La communauté scientifique est en ébullition. Tout à coup, les visages connus de la pandémie de coronavirus sont de nouveau sur toutes les chaînes allemandes : Drosten, Buyx, Eckerle, Schmidt-Chanasi, Stöhr…
La société de virologie a publié le 7 mars une prise de position : les expériences « gain de fonction ‘à haut risque’ restent cependant importantes, car les virus dans la Nature présentent une grande diversité, également dans leur dangerosité pour l’homme. Sans connaissances sur la dangerosité de certains virus présents dans la Nature, nous serons exposés sans y être préparés à des épidémies d’infections virales potentiellement mortelles et à de nouvelles pandémies ».
Mais d’abord, reprenons depuis le début. Que s’est-il passé ?
Selon les médias, le service fédéral allemand de renseignement (BND) estime qu’il est probable qu’un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine, soit à l’origine de la pandémie mondiale de coronavirus. Les services secrets allemands seraient parvenus à cette conclusion dès 2020, rapportent le Zeit et le Süddeutsche Zeitung. L’évaluation s’appuyait sur l’analyse de données publiques et surtout d’informations obtenues dans le cadre d’une opération de renseignement portant le nom de code « Saaremaa ».
Il s’agit entre autres de données scientifiques provenant d’instituts de recherche chinois, dont l’un des principaux instituts chinois de recherche sur les virus. Outre des indications sur des expériences risquées dites de « gain de fonction » – la modification artificielle de virus existant dans la Nature -, le dossier prouverait également de nombreuses violations des règles de sécurité en laboratoire.
La chancellerie allemande était au courant
C’est la Chancellerie qui avait donné l’ordre d’enquêter sur l’origine du nouveau virus SARS-CoV-2. Alors qu’Angela Merkel (Union chrétienne-démocrate) était encore au pouvoir, le président du BND, Bruno Kahl, avait personnellement informé la Chancellerie de l’opération de renseignement et de l’évaluation effectuée par le service. Selon le rapport, la thèse du laboratoire a été évaluée à une probabilité de « 80-95 » %.
La Chancellerie aurait toutefois décidé de garder sous clé cette évaluation explosive. Angela Merkel s’est entre-temps exprimée auprès du Berliner Zeitung et a déclaré qu’elle rejetait « fondamentalement » toute dissimulation sur l’origine du coronavirus.
Le magazine Multipolar écrit à ce sujet : « Les connaissances du BND sur le virus de laboratoire ont probablement été à l’origine de la revalorisation à la hausse de l’évaluation des risques en mars 2020. Le chef du RKI (Institut Robert-Koch), Lothar Heinz Wieler, et le chef du BND, Bruno Kahl, étaient en outre de ‘vieux amis’, comme l’avait déjà révélé en 2021 Georg Mascolo, qui avait lancé l’histoire actuelle. »
Une étude de l’université de Hambourg a abouti à un résultat similaire en 2021
Indépendamment du rapport du BND, une étude sur l’origine de la pandémie de coronavirus menée par Roland Wiesendanger est arrivée à une conclusion similaire début 2021. Ce professeur de physique de Hambourg a déclaré « qu’aussi bien le nombre que la qualité des données probantes plaident en faveur d’un accident de laboratoire à l’Institut de virologie de la ville de Wuhan comme cause de la pandémie en cours ».
A l’époque, M. Wiesendanger voulait « susciter un large débat, notamment en ce qui concerne les aspects éthiques de la recherche dite de ‘gain de fonction’, qui rend les agents pathogènes plus contagieux, plus dangereux et plus mortels pour l’homme ».
Mais il s’en est suivi une vaste campagne de diffamation et de censure à l’encontre du professeur et de quasiment tous ceux qui ont fourni des preuves sur la « théorie de la fuite du laboratoire ». Ainsi, l’ancien rédacteur du « Tagesschau » (le journal télévisé de la première chaîne allemande, ndlr), Alexander Teske, écrit sur X qu’il avait invité M. Wiesendanger en 2021 pour une interview, mais qu’une tempête de protestations s’était abattue sur lui. On l’a accusé d’être un menteur et un théoricien du complot. Au lieu de cela, l’enquêteur des faits de l’ARD (la Première chaîne de télévision allemande, ndlr) aurait été chargé d’affirmer le contraire de ce que disait M. Wiesendanger et de mettre en doute son travail.
