Venues de l’étranger au chevet d’un blessé ou pour reconnaître un corps, les familles des victimes – souvent jeunes – de l’accident meurtrier d’un bus survenu mardi soir à Venise ont commencé à arriver mercredi dans la Cité des Doges, où elles ont aussitôt été prises en charge par des médecins et des psychologues.
À l’hôpital Dell’Angelo, situé à Mestre, la localité de Venise où a eu lieu la tragédie, six rescapés, blessés ou en état de choc, ont été admis. Certains de leurs proches sont arrivés dans la journée, tenus à l’écart des médias, a constaté un journaliste de l’AFP. D’autres blessés ont été transportés vers des hôpitaux proches, à Padoue et Trévise notamment. La région de Vénétie (nord-est de la péninsule) a fait appel à des interprètes, en espagnol, français et allemand notamment.
Le bus s’est précipité d’un pont pour s’écraser dix mètres en contrebas, près d’une voie ferrée, faisant 21 morts dont deux enfants. Les circonstances précises de l’accident ne sont pas encore connues, même si l’hypothèse privilégiée est celle d’un malaise du conducteur. Face à cette tragédie, Venise a décrété un deuil de trois jours, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments officiels et des livres de condoléances ouverts.
Le bus accidenté transportait une quarantaine de touristes étrangers qui venaient de visiter le centre historique de la Sérénissime sur la lagune et retournaient dans leur camping sur la terre ferme, peu après 19h30 (17h30 GMT).
Boubacar Touré, un ouvrier de 27 ans originaire de Gambie travaillant sur un chantier proche du site de l’accident, a raconté à la presse avoir aidé les pompiers à sauver des passagers. « J’ai extrait trois ou quatre personnes parmi lesquelles une fillette, et aussi un chien. Le chauffeur était déjà mort », a-t-il témoigné. Son collègue nigérian, Godstime Erheneden, 30 ans, a raconté avoir entendu une femme hurler en anglais : « Ma fille, ma fille ! », l’implorant de sauver sa fille. « J’ai vu alors une petite qui devait avoir deux ans. Moi, j’ai un fils d’un an et dix mois, je me suis dit que ça aurait pu être lui ».
L’épave du bus, un véhicule électrique E12 de la marque chinoise Yutong, a été enlevée à l’aube. Ses batteries ont pris feu après l’impact, mais selon un responsable des pompiers locaux interrogé mercredi par l’AFP sous couvert de l’anonymat, rien ne permet d’affirmer que ce facteur a ralenti les secours.
Un Français parmi 15 blessés
Les enquêteurs cherchent toujours à identifier les victimes qui ne portaient pas sur elles de documents d’identité, en effectuant des tests ADN et des recoupements avec les registres du camping où elles séjournaient. Le bilan encore provisoire est de 21 morts, dont un enfant d’un an et un adolescent, et 15 blessés, dont cinq dans un état grave, a confirmé à la mi-journée le préfet de Venise Michele Di Bari lors d’une conférence de presse.
Parmi les morts identifiés « figurent cinq Ukrainiens, un Italien qui est le chauffeur, un Allemand », a-t-il précisé. « Parmi les blessés, qui sont au nombre de 15, il y a quatre Ukrainiens, un Allemand, un Français, un Croate, deux Espagnols », et « quatre doivent encore être identifiés ». Kiev a de son côté fait état de quatre Ukrainiens tués et quatre blessés.
« Les blessés sont tous jeunes et tous étrangers », a témoigné une urgentiste, Federica Stella, qui a participé aux secours. Parmi eux, deux frères de nationalité allemande âgés de 7 et 13 ans, dont les parents ont péri dans l’accident, ont été hospitalisés à Trévise pour des fractures, selon le site Open.online.
« Une tragédie annoncée »
La principale hypothèse pour le moment est que le chauffeur du bus, un Italien de 40 ans, a été pris d’un malaise, selon les autorités locales. Une vidéo prise d’une caméra du réseau public de télésurveillance semble écarter la piste d’un excès de vitesse, le bus roulant normalement avant de chuter.
Pour Domenico Musicco, président de l’Association des victimes d’accidents de la route au travail, l’état de la chaussée est clairement en cause. « C’est une tragédie annoncée », a-t-il déclaré à l’AFP. « Ce rail est fait pour une route de campagne alors qu’ici on avait besoin d’équipements de nouvelle génération qui auraient pu empêcher le bus de tomber ». « L’entretien des routes italiennes est médiocre. On investit trop peu dans la sécurité routière. On estime à 30% le nombre d’accidents dû à cela », a-t-il rappelé.
Le plus grave accident de ce genre en Italie à ce jour s’était produit le 28 juillet 2013, lorsqu’un autocar transportant une cinquantaine de passagers italiens était tombé d’un viaduc près de Naples, faisant 40 morts.
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