De pire en pire: à quelques semaines de sa renationalisation complète et à l’entrée d’un hiver compliqué, le géant électricien français EDF a annoncé jeudi un nouvel alourdissement de l’impact financier de sa baisse de production d’électricité nucléaire cette année.
Le groupe estime que la baisse record de sa production électrique va désormais peser à hauteur de 32 milliards d’euros sur son excédent brut d’exploitation (Ebitda), une mesure de rentabilité, au lieu des 29 milliards d’euros annoncés en septembre, et 24 milliards en juillet.
EDF a dégradé ses prévisions financières en tenant compte de « l’estimation de production nucléaire en France pour 2022 dans le bas de la fourchette 280-300 TWh et des prix à terme 2022 au 7 octobre 2022 ».
Un contexte difficile
La situation financière du groupe est plombée par sa baisse de production électrique, tombée à un plus bas historique, en raison de l’indisponibilité de près de la moitié des 56 réacteurs du parc nucléaire, à l’arrêt pour des maintenances prévues ou des problèmes de corrosion soupçonnés ou avérés.
« La production nucléaire en France pendant les 9 premiers mois s’établit à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu’à la même période en 2021 », a précisé EDF.
EDF ne pouvait guère compter par ailleurs sur les barrages: sur 9 mois, la production hydraulique s’élève à 24,9 TWh, une baisse de 8,6 térawattheures (TWh) par rapport à 2021 en raison d’une capacité « historiquement faible », conséquence de la baisse du niveau des retenues d’eau liée à la sécheresse.
La grève pendant plusieurs semaines dans les centrales a aussi aggravé la baisse de production, EDF précisant que « l’impact (du mouvement) est à l’étude », selon le communiqué du groupe.
Le groupe EDF, détenu à 84% par l’État et bientôt renationalisé à 100%, a annoncé par ailleurs un chiffre d’affaires en hausse de 78% sur 9 mois à 101,5 milliards d’euros contre 57 milliards par rapport à la même période en 2021.
Dans le contexte de difficultés qui touchent les fournisseurs d’énergie alternatifs, face à la flambée des coûts sur les marchés, EDF voit de plus en plus de clients revenir chez l’opérateur historique: plus de 939.000 nouveaux contrats d’énergie (gaz et électricité) en net sur douze mois.
Un nouveau patron très attendu
Une bonne nouvelle dans cette année noire ? Pas forcément. « Ce retour de clients » aura un impact négatif sur la rentabilité « compte-tenu de l’achat des volumes correspondants sur le marché à prix très élevés », met en garde EDF. Dans ce contexte morose pour l’entreprise, l’arrivée du nouveau PDG de l’entreprise Luc Rémont est très attendue, et le gouvernement veut aller vite.
M. Rémont, dont la candidature proposée par l’Elysée a été validée mercredi par le Parlement, doit ainsi prendre les rênes de l’entreprise lourdement endettée plus tôt que prévu, à compter de « mi-novembre », selon le souhait exprimé par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire jeudi matin.
Il est « la bonne personne au bon moment et nous allons faire en sorte qu’il puisse prendre ses fonctions le plus rapidement possible, c’était prévu fin novembre, pour des raisons d’audition (devant le Parlement), il les a passées maintenant sans difficulté (…) nous souhaitons qu’il puisse entrer en fonction mi-novembre, pour accélérer le processus », a dit le ministre sur BFM Business.
M. Rémont a en effet passé son grand oral mercredi devant les commissions économiques du Sénat et de l’Assemblée nationale, qui ont émis un avis favorable à sa nomination.
L’actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric, 53 ans, doit succéder à Jean-Bernard Lévy qui était aux manettes d’EDF depuis 2014. Le départ anticipé de celui-ci a été annoncé cet été en même temps que la renationalisation d’EDF.
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