Depuis quelques années maintenant, plusieurs études confirment la tentation de l’exode urbain pour un grand nombre de Parisiens. En 2012 déjà, un sondage CSA/Provemploi portait à 1 sur 2 le nombre de Franciliens désirant s’installer en province. Si la tendance semble générale, elle vise plus particulièrement les cadres de la capitale. D’après une récente enquête de Cadremploi, huit cadres parisiens sur dix seraient concernés. 70% d’entre eux seraient insatisfaits par le temps de transport, 58% par le coût des loyers, 55% évoquent le cadre de vie et 46% aimeraient se rapprocher de la nature.
Trois quarts de ces actifs réfléchissant à l’exode aimeraient réaliser cette ambition dans les trois ans, en mettant fin à leur contrat de location ou en revendant leur logement. La vie culturelle et les possibilités de carrières promises par le bassin parisien ne seraient plus suffisantes pour eux, et une majorité d’entre eux serait prête à accepter des baisses de salaires ou à se reconvertir. Cependant, certains métiers ne peuvent s’exercer sans être présent en capitale ; c’est le cas des entreprises du CAC 40, des métiers calibrés comme les métiers de la finance, des médias ou de la publicité. Pourtant, l’évolution des métiers et des conditions de travail accompagne de plus en plus cet exode.
« Ils quittent Paris pour une autre ville, pas pour la campagne »
Benjamin Laplane, responsable Grand Ouest du cabinet Alter Solutions a quitté Paris en 2013, entre les deux réveillons de fin d’année, pour vivre à Nantes avec sa compagne. « À Paris, vous ne pouvez pas fonder une famille dans un deux-pièces. La banlieue prend, elle aussi, énormément de valeur », observe-t-il. Appartement plus grand, meilleur cadre de vie à proximité de la mer… le calcul a été vite fait pour l’ingénieur, à qui l’aventure « ne fait pas peur ».
Les arguments pour quitter la capitale se retrouvent d’une expérience à l’autre. Selon Antoine Colson, fondateur de Parcours France, « les Franciliens ont l’impression de vivre dans une cocotte-minute, d’être en partie dépossédés de leur vie, de leur quotidien. C’est en particulier le cas lorsqu’ils doivent lier un parcours professionnel et une vie personnelle. En général, les 35-45 ans veulent se lancer dans un projet immobilier, faire grandir leurs enfants dans un environnement sûr et mener une carrière de front, mais ils s’aperçoivent que tout cela est difficile à mener en région parisienne ».
Les Franciliens ont l’impression de vivre dans une cocotte-minute, d’être en partie dépossédés de leur vie, de leur quotidien.
-Antoine Colson
Entre 2008 et 2013, l’Insee avait enregistré le départ de près d’un million de Franciliens vers la province. D’après Sophie Ak, directrice marketing du site cadremploi.fr, « cette tendance n’est pas nouvelle, mais elle s’accélère. En 2009, changer était synonyme de risques. Aujourd’hui, les envies sont plus fortes. Cela permet de combattre la morosité ambiante, mais il n’y a pas de rupture totale : ils quittent Paris pour une autre ville, pas pour la campagne ».
Vent en poupe pour le Grand Ouest et le Sud-Ouest
Dans le classement des villes accueillant les Parisiens, c’est Bordeaux qui arrive en tête, suivie par Nantes, Lyon et Toulouse. Le Sud-Est apparaît moins demandé qu’il y a quelques années, au profit des Grand Ouest et Sud-Ouest, qui affichent un bon dynamisme économique. « En effet, la côte méditerranéenne est complètement congestionnée aujourd’hui, il y a une pression immobilière qui n’est pas éloignée de celle de la région parisienne et il réside une réputation du quart Sud-Est disant que les rapports sociaux ne sont pas forcément évidents. A contrario, les villes comme Nantes, des territoires comme la Vendée, les Pays de la Loire, la Bretagne sont préférés », note Antoine Colson.
Les villes de province scrutent elles aussi d’un œil attentif le départ des entrepreneurs talentueux de la capitale. Emmanuelle Ripert, directrice du développement économique de la mairie de Bordeaux, a lancé depuis trois ans « Osez Bordeaux », une campagne de communication mettant en avant les infrastructures et la modernité de la capitale girondine. D’après elle, « l’attractivité de la ville joue à plein auprès des trentenaires. D’autant que le coût de la vie est de 30% inférieur à celui de Paris. »
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