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Affaire Fiona : quatrième procès devant la cour d’assises du Rhône à Lyon

décembre 2, 2020 17:50, Last Updated: décembre 5, 2020 10:20
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Accusée d’avoir tué sa fille  âgée de cinq ans en mai 2013 avec son ex-compagnon Berkane Makhlouf, Cécile Bourgeon comparaît en appel pour un quatrième procès depuis le 1er décembre à Lyon, devant la cour d’assises du Rhône.

Sept ans après le décès de Fiona, on ne sait toujours pas comment ni quand la fillette de 5 ans est morte, ont témoigné mercredi 2 décembre à Lyon des enquêteurs lors du quatrième procès de sa mère et de son ex-compagnon. Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon sont rejugés en appel depuis mardi aux Assises du Rhône pour la mort de la petite Fiona en mai 2013, que les accusés avaient prétendu dans un premier temps enlevée dans un parc de Clermont-Ferrand.

« On ne sait toujours pas comment elle est morte. Moi, je n’ai qu’une référence : le médecin légiste. Et là, pas de corps », souligne à la barre l’ancien commissaire François Bernard, l’un des directeurs de l’enquête. « Dans cette affaire, il y a des ‘blancs’ qui n’ont pu être comblés » en raison de l’absence de corps et « de mensonges répétés avec aplomb ». « Une stratégie du couple pour tromper tout le monde, avec une volonté obstinée, jusqu’au boutiste », affirme-t-il.

Un hématome sur le visage de l’enfant

Pour le policier, aujourd’hui retraité, « une seule certitude : Fiona était vivante le mercredi 8 mai 2013 », comme en attestent la vidéosurveillance et des témoins qui ont vu ce jour-là la fillette dans un centre commercial et un cinéma de Clermont-Ferrand, où vivait la famille. « L’enfant présentait alors un hématome au visage qu’un bandeau tentait de dissimuler », explique M. Bernard. Ensuite, aucune preuve de vie. « Il reste une grande marge d’incertitude sur la date de la mort de la petite fille, aucun témoin ne l’ayant plus aperçue ».

En septembre, la mère de Fiona finira par avouer en garde à vue que sa fille est morte dans la nuit du samedi au dimanche, après un coup mortel porté selon elle par son ex-compagnon, et qu’ils l’ont enterrée dans une zone boisée. Les recherches menées sur 300 km2 avec de très gros moyens, y compris un recours à l’armée, n’ont rien donné.

Manque d’affect

Avant ces aveux, Cécile Bourgeon avait « stupéfié les enquêteurs par son détachement, son manque d’affect », raconte le commissaire. « C’est seulement devant la presse qu’elle jouait les mères éplorées et a ému le public »… Avant que la manipulation ne soit dévoilée.

Les écoutes téléphoniques témoignent que dans le même temps, « elle se préoccupe de savoir si elle a grossi, si telle robe lui va bien » avant de se mettre en scène face aux caméras, se souvient-t-il. Berkane Makhlouf surjouera lui aussi l’inquiétude devant leur domicile. Le couple s’indigne alors également « de la lenteur de la police pour retrouver Fiona ».

Mai 2013, Cécile Bourgeon, mère de Fiona. (Photo : THIERRY ZOCCOLAN/AFP via Getty Images)

Ce que révèleront d’autres écoutes, quand le couple aura déménagé en juillet 2013 à Perpignan, c’est qu’ils entretiennent dans leurs conversations la fiction de l’enlèvement. « Cécile Bourgeon se doutait qu’ils étaient sur écoute. C’était pour piéger la police », estime à la barre le commissaire Clément Maurice, superviseur de l’enquête au SRPJ de Clermont-Ferrand à l’époque.

Huis clos familial et mensonges

Autre découverte troublante : dans l’historique de l’ordinateur de Cécile Bourgeon, avant la disparition de Fiona, on retrouve un article sur un enlèvement d’enfant dans un parc de Marseille. Copie conforme de l’histoire élaborée par le couple.

On a pensé à un moment qu’ils avaient pu se débarrasser du corps dans une poubelle, explique-t-il. Un témoin affirmait avoir vu le beau-père de Fiona transporter un grand sac vers le conteneur d’une résidence voisine. Les fouilles, avec l’aide de chiens, sont restées vaines et ce témoignage n’a pas pu être recoupé.  « On n’a réussi à percer qu’une partie du mystère », déplore le commissaire. La complexité de cette affaire, « c’est que tout s’est passé dans le huis clos familial et la propension au mensonge des accusés ».

Pendant sa garde à vue, Berkane Makhlouf avait subtilisé le téléphone portable d’un policier et laissé dans la nuit un message à sa compagne, elle aussi en garde à vue :  « J’ai dit comme toi… »

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