Alors que les espoirs d’une mise en œuvre rapide d’une trêve entre Kiev et Moscou, soutenue par les États-Unis, s’amenuisent, les forces russes continuent d’enregistrer des avancées sur le champ de bataille.
« Les Russes progressent lentement mais sûrement sur tout le front, à la fois à Koursk et dans le Donbas », a déclaré à Epoch Times Robert Peters, analyste de la politique de défense à la Heritage Foundation, un groupe de réflexion de Washington.
« Cela tient en grande partie au fait qu’ils ont l’avantage à la fois en termes d’effectifs et de munitions », a-t-il ajouté.
« L’Ukraine est en difficulté en termes d’effectifs et de capacités défensives en munitions », a précisé M. Peters. « Elle mène essentiellement un combat d’arrière-garde. »
Le 3 avril, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses forces avaient pris deux autres villages dans les régions de l’est et du sud-est de Donetsk et de Zaporijjia.
« Les unités du groupement tactique Est ont continué à avancer profondément dans les défenses ennemies et ont libéré la localité de Vesele dans la République populaire de Donetsk [reconnue par Moscou] », a déclaré le ministère dans un communiqué cité par l’agence de presse russe TASS.
« Les unités du groupement tactique Dniepr ont libéré la localité de Lobkove dans la région de Zaporijjia grâce à des opérations décisives. »
Kiev n’a pas encore reconnu ces pertes territoriales et Epoch Times n’a pas pu vérifier ces affirmations en toute indépendance.
Au cours des derniers mois, la Russie a continué d’enregistrer des gains progressifs, en particulier dans la région orientale du Donbass (comprenant Donetsk et Louhansk), au détriment des forces ukrainiennes, qui ont été durement éprouvées.
Le 1er avril, Moscou a affirmé que ses forces à Donetsk avaient pris le village de Rozlyv au sud de Pokrovsk, un centre logistique ukrainien stratégiquement vital.
La semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les forces de Moscou enregistraient des gains « quotidiens » sur l’ensemble de la ligne de front, longue de 966 km.
« Sur toute la ligne d’engagement, l’initiative stratégique est entièrement du ressort des forces armées russes », a-t-il affirmé le 28 mars.
Il a également précisé que « 99 % » de Louhansk était désormais sous contrôle russe, ainsi que « plus de 70 % » des régions de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia.
« Nos forces […] progressent, libérant un territoire après l’autre, un endroit après l’autre », a poursuivi M. Poutine.
Tim Ripley, un éminent analyste britannique de la défense, a estimé que les « poussées progressives » de la Russie sont actuellement « en cours partout ».
Mais si les forces russes prennent des villages « ici et là », elles « n’ont pas encore réalisé de percée décisive » dans le Donbass, a indiqué M. Ripley à Epoch Times.
« En février et début mars, ils ont fait de grandes avancées vers Pokrovsk. Ils s’en sont rapprochés fortement, mais ils ne l’ont toujours pas prise. »
« L’Ukraine a envoyé des réservistes et a stabilisé la situation, de sorte que la ligne de front s’est solidifiée dans une certaine mesure. »
« Les Russes ont besoin de temps pour se reconstruire et mettre les Ukrainiens dans une situation critique où ils doivent soit battre en retraite, soit être encerclés », a ajouté M. Ripley, auteur de Les Petits Hommes verts : L’histoire intime de la nouvelle puissance militaire russe (Little Green Men : The Inside Story of Russia’s New Military Power).
En 2022, la Russie a envahi et effectivement annexé Donetsk, Louhansk et les régions sud-est de Kherson et Zaporijjia. Depuis lors, Moscou considère ces quatre régions comme des territoires appartenant à la Fédération de Russie.

Le cessez-le-feu dans les limbes
Entre-temps, Moscou et Kiev s’accusent mutuellement d’avoir enfreint un moratoire sur les frappes contre les infrastructures énergétiques, que les deux parties ont accepté le mois dernier lors de discussions séparées avec des représentants américains.
Le 3 avril, une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que Kiev avait organisé plus de 30 attaques contre des installations énergétiques russes, en utilisant des armes occidentales, depuis l’entrée en vigueur apparente du moratoire.
« Les attaques contre l’infrastructure énergétique russe sont ciblées et sont purement provocatrices et démonstratives », a-t-elle déclaré à la presse.
Alors que Moscou assure avoir respecté les termes de la trêve limitée, Kiev affirme que les attaques russes contre les installations énergétiques ukrainiennes se poursuivent.
