Les Européens, la Russie et la Chine, pressés de faire des propositions concrètes pour garantir la survie de l’accord sur le nucléaire, rencontrent vendredi à Vienne les responsables iraniens avec une « offre » qu’ils estiment suffisamment « attractive » pour que Téhéran reste engagé dans le pacte. « Nous formulons une offre que nous trouvons attractive » pour que l’Iran puisse continuer à commercer avec les entreprises européennes en dépit du retour annoncé des sanctions américaines, a déclaré à la presse le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Mass, avant le début de la réunion dans la capitale autrichienne qui a commencé vers 09h00 GMT.
Mais le président iranien Hassan Rohani a tempéré les attentes et fait monter la pression dès la veille de la rencontre des chefs de la diplomatie des cinq puissances restant partie à l’accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie) avec leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Le paquet de mesures « ne répond pas à toutes les exigences de la République islamique », a indiqué M. Rohani au président français Emmanuel Macron lors d’un échange téléphonique, selon l’agence de presse officielle iranienne Irna.
« Ce ne sera pas la dernière discussion » sur ce sujet entre l’Iran et ses partenaires, a reconnu M. Mass, admettant également que les Européens « ne pourraient pas tout compenser ». Mais ils veulent « montrer à l’Iran qu’un retrait aurait plus de désavantages qu’un maintien » dans le pacte, a-t-il ajouté. L’Iran tente d’obtenir des pays européens des compensations économiques au désengagement fracassant des Etats-Unis qui ont dénoncé l’accord début mai, le jugeant trop laxiste. Téhéran a menacé à plusieurs reprises de reprendre l’enrichissement d’uranium.
Le pacte historique de 2015 soumet l’Iran à un strict contrôle de ses activités nucléaires visant à empêcher le pays d’accéder à l’arme atomique. La contrepartie de l’accord pour l’Iran fut la levée des sanctions économiques internationales avec la perspective de nouveaux investissements. Or depuis que le gouvernement américain de Donald Trump a dénoncé le texte, la perspective du retour des sanctions américaines a commencé à faire fuir les investisseurs étrangers. Le constructeur automobile français Peugeot, l’armateur danois de navires pétroliers Maersk Tankers se préparent à quitter le pays. Le Français Total risque de retirer d’un projet de développement du vaste champ gazier iranien Pars Sud.
La rencontre de vendredi doit donner « une impulsion » en vue de protéger les intérêts des acteurs économiques, avait annoncé le vice-ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Riabkov. Téhéran ne cache pas son impatience. « Le temps des négociations arrive à son terme », avait prévenu début juin le président du Parlement iranien, Ali Larijani. Dans sa liste de conditions présentées fin mai, le guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a notamment demandé une garantie sur les ventes iraniennes de pétrole et sur les transactions commerciales.
L’Europe se retrouve ainsi sous une double pression, celle de Téhéran qui a besoin d’investissements étrangers pour remettre à flots son économie, et celle de Washington qui pourrait s’en prendre à ses entreprises et les priver d’accès au marché américain. Le chef de la diplomatie allemande n’a pas détaillé le contenu de l’offre européenne, citant des propositions déjà connues: une loi dite « de blocage », dont les effets sont incertains, visant à contrer les effets des sanctions américaines sur les entreprises européennes voulant investir en Iran; un mandat élargi de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour soutenir les investissements européens en Iran.
« Nous essayons maintenant de voir les possibilités de maintenir ouverts les canaux de paiement avec l’Iran », a ajouté M. Mass. Signe de l’urgence, alors que les premières sanctions américaines doivent être réimposées début août, le président iranien Hassan Rohani était à Genève et à Vienne cette semaine où il a plaidé pour la sauvegarde de l’accord. « Tant que c’est possible pour l’Iran, nous resterons partie à l’accord, nous ne quitterons pas le JCPOA (le sigle officiel de l’accord, ndlr), à la condition que nous puissions aussi en profiter », a dit ce conservateur modéré réélu en 2017.
DC avec AFP
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