millions de suffrages malgré l’acharnement judiciaire et médiatique. Il lui avait manqué sept voix par bureau de vote pour être qualifié au second tour.
Concernant le Congrès de 2021 et la désignation de Valérie Pécresse, c’est une autre histoire. Les primaires étaient réservées aux seuls adhérents LR dont le nombre avait largement diminué avec les années. Lors du duel Copé/Fillon en 2012, l’UMP comptait 350.000 adhérents à jour de leurs cotisations. Aujourd’hui, ils sont moins de 50.000.
Les Républicains doivent se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls. Si la droite veut accéder au second tour, elle va devoir rassembler. Et pour ce faire, une primaire très ouverte doit être organisée. L’électorat de François Fillon est aujourd’hui dispersé, il faut le rassembler et l’élargir. Le candidat qui est le plus en phase avec le peuple doit être choisi.
Si cette rencontre entre le candidat et le peuple ne se fait pas naturellement, il faut la provoquer en organisant un grand débat des primaires et que tous les participants s’engagent à soutenir le vainqueur. Ce sont les trahisons qui nous ont fait perdre en 2017. Tous les candidats de la primaire n’ont pas tenu leur engagement. Ils ont quitté le navire au cœur de la tempête.
En 2002, Alain Madelin, candidat ouvertement libéral avait récolté 3,9 % des suffrages…
Le discours de David Lisnard rencontre un certain écho dans la population et le temps est venu d’essayer la liberté. À l’époque, François Mitterrand affirmait qu’on avait tout essayé contre le chômage. Mais en réalité, nous avons tout tenté, à l’exception de la liberté. C’est pourtant une valeur cardinale inscrite sur le fronton de nos mairies. Les Français aspirent à la liberté. Essayons la liberté, enfin !
Souvenez-vous, François Fillon avait recueilli un score élevé à la primaire, puis à l’élection présidentielle tout en présentant un projet ordo-libéral. Ce projet avait convaincu les Français. Ce n’est pas son projet qui a fait tomber François Fillon. Je pense qu’aujourd’hui les Français aspirent à l’ordre et à la liberté, mais il faut qu’il y ait un débat.
Nous ne devons pas non plus céder à la caricature du libéralisme imposée par les gens de gauche qui s’opposent aux libertés et plus particulièrement à la liberté d’expression au motif que les personnes qui s’expriment ne sont pas d’accord avec eux.
David Lisnard n’est pas seul à porter le credo libéral aujourd’hui. Éric Ciotti tente également de l’incarner. L’UDR organisait la semaine dernière le « grand forum des libertés ». Ses prises de parole sont d’ailleurs régulièrement saluées par le président argentin Javier Milei sur X. En quoi le maire de Cannes serait-il plus à même de porter un projet résolument libéral que d’autres ?
La conversion d’Éric Ciotti au libéralisme est plutôt récente. Tant mieux. David Lisnard, quant à lui, travaille le sujet avec son équipe depuis très longtemps. Nous déclinons ce projet dans tous les domaines.
Il a, par ailleurs, fait ses preuves à la mairie de Cannes en montrant qu’on pouvait réduire le poids de la fonction publique tout en améliorant la qualité du service public, mais aussi réduire la dette sans augmenter les impôts, sans sacrifier l’investissement et en redonnant de la liberté et de la responsabilité à tous les acteurs de la ville. Plus de service public, moins de fonction publique : voilà l’enjeu. Ça marche !
Ensuite, en tant que président de l’Association des maires de France, il a fait passer à l’unanimité une délibération sur la « subsidiarité ascendante », toutes tendances politiques confondues. C’est-à-dire le degré ultime de la décentralisation.
Éric Ciotti a beaucoup de talent, c’est un ami de Nouvelle Énergie. Comme fils et frère d’exploitant forestier, je le mets en garde sur l’usage de la tronçonneuse ! La tronçonneuse est un outil dangereux, il faut une bonne formation pour l’utiliser sinon on fait des erreurs et on se blesse.
À Nouvelle Énergie, nous préférons choisir les arbres d’avenir, couper ceux qui font de l’ombre aux jeunes pousses, protéger les baliveaux, permettre aux glands de trouver la lumière, nettoyer les taillis, détruire les ronces, récolter le bois de chauffage, et faire de notre forêt tout à la fois un puits de carbone, et un gisement de matériaux utiles, notamment pour la construction de l’avenir !
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