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Zhou Yongkang directement cité pour son implication dans les crimes de prélèvements d’organes

mars 25, 2015 10:27, Last Updated: octobre 30, 2017 7:06
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Lors d’un discours public, dans un surprenant rebondissement, Huang Jiefu, le plus haut responsable du domaine médical chinois et spécialiste des transplantations d’organes, a accusé Zhou Yongkang, ancien chef de la sécurité intérieure chinoise et proche collaborateur de Jiang Zemin, d’avoir eu recours aux prisonniers comme réserve vivante d’organes.

Cette remarque de Huang Jiefu laisse supposer, sans le confirmer, un crime qu’aucun responsable du Parti n’a encore jamais admis: l’utilisation, non seulement des prisonniers condamnés à mort, mais aussi des prisonniers d’opinion, comme d’une immense réserve de donneurs vivants.

Zhou Yongkang a été récemment arrêté dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption menée par l’actuel dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping, une campagne dont le but à peine voilé est de poursuivre et arrêter tous les fidèles de l’ancien dirigeant Jiang Zemin. La plupart de ces responsables arrêtés, parmi lesquels Zhou Yongkang, ont activement aidé Jiang Zemin à faire appliquer la campagne de persécution du Falun Gong.

Selon plusieurs rapports, les pratiquants de la discipline spirituelle Falun Gong représentent les principales cibles des prélèvements forcés d’organes, qui auraient débuté en 2000 et continuent d’être perpétrés aujourd’hui.

Selon les chercheurs, des dizaines de milliers de pratiquants de Falun Gong ont ainsi été exécutés pour leurs organes – ou leurs organes leur ont été prélevés alors qu’ils étaient encore vivants afin de garantir leur fraîcheur.

Huang Jiefu, ancien vice-ministre de la Santé, a fait ces remarques au sujet de Zhou Yongkang alors qu’il donnait une longue interview à la chaîne de télévision Phoenix, basée à Hong Kong et favorable au régime de Pékin.

Une histoire de héros

Dans son récit de la lutte héroïque qu’il a menée aux côtés de ses collègues pour réformer le système abusif des transplantations d’organes en Chine, Huang Jiefu a dit: «Lorsque nous avons décidé d’arrêter de dépendre des prisonniers exécutés pour les transplantations d’organes», cela a été «la période la plus désespérée que nous ayons connue.»

«Utiliser des organes de prisonniers, ce genre de situation présenterait toutes sortes de problèmes obscurs et difficiles. Voyez-vous ce que je veux dire?» a-t-il demandé de façon énigmatique à la jeune journaliste.

«Cela était devenu un domaine sale, sombre et inextricable, sensible et extrêmement compliqué, pratiquement un domaine interdit», a-t-il continué.

Mais tout cela est arrivé en raison de la sinistre influence de l’ancien responsable de la sécurité chinoise Zhou Yongkang, a déclaré Huang Jiefu. Mais le nouveau dirigeant et sa campagne anti-corruption l’ont soutenu, lui et ses collègues, et ils ont ainsi pu finaliser leurs réformes.

Zhou Yongkang, ancien membre du Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois et responsable de la sécurité intérieure, lors du 18e Congrès du parti à Pékin. (AP Photo/Lee Jin-man)

Le «grand tigre»

À la question: quel «grand tigre», ou puissant responsable, représentait le plus grand obstacle, Huang Jiefu a rapidement répondu: «C’est très clair. Tout le monde connaît le grand tigre. C’est Zhou Yongkang, il était secrétaire des affaires politiques et juridiques et à l’origine un membre du Comité permanent du Politburo. Tout le monde sait cela. Donc, d’où viennent les organes des prisonniers exécutés, n’est-ce pas très clair ?»

Huang Jiefu a ajouté que l’ancien secrétaire général Hu Jintao et le premier Ministre Wen Jiabao avaient tous deux soutenu les projets de réforme et que l’actuel secrétaire général Xi Jinping et son premier Ministre Li Keqiang ont également apporté leur soutien.

Selon Huang Jiefu, la Chine est, du moins en apparence, en bon chemin pour essayer de réformer sa dépendance aux prisonniers pour répondre à la demande de transplantations d’organes. Mais que ces réformes soient réellement appliquées, cela fait débat parmi les experts.

Une fois tous les éléments rassemblés, seuls les responsables comme l’ancien et puissant chef de la sécurité Zhou Yongkang semblent devoir être accusés. En effet, Zhou Yongkang se trouvait à la tête d’un puissant et craint appareil de surveillance et de répression. Et les abus envers les prisonniers pour la possession de leurs organes ont eu lieu en partie sous sa responsabilité.

Des prélèvements au sein de l’armée

Par ailleurs, le Général Xu Caihou, haut responsable de l’armée chinoise avant d’être démis de ses fonctions, a été montré du doigt pour avoir également supervisé les abus de transplantations d’organes au sein de l’armée. Xu Caihou aurait effectivement autorisé l’exploration d’une forme d’extraction d’organes sur des personnes semi-vivantes: les prisonniers ne sont pas entièrement tués avant que leurs organes ne soient prélevés. Des organes prélevés de cette façon garantissent une meilleure transplantation, chaque minute durant laquelle du sang frais ne circule pas dans un organe diminuant sa qualité.

