Ils dénoncent le « régime autoritaire et raciste » du président tunisien : plus de 270 universitaires, européens, américains ou tunisiens, réclament dans une pétition que Kais Saied soit déchu d’un titre honorifique décerné en 2021 par l’université italienne de La Sapienza.
Dans une lettre adressée à la rectrice de cette prestigieuse université publique de Rome, Antonella Polimeni, ils accusent le chef de l’État tunisien « de commettre de graves abus contre les migrants d’Afrique sub-saharienne qui résident ou transitent dans le pays ».
In a new letter to Rector Antonella Polimeni, more than 130 academics have joined these calls for @SapienzaRoma University to withdraw the honorary doctorate awarded to Kais Saied. Another letter was sent to her in January. https://t.co/L86fowIgvw pic.twitter.com/iZpg1gFP51
— Tunisians Against The Coup (@TunisiaCoup) August 4, 2023
Un contrôle du « flux d’immigrants » en question
Ils déplorent les affrontements entre Tunisiens et migrants qui ont « coûté la vie à un Béninois en mai et à un Tunisien le 3 juillet » à Sfax, deuxième ville de Tunisie devenue cette année le principal point de départ dans le pays pour l’émigration clandestine vers l’Europe.
Parmi les signataires, Mouna Balghouthi, coordinatrice tunisienne de l’ONG Mobilising for rights associates (MRA) et chercheuse en philosophie à l’université El Manar de Tunis, accuse le chef de l’État tunisien de vouloir « dépeindre un nouveau danger pour détourner l’attention des problèmes économiques et sociaux ».
« Le deuxième objectif est un acquiescement clair et complet aux demandes et pressions des autorités italiennes pour contrôler le flux d’immigrants », affirme-t-elle à l’AFP. Sana Ben Achour, militante féministe et professeur en droit public, ou encore le mathématicien français Cédric Villani ont également paraphé le texte.
Le 21 février, le président Saied avait dénoncé l’arrivée de « hordes de migrants » dans son pays lors d’un discours ponctué de remarques « racistes et xénophobes », selon ces pétitionnaires.
Un système ultra-présidentialiste sur la sellette
Ils condamnent par ailleurs ses réformes constitutionnelles « destinées à concentrer le pouvoir dans ses mains, à saper les fondations institutionnelles essentielles pour les droits humains, y compris à saper l’indépendance de la justice et le droit à la liberté d’expression ».
Ils demandent donc à La Sapienza de lui retirer son titre de docteur honoris causa décerné en juin 2021 pour « sa contribution décisive, scientifique et institutionnelle, à la cause du dialogue entre divers systèmes juridiques, dont le Droit romain est la matrice historique essentielle, fondé sur le respect réciproque et la valorisation des droits humains ».
Un peu plus d’un mois après la cérémonie honorifique tenue en sa présence à La Sapienza, Kais Saied s’était octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant son Premier ministre de l’époque et en gelant le Parlement.
Depuis ce coup de force, il dirige le pays par décrets. La Constitution qu’il a fait modifier par référendum à l’été 2022 a fortement réduit les pouvoirs du Parlement au profit d’un système ultra-présidentialiste. En outre, depuis février, une vingtaine d’opposants et personnalités ont été emprisonnés.
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