NEW YORK – Des danses du dragon, un gracieux défilé de femmes habillées de tenues traditionnelles chinoises et le tonnerre des tambours et des cuivres d’une fanfare ont ouvert le 23 avril une marche de plus de 1 000 personnes qui a animé les rues du quartier chinois de Flushing. Les participants – principalement des membres du mouvement bouddhiste Falun Gong, persécuté en Chine – réalisaient avec cette manifestation colorée une de leurs impressionnantes mobilisations invitant les diasporas chinoises à voir sous un jour nouveau cette discipline méditative – et surtout à remettre en cause les informations diffusées par la propagande du régime communiste chinois.
Guo, un vieil homme originaire du nord-est de la Chine, un des premiers passants interrogé, reste bouche bée. « On ne peut rien voir de tel en Chine », explique-t-il. « Personne n’ose parler ouvertement [du Falun Gong]. Tout le monde sait que c’est une bonne chose, mais les médias chinois n’en parlent pas, et c’est difficile de savoir la vérité. »
Le 25 avril 1999
Organisée par les pratiquants de Falun Gong de New York, la manifestation marquait le 17e anniversaire d’un événement qui a été un tournant pour la Chine contemporaine : l’appel pacifique du 25 avril 1999. Ce jour-là, plus de 10 000 pratiquants du Falun Gong, inquiets de voir leurs libertés restreintes par le régime, s’étaient calmement rassemblés à Pékin devant le Zhongnanhai, quartier général des autorités communistes chinoises. Celles-ci, pourtant mobilisées par le dixième anniversaire des massacres de la place Tiananmen, ont été choquées de n’avoir pas pu anticiper et prévenir cette mobilisation.
Malgré les garanties données aux pratiquants du Falun Gong par le Premier ministre modéré Zhu Rongji et par les médias officiels, le Parti communiste lançait donc le 20 juillet suivant, une campagne nationale d’arrestations de masse, d’incitation à la haine, de torture et d’assassinats avec pour but d’éradiquer complètement le Falun Gong. Cette campagne continue aujourd’hui et aurait fait plusieurs centaines de milliers de victimes.
Une diaspora chinoise partagée
Parmi les spectateurs de la manifestation de New York, deux types de réactions se côtoyaient : des avis opposés au Falun Gong et soutenant les autorités communistes d’un côté, et des marques de soutien au mouvement et à la liberté de croyance de l’autre.
« Bien sûr que je les soutiens », dit Mme Li, une femme énergique regardant avec son fils les manifestants défiler. « Ce qu’ils portent sont des valeurs universelles. Je pense que tout le monde devrait les soutenir. »
« Moi j’aime le Falun Gong. Je suis une personne directe, j’aime être directe », ajoute Mme Zhao, une quadragénaire arrivée aux États-Unis il y a une vingtaine d’années, devant les caméras de NTD Télévision. « Regardez un peu comment le Parti communiste détourne l’argent et met tout en désordre. Je sais que ce que dit le Falun Gong est vrai. Quand j’étais en Chine je ne savais rien, j’étais maintenue dans l’ignorance. »
On ne peut rien voir de tel en Chine.
– M. Guo, habitant de Flushing
Sur la vingtaine de personnes approchées par Epoch Times pour un interview, une femme a exprimé de fortes réserves sur le Falun Gong, répétant les arguments ressassés par les médias d’État chinois. Alors que le ton de sa voix montait, M. Zhang, un homme d’affaires du Sud de la Chine, a interrompu la discussion : « Moi je trouve ce rassemblement très bien, très sain. Si on regarde les choses de façon neutre, il n’y a rien de mal à tout cela. »
Zhang, dont la voix forte a provoqué le rassemblement de plusieurs autres Chinois et presque une réunion de quartier, rappelle qu’avant le début de la persécution, tout le monde pouvait voir quotidiennement la méditation du Falun Gong dans les parcs et jardins. Selon lui, le régime chinois a utilisé « l’appel du 25 avril » comme prétexte pour accuser le Falun Gong d’être un mouvement anti-gouvernemental et dangereux.
« Leur message d’authenticité, bienveillance, patience m’a fait forte impression », explique M. Zhang, citant les principes de la pratique de Falun Gong. « Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas que le Parti communiste est la plus grande escroquerie de la planète. Quand le parti tue des gens, ils l’acceptent, quand le Parti échoue dans ses réformes, ils l’acceptent, et quand le Parti fait des erreurs, ils l’acceptent aussi. »
Après la marche des manifestants, les participants se sont rassemblés pour écouter une dizaine d’intervenants raconter la façon dont ils avaient vécu les premiers mois de 1999, et la persécution qui y avait fait suite.
Le point de vue des pratiquants du Falun Gong
L’appel du 25 avril 1999 avait été déclenché par l’arrestation de 45 pratiquants du Falun Gong dans la ville portuaire de Tianjin, à 70 kilomètres de Pékin. Ils avaient protesté contre un article diffamatoire dans la presse officielle – un élément parmi d’autres qui démontrait que la répression était déjà en train de se préparer. Li Linlin, une pratiquante de Falun Gong, était alors étudiante dans la ville de Nanjing. À ce moment, dit-elle, les pratiquants en Chine avaient une motivation simple : montrer la nature pacifique et respectable du Falun Gong. « Après cet incident, nous nous sommes sentis maltraités, nous espérions recevoir l’aide du gouvernement et clarifier ce qui s’était passé. À l’époque, je ne pensais pas au despotisme du parti, je savais juste que nous voulions un environnement pour continuer notre pratique. »
« Quand j’étais en Chine je ne savais rien, j’étais maintenue dans l’ignorance. »
– Mme Zhao, habitante de Flushing
Malgré le souvenir encore récent des massacres de la place Tiananmen en 1989, beaucoup pensaient que le régime légitimerait le Falun Gong, qui n’avait ni revendication politique ni structure hiérarchique et avait été largement soutenu par le sommet de l’État chinois. Des milliers de pratiquants de la province de Jiangsu, y compris madame Li, s’étaient donc rendus au siège du gouvernement provincial à Nanjing le 27 avril 1999, pour soutenir l’initiative des pratiquants de Pékin. La même chose s’était produite dans plusieurs autres capitales provinciales.
Madame Chen Xianyu, 77 ans, pratiquait le Falun Gong depuis 1993 et avait participé à la manifestation devant le Zhongnanhai : « Je savais que la pratique de cette méditation est bonne, et j’en avais bénéficié aussi bien physiquement que spirituellement. Je devais bien sûr dire au gouvernement ce que je pensais, et garantir notre droit à pratiquer », commente-t-elle.
Et en 2016 ?
Depuis quelques années, même si le Parti communiste n’a pas rétabli le Falun Gong dans ses droits, l’attitude de la diaspora chinoise a considérablement changé de celle des premières années, durant lesquelles le sujet du Falun Gong et de sa persécution étaient tabous. M. Guo dit être impressionné par la croissance du Falun Gong hors de Chine : « Je connais plusieurs pratiquants de Falun Gong qui m’ont dit que beaucoup de personnes de toutes nationalités le pratiquent. Je ne les ai pas crus au départ, mais je vois maintenant que ce qu’ils m’ont dit était en dessous de la réalité », dit-il. « Il y a tellement de gens qui pratiquent cela, et même des occidentaux. »
« Je pense que la liberté de croire est un droit », commente un passant nommé Fan, cité par la NTD. « Tout le monde a ses propres croyances, il est effrayant qu’une nation perde le droit à la foi. »
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