2021 habe ich als Redakteur bei der #Tagesschau @RolandWiesendanger von der #UniversitätHamburg zum #Interview eingeladen, damit er seine #Laborthese zur Herkunft des #Coronavirus erklären kann. Es gab einen Proteststurm. Er sei ein #Schwurbler und Verschwörungstheoretiker.
— Alexander Teske (@aleksteske) March 12, 2025
Récemment, le professeur Wiesendanger a renouvelé son appel à l’arrêt de la recherche sur le « gain de fonction » dans Epoch Times.
MM. Drosten et Schaade vérifient les conclusions du BND
Juste après le changement de gouvernement entre Mme Merkel et Olaf Scholz, chancelier fédéral (parti SPD), M. Kahl, le chef du service de renseignements BND, aurait à nouveau informé la Chancellerie. En revanche, l’organe de contrôle parlementaire du Bundestag, compétent pour les services de renseignement, n’a pas été informé, pas plus que l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
A la fin de l’année dernière, le gouvernement fédéral a décidé de charger des experts externes de vérifier les conclusions du BND. Le président de l’Institut Robert Koch, Lars Schaade, et le virologue berlinois Christian Drosten font partie de ce groupe. Aucun résultat final n’a encore été rendu.

Couvrir l’origine du laboratoire ?
En la personne de M. Drosten, la Chancellerie a mandaté un acteur clé qui a plaidé contre la thèse du laboratoire avec véhémence en public et l’a fustigée comme étant une conspiration.
L’article « Proximal Origin », commandé au printemps 2020 par Anthony Fauci – alors directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) des États-Unis – a joué un rôle central à cet égard. Il est devenu l’un des documents scientifiques les plus cités de tous les temps et a servi de preuve à M. Fauci et aux médias que le coronavirus SRAS-Cov-2 était d’origine naturelle.
Les cinq auteurs, « virologues évolutionnistes hautement qualifiés », selon M. Fauci, ont eu des échanges avec d’autres scientifiques, dont M. Drosten, avant la publication.
Aux États-Unis, la communication entre les scientifiques révélée
Leur discussion interne a été obtenue par plusieurs demandes en vertu de la Loi sur la liberté de l’information des États-Unis (Freedom of Information Act, FOIA). Il ressort des échanges entre les scientifiques qu’ils ont mis en avant des arguments forts en faveur de la thèse du laboratoire, qui n’apparaissent plus dans le document « Proximal Origin ». Ainsi, l’auteur principal Kristian Andersen de l’Institut de recherche Scripps a écrit dans un message à ses co-auteurs :
« Le problème principal est qu’une fuite accidentelle est en fait très probable – ce n’est pas une théorie marginale. »
« Eddie pencherait 60/40 du côté du laboratoire », écrivait Jeremy Farrar, alors directeur du Wellcome Trust et scientifique en chef de l’OMS depuis 2023. Il faisait allusion à l’opinion d’Edward Holmes, co-auteur de « Proximal Origin ». M. Farrar s’est prononcé le 4 février 2020 :
« Je reste à 50-50. »
Les scientifiques ne sont pas d’accord
La plateforme d’investigation The Intercept, qui a déclassifié une partie de la communication, relate en détail les échanges entre les scientifiques dans un article de 2023. Il en ressort que le 8 février 2020, l’auteur principal de « Proximal Origin », M. Andersen, était encore critique vis-à-vis d’une prise de position publique des scientifiques : « En ce qui concerne la publication de ce document dans une revue, je n’y suis pas favorable pour le moment. Je pense qu’à ce stade, la publication d’un document aux conclusions ouvertes pourrait se retourner contre nous. »
Ce qui a conduit à un changement de point de vue des scientifiques le mois suivant n’est pas documenté dans la communication rendue publique.