Cette semaine, Kiev a soutenu qu’une sous-station énergétique dans la région de Soumy (nord-est) avait été visée par des drones russes et que des tirs d’artillerie russes avaient endommagé une ligne électrique dans la région centrale de Dnipropetrovsk.
« Le caractère systématique et constant des frappes russes indique clairement que Moscou méprise les efforts diplomatiques de ses partenaires », a souligné le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 2 avril.
« Ce qu’il faut, c’est exercer une pression nouvelle et tangible sur la Russie pour mettre cette guerre sur une voie menant à sa fin », a-t-il ajouté.
Les deux parties affirment fournir aux États-Unis des listes de violations présumées du cessez-le-feu, dont aucune n’a pu être vérifiée de manière indépendante par Epoch Times.
« Les Ukrainiens accueilleraient favorablement un ralentissement des opérations afin de reprendre leur souffle et, idéalement, de créer des positions défensives », a indiqué M. Peters.
« Mais il ne semble pas que les Russes respectent le moratoire », a-t-il ajouté.
« Chaque fois que vous négociez avec les Russes, vous devez comprendre que tout accord qu’ils concluent est limité », a-t-il affirmé. « À un moment donné, ils le violeront. »
Interrogé sur les affirmations de Moscou relatives à la violation régulière par Kiev des conditions de la trêve limitée, M. Peters a répondu : « Je n’ai rien vu qui vienne étayer ces affirmations. »
Selon M. Ripley, cette situation confuse semble refléter un « problème avec la stratégie de négociation des États-Unis ».
« Pendant qu’ils [les responsables américains] discutent avec les Russes, les Russes et les Ukrainiens – ceux qui combattent réellement – ne sont pas dans la même pièce et ne se sont pas mis d’accord sur la même chose », a-t-il souligné.
« Tant qu’ils ne seront pas réunis dans la même pièce, ou au moins dans des pièces adjacentes, nous aurons cette déconnexion », a ajouté M. Ripley, qui est également rédacteur en chef de Defense Eye, un service d’information en ligne consacré aux questions de sécurité.

Perdre Koursk
Le sort du cessez-le-feu soutenu par les États-Unis étant en suspens, l’Ukraine semble également avoir perdu le dernier point d’appui qui lui restait à l’intérieur du territoire russe.
L’été dernier, Kiev a lancé une offensive transfrontalière surprise dans la région occidentale russe de Koursk, qui partage une frontière avec le nord-est de l’Ukraine.
Les forces ukrainiennes se sont d’abord emparées de plusieurs centaines de kilomètres carrés de territoire, mais elles ont depuis été contraintes de se retirer de la région face aux contre-attaques féroces des Russes.
Le 30 mars, l’agence TASS a cité une source de défense russe qui affirmait que les forces ukrainiennes à Koursk étaient en train d’être chassées des dernières zones frontalières encore sous leur contrôle.
« Des combats acharnés sont en cours à Guyevo […] et dans la région de Basovka », a déclaré la source en référence à deux communautés frontalières de Koursk.
Dans un discours vidéo diffusé le 3 avril, M. Zelensky a semblé reconnaître la gravité croissante de la situation, déclarant que les forces ukrainiennes « s’efforçaient de défendre [leurs] positions » dans la région frontalière avec la Russie.
« Nous savons sur quoi l’ennemi compte », a-t-il ajouté.
Selon M. Ripley, les forces russes ont « manifestement remporté un succès majeur à Koursk », où elles ont « infligé des pertes assez lourdes aux Ukrainiens ».
« Les Ukrainiens ne disposent plus que d’une petite bande de terrain près de la frontière », a-t-il ajouté, tandis que les forces russes ont « franchi la frontière pour pénétrer dans la région ukrainienne de Soumy ».
D’après M. Ripley, la perte de Koursk aura un impact négatif sur la position de négociation de Kiev dans toute future négociation d’un cessez-le-feu.
« Koursk était la meilleure carte dont disposaient les Ukrainiens », a-t-il expliqué.
« Ils avaient réussi à s’emparer d’un territoire russe qui pouvait éventuellement être échangé contre une grande partie de leur propre territoire », a-t-il ajouté. « Mais maintenant, ils l’ont perdu. »
M. Peters a reconnu que la perte territoriale nuirait certainement à la position de négociation de Kiev.
« Ils ont été régulièrement repoussés depuis un certain temps. Je ne vois aucune possibilité pour eux de reprendre les positions qu’ils ont perdues dans un avenir prévisible. »
Avec Reuters
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