Angela Merkel se préparait à négocier une partie de la nuit de dimanche à lundi pour éviter une rupture des négociations visant à former un nouveau gouvernement en Allemagne, synonyme d’instabilité pour le pays et l’Europe.
Son camp conservateur (CDU-CSU), les Libéraux du FDP et les écologistes s’étaient donnés en principe jusqu’à dimanche soir pour trancher: accord ou échec.
Mais les pourparlers pourraient se prolonger jusqu’à tôt lundi matin, du fait de blocages toujours très importants sur un programme de gouvernement pour les quatre ans à venir suite aux législatives de septembre.
« Nous en sommes toujours à un point où nous avons des divergences sur le climat et la politique migratoire », a déclaré dans la soirée le négociateur en chef des Verts, Michael Kellner, à la chaîne ZDF.
« La question est de savoir si on peut trouver une base pour travailler ensemble ou pas », a-t-il ajouté.
« On est sur le fil du rasoir », a commenté de son côté un des dirigeant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière, Volker Bouffier, assurant toutefois qu’un compromis « est possible ».
Au pouvoir depuis 12 ans, Mme Merkel a certes remporté fin septembre les élections.
Mais elle l’a fait avec le pire score depuis 1949 pour son parti du fait de la percée de l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui surfe sur le mécontentement d’une partie de l’opinion suite l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile.
Affaiblie, Angela Merkel a toute les peines à trouver une majorité à la chambre des députés, où les sociaux-démocrates (SPD) ont réitéré dimanche leur refus de gouverner avec elle après avoir été laminés aux élections. Ils se préparent à une cure d’opposition.
La chancelière mène du coup depuis déjà plus d’un mois des négociations, sans grand résultat, en vue de former sa coalition, sur le papier contre nature, avec les Libéraux du FDP et les Verts. Un attelage hétéroclite encore jamais expérimenté au niveau national.
Faute de compromis, l’Allemagne devra sans doute retourner in fine aux urnes début 2018. Des élections qui se feraient très probablement sans Angela Merkel à la tête de la CDU tant son sort est lié au succès des tractations en cours.
“Elle a tout intérêt à ce que ce gouvernement voie le jour, car un échec signerait aussi sa fin » politique, juge Frank Decker, politologue de l’université de Bonn, sur la chaîne de télévision parlementaire allemande, Phoenix.
Angela Merkel est déjà fragilisée au sein de sa famille politique depuis sa mauvaise performance aux législatives.
Son cap centriste et sa décision d’ouvrir les frontières du pays en 2015 aux migrants restent très controversés au sein de la CDU, et surtout de la CSU bavaroise, qui réclame un virage à droite.
Selon un sondage publié dimanche par le journal Die Welt, 61,4% des Allemands ne pensent pas qu’elle pourra se maintenir en poste en cas d’échec.
Principale pierre d’achoppement des négociations: les migrants en Allemagne et les suites de la politique généreuse d’accueil des réfugiés par Angela Merkel.
Les écologistes demandent que tous ceux bénéficiant du statut de réfugiés jouissent de la possibilité de regroupements familiaux. Actuellement, seuls certains d’entre eux en jouissent, suite à des restrictions introduites l’an dernier.
Le camp conservateur d’Angela Merkel et le FDP, alliés sur cette question, refusent cet assouplissement.
« Il y a trois partis qui veulent réduire l’immigration et un qui ne veut pas », a dit un des responsables de la CSU, Andreas Scheuer.
Les Verts jugent la distinction « inhumaine » car ce sont en particulier les réfugiés syriens fuyant la guerre civile qui ne peuvent en profiter.
En cas d’échec, une période d’incertitude politique majeure s’ouvrirait en Allemagne et en Europe.
« L’Europe est tout sauf sortie de la crise et la question qui se pose est: va-t-on laisser le président (français) Emmanuel Macron se charger seul d’éteindre les incendies parce que l’Allemagne sera paralysée? », a demandé dimanche Cem Özdemir, un des dirigeants des Verts.
R.B avec AFP
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