La théorie du laboratoire abandonnée
L’attitude de M. Drosten est illustrée par les déclarations suivantes, tirées d’un courriel qu’il a envoyé à ses collègues :
« Quelqu’un peut-il m’aider à répondre à une question ? Ne nous sommes-nous pas réunis pour remettre en question une certaine théorie et, si possible, pour la supprimer ? »
Et plus loin, se référant à la théorie du laboratoire : « Qui a initialement suggéré cette histoire ? […] Travaillons-nous à démasquer notre propre théorie du complot ? »
Le 17 mars, le journal scientifique Nature a autorisé la publication du document « Proximal Origin ».
Christian Drosten a également co-écrit une lettre ouverte de scientifiques internationaux, publiée dans la célèbre revue « The Lancet » le 19 février 2020. On peut y lire :
« Nous sommes unis et condamnons avec la plus grande fermeté les théories du complot qui affirment que le Covid-19 ne serait pas d’origine naturelle. »

Ronald Wiesendanger décrit l’action concertée sur la scène internationale contre la thèse du laboratoire comme une campagne de désinformation : « une action de dissimulation de l’origine du SRAS-CoV-2 en laboratoire, jusqu’ici inédite pour la science ».
Mais le professeur hambourgeois s’est vu interdire par la justice d’affirmer que « Christian Drosten avait délibérément trompé le public ».
M. Drosten : une origine naturelle toujours probable
Entre-temps, le virologue berlinois a modifié sa position claire sur l’origine naturelle du coronavirus. Dans une interview du 24 janvier 2025 accordée au « taz » – le journal Die Tageszeitung -, M. Drosten a déclaré :
« On m’a peut-être reproché ma véhémence, mais ça n’a jamais été le cas. J’ai simplement repris ce que nous savons dans mon domaine scientifique. Et je dois aussi souligner que depuis 2020, les données ont évolué et mon évaluation aussi. »
Malgré cela, le virologue estime toujours qu’une origine naturelle est probable. Et il ajoute : « C’est aussi ce que pensent presque tous les scientifiques qui travaillent sur le sujet. »
La vraie piste mène-t-elle aux États-Unis ?
Il s’est avéré entre-temps que la recherche menée à Wuhan était également financée par les États-Unis. Cela s’est fait par le biais de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) et de son ancien directeur, le Dr Anthony Fauci. Ce dernier était également conseiller médical en chef des présidents américains depuis 1984. Il a pris sa retraite en 2023. M. Fauci a bénéficié d’une grâce préventive du président Joe Biden peu avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
En revanche, certains experts du sujet pensent que la véritable origine du virus du SRAS-CoV-2 se trouve aux États-Unis. L’ancien directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) des États-Unis, Robert Redfield, en fait partie. En novembre 2024, il a déclaré dans le podcast « Third Opinion » qu’il était « convaincu à cent pour cent » que le virus avait été fabriqué artificiellement (à partir de la min. 40).
Expériences à l’université de Caroline du Nord
Comme possible « lieu de naissance », M. Redfield a mentionné l’université de Caroline du Nord (États-Unis). C’est là que Ralph Baric effectue des recherches sur les coronavirus dans un laboratoire de haute sécurité. Selon M. Redfield, il est « le maître d’œuvre » dans ce domaine.
En 2015, M. Beric a mené une expérience avec Shi Zhengli, directrice de l’Institut de virologie de Wuhan, qui montre comment un coronavirus fabriqué en laboratoire peut infecter des cellules respiratoires humaines en utilisant la protéine « spike » d’un coronavirus de chauve-souris semblable à celui du SRAS (Menachery et al., 2015).
En outre, des chercheurs de l’université de Caroline du Nord ont obtenu en 2018 un brevet pour les protéines « spike » chimériques du coronavirus.
Un plan pour le SRAS-CoV-2 ?
