L’année 2025 va être cruciale pour le développement du marché des voitures électriques en Europe, entre des normes d’émissions de CO2 plus sévères, des subventions d’État en baisse et l’arrivée de nouveaux modèles électriques chinois.
Au niveau mondial, les ventes de voitures électriques ont progressé de 25 % en 2024, tirées en grande partie par le marché chinois, selon les chiffres publiés par le cabinet Rho Motion. En Europe, après quatre ans de forte croissance, les ventes de modèles électriques connaissent une baisse pour la première fois avec 3 millions d’unités vendues (-3 %).
En France, les consommateurs hésitent de plus en plus à passer à la voiture électrique, restant sceptiques sur ses avantages éventuels. Le gouvernement français espère deux tiers de ventes de voitures électriques et 15 % dans le parc roulant d’ici 2030, mais réduit en même temps ses subventions publiques à l’achat d’un véhicule.
Ajouté à cela des normes européennes d’émissions de CO2 renforcées depuis 1er janvier et des constructeurs automobiles qui risquent de lourdes amendes s’ils ne vendent pas plus de 20 % de modèles électriques, le marché européen de l’automobile est plus que précaire.
2025, une année charnière au niveau mondial
En 2024, la part de marché des voitures électriques a baissé en Europe pour la première fois depuis des années, avec 13,6 % du marché. Sur un marché automobile au ralenti, les modèles hybrides, plus sobres que les modèles à essence (qui représente 33,3 % du marché), moins chers que les électriques, ont pris 30,9 % de parts de marché.
À part les Scandinaves, les automobilistes européens hésitent encore à s’électrifier, freinés par le tarif des modèles à batterie mais aussi par la peur de la panne, faute de bornes de recharge en nombre suffisant au bord des routes. 2025 est « une année charnière », a souligné en janvier l’analyste Alexandre Marian de AlixPartners, spécialisé dans les missions d’excellence opérationnelle.
En 2024, les ventes de modèles électriques ont déjà été pénalisées en Allemagne par la suppression des aides à l’achat, tandis qu’elles ont progressé au Royaume-Uni (+21,4 %), devenu le premier marché électrique de la zone euro, notamment grâce à la mise en place d’objectifs de ventes ambitieux pour les constructeurs.
La Chine, leader du marché
Les ventes de voitures électriques ont progressé de 25 % dans le monde en 2024, avec une nette progression en Chine, selon les chiffres publiés par le cabinet Rho Motion. La Chine, leader mondial de la voiture électrique, continue de porter le marché avec 11 millions de véhicules vendus (+40 % sur un an). Le marché a aussi fortement progressé aux États-Unis et au Canada avec 1,8 million de voitures vendues (+9 %).
Mais à la hausse comme à la baisse, ces évolutions sont largement dues à des dispositifs gouvernementaux, comme des aides à l’investissement pour les entreprises, largement subventionnées notamment en Chine. Les primes à la casse et les bonus à l’achat sont aussi essentiels alors que les modèles électriques restent globalement plus chers que leurs équivalents hybrides ou à essence.
En Europe, les gouvernements ne placent plus désormais de dispositifs incitatifs « en haut de leur liste » et, parallèlement, les nouveaux modèles électriques des constructeurs gardent des tarifs élevés, souligne William Roberts de Rho Motion.
Et alors que les taxes européennes censées freiner les importations des constructeurs chinois comme BYD ou MG pourraient commencer à avoir des effets au premier semestre 2025, l’arrivée de la marque chinoise de Stellantis, Leapmotor, pourrait changer la donne avec une partie de la production de voitures réalisée en Europe.
Les Français de plus en plus dubitatifs sur les voitures électriques
Les Français hésitent de plus en plus à passer à la voiture électrique et restent sceptiques face à ses avantages éventuels, selon deux sondages réalisés par les instituts Ifop et CSA réalisés le 22 janvier 2025.
Près de 22 % des Français envisagent d’acheter une voiture électrique dans les prochaines années, contre 33 % en 2021, selon un sondage de l’Ifop commandé par Roole. 70 % considèrent au contraire que ce serait une mauvaise décision.
Dans les faits, après trois ans de forte progression, les ventes de voitures électriques neuves ont connu un premier ralentissement en France en 2024. Elles ont représenté 17 % des immatriculations, largement dépassées par l’explosion des modèles hybrides, qui remplacent l’essence.
« La grande majorité de la population n’est pas convaincue ou considère que c’est trop cher », et d’autres attendent de voir l’offre d’électrique évoluer d’ici 2035, date butoir pour la vente des voitures neuves thermiques en Europe. « En l’état, l’hybride apparaît comme la réponse la plus rassurante et crédible », souligne l’institut CSA.
Les objectifs du gouvernement français d’ici 2030
Le gouvernement a fixé un objectif de vente de deux tiers de voitures électriques d’ici 2030 lors de la présentation de la stratégie nationale bas-carbone par le ministère de la Transition écologique, fin 2024.
Il a également annoncé l’objectif d’avoir 15 % de voitures électriques dans le parc roulant du pays d’ici la fin de la décennie, alors qu’après quatre dernières années de hausse, les voitures électriques ne représentaient encore que 2,2 % début 2024.
Mais les ventes de modèles électriques neufs patinent depuis plusieurs mois et l’enveloppe consacrée aux bonus à l’achat devrait être nettement réduite en 2025, selon le projet de budget du gouvernement.
Une nette baisse du bonus confirmée
Le bonus à l’achat des voitures électriques va être presque divisé par deux en 2025, a confirmé le gouvernement, avec un risque de ralentissement du marché.
La subvention pour l’achat d’un véhicule électrique baissera à 2000 euros, contre 4000 euros actuellement, pour les ménages ayant un revenu fiscal de référence supérieur à 15.400 euros, principaux acheteurs d’électriques.
Le ministre délégué chargé des Transports, François Durovray, a souligné que « la France fait le choix de maintenir une aide alors que d’autres pays européens, notamment l’Allemagne, ont décidé de supprimer ces aides ».
« Ce n’est pas un coup de rabot, c’est un coup de massue », a condamné Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui représente constructeurs et grands équipementiers automobiles. « Au moment où on veut faire décoller la voiture électrique […] au moment où vous avez les réacteurs qui sont à fond, hop, on coupe le réacteur. L’avion s’écrase dans ces cas-là », a-t-il lancé sur BFM Business.
En parallèle, la France comptait fin octobre plus de 150.000 points de recharge pour voitures électriques ouverts au public, selon le baromètre publié par l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere-France). Ces points s’ajoutent aux 2 millions de bornes installées par des particuliers et des entreprises, selon les estimations d’Enedis. Malgré le climat morose de l’électrique en France, le gouvernement a pour ambition d’atteindre les 400.000 en 2030.
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