Cent mètres carrés de feuilles d’or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s’apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la « Bonne Mère », statue de la vierge à l’enfant emblématique de la ville.
« C’est la chance d’une vie » d’avoir pu étudier « depuis la fin des années 1990 jusqu’à aujourd’hui » cette basilique, raconte l’architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.
« On est enfin arrivés au plus haut, au plus précieux, au plus important », ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.
Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.
La dorure abîmée par le mistral, l’air marin et la pollution industrielle
« Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l’œil », explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l’étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la « Bonne-Mère », au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.
Après l’installation pendant plusieurs semaines d’un échafaudage enveloppé d’une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l’été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l’air marin et la pollution industrielle. « La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans », explique à l’AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.
« La vierge, c’est la mère, c’est l’enfant, c’est très méditerranéen, c’est l’amour »
Et de rappeler que la « Bonne Mère » est « véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l’autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d’espérance, de la joie ».
« La vierge, c’est la mère, c’est l’enfant, c’est très méditerranéen, c’est l’amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer », s’enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.
Des mécènes et un appel aux particuliers pour financer ces 30.000 feuilles d’or
En amont du chantier, le diocèse de Marseille, propriétaire de l’édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d’or nécessaires
Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l’armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard. Des instances locales et régionales vont également soutenir financièrement le programme de rénovation.
Un budget de 2,8 millions d’euros pour Notre-Dame de la Garde
« Ce qui est important pour nous, c’est que tout le monde puisse donner », explique Édouard Detaille, responsable du financement du projet, dont le budget s’élève à 2,8 millions d’euros.
Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur « l’importance symbolique de Notre-Dame de la Garde », assurant que la « Bonne Mère » évoquait aux Marseillais des valeurs d’accueil et de dignité. Marseille est « une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d’ailleurs (…) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption », avait détaillé le cardinal.
Avant les doreurs : des tailleurs de pierre et des ferronniers d’art
Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.
« Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d’autres sur le fer, avant l’arrivée des doreurs » au mois d’août, explique Xavier David.
Une douzaine de doreurs travailleront « dans une sorte d’atmosphère stérile » à l’intérieur de l’échafaudage recouvert de la bâche.
La plus grande statue au monde réalisée en « galvanoplastie »
La statue a été réalisée au XIXe siècle en « galvanoplastie », qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.
Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, « qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte », explique l’architecte. « A la condition qu’on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans. »
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