Une autre indication d’une origine américaine du virus vient du chercheur « sur les fuites de laboratoire » Jim Haslam, qui a été interviewé par la journaliste indépendante Aya Velázquez. Mme Velázquez commence par donner des informations sur le parcours de M. Haslam et explique comment cet ingénieur, qui n’est en fait pas un spécialiste de la virologie, est parvenu à ses connaissances :
« Comme le débat sur l’origine du Covid-19 a longtemps été majoritairement rejeté comme ‘théorie du complot’ par les grands médias ces dernières années, un vide discursif s’est créé, qui a été comblé par des acteurs grass roots (citoyens de la communauté, ndlr). Dans les médias sociaux comme X, une véritable ‘scène [sur le sujet] des fuites du laboratoire’ s’est formée ces dernières années, composée de médias indépendants, d’ONG, de journalistes indépendants et de citoyens-journalistes qui mènent des recherches indépendantes et d’investigation sur le sujet. »
Le point de mire de M. Haslam est une demande de financement pour l’agence américaine de défense DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). Le projet, appelé DEFUSE et soumis par l’ONG EcoHealth Alliance, serait un « blueprint » (un plan détaillé) pour la production de SARS-CoV-2. La demande de projet a été divulguée en 2021 par le major de la DARPA Joseph Murphy.
Programme américain d’armes biologiques, partiellement conduit en Chine
Bien que la demande de DEFUSE ait été rejetée par le DARPA, le projet aurait été financé de manière fractionnée par le NIAID d’Anthony Fauci. Sur son blog, M. Haslam cite de nombreuses sources à ce sujet, notamment une demande de financement qui a été déclassifiée en vertu de la loi américaine sur la liberté de l’information.
Jim Haslam ne peut pas résoudre définitivement l’énigme de l’origine du SRAS-CoV-2, même si son livre s’intitule Mystère résolu. Ses recherches comportent toutefois des indices clairs d’un virus fabriqué en laboratoire dans le cadre d’un programme d’armes biologiques américain.
Selon M. Haslam, ce programme n’avait pas pour but de fabriquer une arme, mais d’identifier les coronavirus dangereux pour les chauves-souris et, dans un deuxième temps, de développer un vaccin auto-transmissible pour les chauves-souris pour les protéger de ces virus. « Le SRAS-CoV-2 était conçu pour se propager ; la contagion était une caractéristique, pas un défaut », écrit M. Haslam dans la préface de son livre.
Il s’agit de « recherches sur la sécurité présentant des inquiétudes » ou « recherche à double usage présentant des préoccupations » (dual use research of concern), comme il l’explique dans un entretien avec le Dr Peter McCullough (à 42 min. 15).
Grâce à des documents déclassifiés par The Intercept, on sait que l’argent du contribuable américain a été transféré à Wuhan via The EcoHealth Alliance pour la recherche sur le coronavirus de la chauve-souris.
En janvier 2025, le nouveau gouvernement américain de Donald Trump a supprimé tous les financements de l’ONG et de son ancien président Peter Daszak et a interdit à l’organisation de recevoir des financements pendant cinq ans.
Moratoire sur la recherche en gain de function
Mais quelle était la raison de la campagne massive, orchestrée au niveau international, contre la théorie du laboratoire ? Robert Redfield l’explique dans le podcast « Third Opinion » : « Ils sont tous très partiaux, et ils voulaient protéger la recherche sur les gains de fonction. »
Reste le débat qui, espérons-le, pourra désormais être mené en toute sincérité, sans œillères, étiquettes de conspiration ou diffamation : comment notre société souhaite-t-elle aborder cette recherche à haut risque ?
Roland Wiesendanger et 50 autres scientifiques se sont engagés en 2022 pour un arrêt clair.
Pour Robert Redfield, ces recherches n’ont jusqu’à aujourd’hui « rien apporté de bon ». Au contraire :
« C’est la science qui a créé cette pandémie, pas la Nature. »
Avec dts
Cet article a été mis à jour le 14 mars, le 16 mars et le 18 mars 2025.
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