Étrangement, la dénonciation de Xu Caihou sur une télévision de Hong Kong comme responsable des prélèvements d’organes par un ancien chirurgien militaire de Pékin, a été suivie quelques jours plus tard par l’annonce de la mort de ce dernier. Fait plus étrange encore, ce décès est survenu précisément un an jour pour jour après son arrestation pour corruption.

Ces responsables étaient tous des fidèles de l’ancien responsable du Parti Jiang Zemin qui a lui-même initié la persécution du Falun Gong et, selon un groupe de défense des droits de l’homme, ordonné les prélèvements d’organes sur les pratiquants de cette discipline spirituelle traditionnelle chinoise.

Xi Jinping, à la tête du Parti depuis novembre 2012, a dépensé beaucoup de son énergie ces deux dernières années à purger l’appareil du Parti de toute influence de Jiang Zemin et de ses lieutenants comme Zhou Yongkang et Xu Caihou.

19 avril 2006: des pratiquants de Falun Gong reconstituent les prélèvements d’organes sur des prisonniers d’opinion entre les mains du Parti communiste chinois, lors d’une manifestation à Washington D.C. (Jim Watson/AFP/Getty Images)

«D’incessants mensonges»

Il est difficile de déterminer si ces récentes déclarations sur l’implication de Zhou Yongkang et Xu Caihou dans les prélèvements d’organes font partie de la campagne de lutte contre la corruption menée par Xi Jinping ou si elles visent davantage à ce que le Parti lui-même ne soit pas tenu responsable des meurtres de masse des pratiquants spirituels lorsqu’ils seront davantage mis en lumière dans le futur.

Les commentaires de Huang Jiefu «montrent son niveau d’implication politique», a fait remarquer David Matas, co-auteur d’un important rapport sur les prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong. «Il dit ce qu’il pense pouvoir dire dans l’actuel contexte politique. Il ne nous donne pas de faits, seulement ce que la situation politique autorise.»

Selon son collègue David Kilgour, co-auteur du même rapport Prélèvements sanglants, Huang Jiefu est un menteur invétéré indigne de toute confiance qui ne fait que répéter la ligne du Parti au jour le jour: «Huang Jiefu n’a jamais admis que les organes proviennent des pratiquants de Falun Gong. Il dit seulement qu’il s’agit de prisonniers. Il ment constamment à ce sujet, faisant croire que les victimes pratiquant le Falun Gong ne sont pas la source des organes.»

Mais il ne fait aucun doute que Zhou Yongkang, en tant que dirigeant de l’appareil de sécurité intérieure chinois, a joué un rôle et sans doute un rôle clé, dans l’utilisation des pratiquants de Falun Gong pour leurs organes. Mais, si les prélèvements d’organes ont débuté comme l’indiquent de nombreuses preuves en 2000, c’était avant que Zhou Yongkang n’occupe son poste de directeur de la sécurité.

Réforme? Quelle réforme? 

Un autre élément confus de ces récentes déclarations est leur intention globale: Huang Jiefu déclare à nouveau aider à construire un système qui n’utilise jamais d’organes de prisonniers d’aucune sorte. Seuls les citoyens qui donnent volontairement leurs organes seront intégrés au système officiel informatisé de distribution, ce qui, selon lui, doit assurer que ceux qui ont besoin d’une transplantation en recevront une.

Mais il y a quelques mois à peine, Huang Jiefu avait redéfini, lors de plusieurs interviews, le don volontaire citoyen, qui reclasse les prisonniers en «citoyens» bénéficiant du droit de donner leurs organes. «Je ne dis pas que nous sommes contre les dons des prisonniers condamnés à mort … Si un condamné à mort agit véritablement sur sa conscience, alors cela ne sera pas nécessairement exclu», avait dit Huang Jiefu lors d’une interview avec Phoenix Television.

Dans une édition de décembre dernier, le China Daily, la publication officielle du régime chinois en langue anglaise, avait également affirmé, en citant Huang Jiefu, que «les prisonniers font toujours partie des candidats potentiels pour les dons».

Deux discours

Cette nuance de mots – la reclassification des prisonniers en citoyens, des citoyens autorisés à faire don de leurs organes – semble toujours d’actualité.

Ethan Gutmann, auteur d’un livre sur les prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong, a comparé ces manœuvres du responsable chinois aux mesures de dissimulation utilisées par Joseph Staline. Dans un courrier électronique, il a expliqué: «Pour les membres du Parti, pour les médecins qui doivent être informés, Huang Jiefu donne une interview qui ne sera probablement pas entendue à l’étranger et il dit: Ne vous inquiétez pas. Les prisonniers pourront donner volontairement leurs organes maintenant».

M. Gutmann a poursuivi: «Ensuite, à l’attention du public occidental, Huang Jiefu dit qu’aucun organe ne sera prélevé sur des prisonniers. Mais c’est trop précipité. Ce n’est même pas un bon mensonge – cela est un simple manque de respect. Seuls les Occidentaux qui veulent vraiment être bernés accepteront un leurre aussi évident.»

Version originale: China’s Former Security Chief Implicated in Organ Harvesting

Organ harvesting in China

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