ENTRETIEN – Yves d’Amécourt est un ancien maire, conseiller départemental et régional de Gironde et porte-voix de Nouvelle Énergie. Dans un entretien accordé à Epoch Times, il revient sur la PPE3 et les ZFE.
Epoch Times : Quelles seraient, selon vous, les conséquences à la fois pour le pays et les ménages de l’adoption de la nouvelle programmation énergétique (PPE3) ?
Yves d’Amécourt : La PPE3 privilégie les énergies renouvelables intermittentes – solaire et éolien – qui, non seulement ne répondent pas au besoin fondamental de souveraineté énergétique, mais déstabilisent aussi notre réseau, à cause de leur caractère imprévisible.
Surtout, elles n’évitent pas l’émission d’un seul mètre cube de gaz à effet de serre, car l’électricité en France est déjà décarbonée grâce au nucléaire et à l’hydroélectricité.
À l’heure où François Bayrou appelle à « créer des richesses » et à « réduire les dépenses publiques », ces énergies renouvelables ne font ni l’un ni l’autre : elles alourdissent la facture publique via des subventions massives et ne génèrent pas de valeur ajoutée réelle. Leur développement systématique alourdit la charge des ménages, fragilise notre compétitivité et détourne les investissements de solutions réellement efficaces et pilotables.
Dans un avis publié le 8 avril, l’Académie des sciences juge sévèrement cette PPE et souligne des « incohérences » et un travail « peu rigoureux ». Qu’est-ce que cela traduit des ambitions énergétiques du gouvernement ?
Cela révèle une vision idéologique de la transition énergétique, déconnectée des données scientifiques et techniques. L’Académie des sciences pointe avec justesse les incohérences de cette PPE, notamment la promotion des renouvelables intermittents, alors qu’ils n’ont aucun effet bénéfique sur nos émissions de CO₂ dans le contexte métropolitain.
Selon l’Académie des sciences, « l’éolien et le solaire ne peuvent à eux seuls satisfaire la demande énergétique sans moyens massifs de stockage ou d’appoint. »
On voit bien ici que le gouvernement poursuit des objectifs de communication, non de souveraineté ni d’efficacité. Ce manque de rigueur technique met en danger notre sécurité énergétique et alourdit inutilement les dépenses publiques.
Quelle serait pour vous, une Programmation Pluriannuelle de l’Énergie idéale ?
Elle doit s’appuyer sur un mix énergétique souverain, stable et pilotable : le maintien et la relance du nucléaire civil comme colonne vertébrale de notre système électrique ; la relance du projet ASTRID, stoppé par Emmanuel Macron en 2019, nucléaire de quatrième génération, qui permettra d’utiliser nos déchets nucléaires toute en donnant à la France une autonomie énergétique de quelques milliers d’années ; le développement des énergies renouvelables pilotables (biomasse, hydroélectricité, géothermie), qui peuvent être mobilisées à la demande ; investir dans la recherche pour diminuer les émissions de particules fines du chauffage au bois et des moteurs à explosion utilisant des carburants de substitution ; et l’encadrement strict des renouvelables intermittents, qui doivent rester marginaux dans le mix, sauf lorsqu’ils sont adaptés à un usage local autonome, notamment dans les départements d’Outre-Mer ou pour de l’autoconsommation.
Une telle PPE contribuerait réellement à la transition écologique sans pénaliser les ménages, ni créer de dépendances technologiques ou financières.
La France a un atout considérable avec son nucléaire et son hydroélectricité. Il faut protéger et développer ce savoir-faire au lieu de la piller !
Vous êtes critique des Zones à faibles émissions (ZFE). Que répondez-vous à ceux qui estiment qu’elles permettent d’améliorer la qualité de l’air ?
Améliorer la qualité de l’air est un objectif légitime – mais les ZFE, dans leur forme actuelle, sont profondément injustes et incohérentes.
Les émissions de particules fines ont déjà fortement baissé depuis 30 ans en France, grâce au renouvellement naturel des véhicules et aux progrès technologiques. Plutôt que de saluer ce progrès, on punit les automobilistes modestes, souvent contraints d’utiliser de vieux véhicules pour travailler ou se rendre en ville. Pour effrayer, on utilise des études scientifiques datées sur la santé au lieu d’utiliser des études plus récentes qui sont beaucoup plus optimistes et réalistes. Tout cela s’apparente à de la désinformation institutionnelle.
Les particules fines ne proviennent pas uniquement du trafic routier. Le chauffage domestique est également une source majeure, notamment via les chaudières au charbon, au fioul, ou les vieux poêles à bois. Et là, surprise : alors qu’on sanctionne l’usage de la voiture, le gouvernement favorise ces modes de chauffage polluants dans les DPE, en frappant le chauffage électrique d’un malus de 230 % !
Cela révèle une incohérence profonde dans nos politiques publiques, marquées par la contradiction et l’idéologie, plus que par la logique ou la science.
Le 9 avril, le gouvernement a présenté un amendement qui « ciblera l’obligation de mise en place des ZFE sur les seules agglomérations en dépassement régulier des seuils règlementaires, Paris et Lyon ». N’est-ce pas une victoire pour les opposants aux ZFE ?
C’est un recul partiel et une reconnaissance implicite de l’impopularité et de l’inefficacité de ces dispositifs qui étaient prévus, à l’origine, pour 43 métropoles. Mais les principes qui sous-tendent les ZFE – culpabilisation, coercition, oubli des réalités rurales et périurbaines – demeurent.
Le bon sens commande d’abandonner cette logique punitive, pour une politique environnementale fondée sur l’incitation, la technologie, et la justice sociale. C’est cela que nous devons continuer à porter.
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a suscité la polémique en affirmant sur BFMTV que « les moins riches n’ont pas de voiture ». Comment avez-vous réagi à ce propos ?
Cette phrase illustre un déni de réalité. En milieu rural ou périurbain, où vivent de très nombreux Français modestes, la voiture est indispensable. Et souvent, faute de moyens, ce sont justement les moins riches qui roulent dans des véhicules anciens – donc bientôt bannis par les ZFE. Une étude de l’Insee révèle que près d’un ménage modeste sur deux roule avec un diesel d’avant 2011.
Ces propos sont non seulement erronés, mais blessants pour tous ceux qui subissent déjà une triple peine : le coût du carburant, l’éloignement géographique, et maintenant l’interdiction d’accès à la ville. Les politiques publiques doivent partir du terrain, pas d’un logiciel idéologique.
Si François Bayrou, comme il l’a affirmé hier, veut à la fois « créer de la richesse » et « diminuer les dépenses de l’État », il convient de revoir de fond en comble la politique écologique du gouvernement qui consiste surtout à jeter de l’argent par les fenêtres et à détruire les filières d’excellence française ! Il y a urgence !
Pour en savoir plus :
Retrouver la souveraineté énergétique de la France – Au fil de l’eau
Yves d’Amécourt : ZFE et DPE, la double imposture écologique d’un État qui fracture la France (Valeurs Actuelles) – Au fil de l’eau
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