Au début de 1918, alors que la Première Guerre mondiale entrait dans sa dernière année, le virus H1N1 de la grippe A a infecté des millions de personnes, provoquant la pandémie de grippe espagnole. En avril 1920, après quatre vagues et près de 100 millions de décès, cette pandémie a pris fin. Le virus H1N1 est devenu beaucoup moins mortel et ne provoquait plus qu’une grippe saisonnière ordinaire. Il est devenu un virus endémique.
Est-ce que l’histoire va se répéter ? Après deux ans de pandémie du Covid-19 et quatre vagues de variants différents, le virus SRAS-CoV-2 deviendra-t-il un virus endémique ?
Une bonne nouvelle
Après la publication de mon récent article intitulé « Omicron pourrait signer la fin de la pandémie cet hiver », des lecteurs m’ont demandé si je pouvais citer des publications évaluées par des pairs pour étayer mon pronostic selon lequel on arrivait à la fin de pandémie du Covid-19. Bien sûr, puisque la vague du variant Omicron est toujours là, mon pronostic ne peut être considéré que comme une prédiction éclairée. Cependant, les choses se présentent plutôt bien.
La semaine dernière, plusieurs analyses publiées allaient dans le même sens : l’Omicron se propage rapidement, mais il est moins pathogène. Aucune de ces analyses n’a encore été examinée par les pairs, car un tel examen prend du temps.
Que suggèrent donc ces nouvelles données ? La propagation d’Omicron pourrait-elle mettre fin à la pandémie ? On sait que les vagues vont et viennent. Pour que la vague d’Omicron soit la dernière, il faut que ce variant soit capable de stimuler une immunité forte et durable contre d’éventuels futurs variants.
Immunité des cellules T et vaccination
L’espoir d’une immunité durable repose sur les réactions protectrices des cellules T. Dans mon article précédent, je citais une étude de l’université du Cap montrant qu’une réaction de longue durée des cellules T, induite soit par la vaccination soit par une infection naturelle, indique que ces cellules reconnaissent l’Omicron. Les auteurs de l’étude ont conclu que l’immunité des cellules T contre l’Omicron est susceptible de contribuer à la protection contre les formes sévères du Covid-19 causées par d’autres variants.
Toutefois, il s’avère que les réactions des cellules T ne sont pas toutes identiques. Nous savons aujourd’hui que, bien que les vaccinations à base de protéines S (Spike) stimulent les réactions des cellules T, ces réactions n’induisent pas de protection. C’est pourquoi, même si le monde avait un taux de vaccination élevé en novembre dernier, la vague d’Omicron s’est tout de même produite.
Une protection plus forte
Le 10 janvier, la revue scientifique Nature a publié un article évalué par les pairs et intitulé « Cross-reactive memory T cells associate with protection against SARS-CoV-2 infection in COVID-19 contacts ». Soumis à Nature par des scientifiques de l’Imperial College de Londres il y a cinq mois, l’article examinait les épitopes (très petits fragments de protéines) de cellules T de différentes protéines du SRAS-CoV-2 (S, N, E et ORF1) du point de vue de leur réactivité envers d’autres espèces de coronavirus humains. Lorsque j’ai lu cet article, j’ai été particulièrement intéressé par son analyse concernant les protéines non Spike (N et ORF1) et la réactivité croisée des épitopes des cellules T de ces protéines par rapport aux virus du SARS-CoV-2 et du huCoV (coronavirus humain). Ces nouvelles informations pourraient mettre en lumière les détails de la protection immunitaire croisée des cellules T par rapport à ces virus.
En d’autres termes, si les épitopes de la protéine N du rhume ordinaire ont pu induire une immunité protectrice des cellules T à long terme contre le SRAS-CoV-2, alors l’infection par l’Omicron – ayant de nombreux épitopes de la protéine N – devrait également être capable d’induire une immunité similaire des cellules T et d’assurer une protection plus forte contre toute infection future par un variant du SRAS-CoV-2.
Autrement dit, si vous pouvez reconnaître un cousin éloigné dans une foule, vous pouvez certainement repérer votre frère juste à côté de vous.
La lumière au bout du tunnel
Depuis environ un an, les scientifiques discutent de la possibilité que le SRAS-CoV-2 rejoigne les quatre autres coronavirus humains en tant que virus endémique.
Le SRAS-CoV-2 est le septième coronavirus qui infecte les êtres humains. Il y a également le coronavirus de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), les coronavirus de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV et SRAS-CoV-2), et les quatre autres virus endémiques qui causent le rhume (OC43, HKU1, 229E et NL63).
Dans un article évalué par les pairs, intitulé « Immunological characteristics govern the transition of COVID-19 to endemicity » et publié dans la prestigieuse revue Science en février 2021, des scientifiques de l’université d’État de Pennsylvanie et de l’université Emory ont expliqué que tous les coronavirus humains suscitent une immunité avec des caractéristiques similaires. La pandémie de Covid-19 provient du fait que les humains n’ont jamais fait face au SRAS-CoV-2 auparavant. Une fois qu’une infection généralisée se produit dans le monde (comme la vague d’Omicron), le virus finira par circuler de manière endémique, ce qui signifie que des infections peuvent encore se produire, mais avec des symptômes plus légers et une mortalité bien inférieure.
Il y a deux raisons qui expliquent pourquoi le passage de la pandémie à l’endémie ne s’est pas produit avant l’Omicron : 1) tous les vaccins largement utilisés sont basés sur la protéine Spike qui n’induit pas de réaction protectrice des cellules T de longue durée, et 2) l’immunité naturelle n’était pas répandue.
L’article de Nature a révélé que des cellules T protectrices sont induites par l’infection par le SRAS-CoV-2. Par conséquent, on peut supposer qu’une plus grande propagation de l’infection par l’Omicron induira un plus large éventail de réactions immunitaires de cellules T, offrant par la suite une protection plus étendue contre d’éventuels futurs variants du SRAS-CoV-2. Ainsi, nous sommes probablement très près de pouvoir dire adieu à la pandémie du Covid-19.
Toutefois, bien que nous devions garder à l’esprit que nous ne sommes pas encore sortis de l’ornière et que des gens souffrent toujours, je reste optimiste et je pense que nous commençons à voir la lumière au bout du tunnel.
Nous devons également nous rappeler que même lorsque nous aurons dit adieu au Covid-19, nous ne serons probablement pas complètement débarrassés du SRAS-CoV-2. Même la grippe saisonnière tue plus d’un demi-million de personnes dans le monde chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé. Et un autre virus endémique risque d’alourdir la charge des systèmes de santé de différents pays.
Cependant, comme je l’ai noté dans mon précédent article, la bonne nouvelle est que l’Omicron, en tant que virus moins virulent, peut lui-même être considéré comme un « vaccin atténué » vivant – ce genre de vaccin a montré de très bons résultats parmi tous les vaccins. Les vaccins atténués ont été largement utilisés pour combattre environ 11 maladies – en particulier la rougeole, les oreillons, la varicelle et la polio. Jusqu’à présent, aucune de ces maladies ne s’est propagée de manière incontrôlée après des décennies de vaccination.
Espérons qu’Omicron se comportera comme ses autres cousins vaccins atténués et, avec un peu de chance, aucun autre variant du SRAS-CoV-2 n’émergera dans le futur pour devenir une pandémie.
Joe Wang, docteur en médecine, a été l’un des principaux scientifiques chargés du projet du vaccin contre le SRAS de Sanofi Pasteur en 2003. Il est maintenant président de la chaîne de télévision New Tang Dynasty TV (Canada), média partenaire d’Epoch Times.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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