Beaucoup de jardins français sont marqués par le style André Le Nôtre. Outre Versailles et Vaux-le-Vicomte, Le Nôtre a signé une quantité imposante de jardins en France et en Europe, en poussant l’art du jardin au sommet d’une reconnaissance européenne puis mondiale, inspirant ensuite plusieurs générations de maîtres paysagistes.
Un jardinier d’exception
À la Renaissance française au XVIe siècle, le jardin devient le prolongement de la maison, un lieu de repos pour l’esprit avec un goût de paradis imaginé par les architectes classiques. Un siècle plus tard, le jardin dit «à la française» devient une entité artistique à part entière, s’imposant ensuite notamment grâce aux travaux d’André Le Nôtre.
Issus d’une famille de jardiniers – son père et son grand-père s’occupaient des jardins des Tuileries à Paris –, c’est après plusieurs années d’études dans l’atelier de Simon Vouet, peintre de Louis XIII, qu’André Le Nôtre réalise son premier jardin au château de Wattignies. Ce sera sa première référence dans le domaine de l’architecture paysagiste. C’est le jardin du château de Vaux-le-Vicomte en Seine-et-Marne, appartenant à Nicolas Fouquet, surintendant des finances du roi Louis XIV, qui installera ensuite sa renommée. La légende veut que ce soit en apercevant les somptueux jardins de Vaux-le-Vicomte en se rendant à une fête trop fastueuse, que le roi Louis décida d’arrêter Fouquet pour malversations financières. Le Nôtre se met alors à son service pour la restauration des jardins de Versailles, restant dans l’histoire son œuvre la plus parfaitement accomplie.
À Versailles, Le Nôtre entreprend une totale transformation de la nature et de l’espace environnant avec des moyens considérables. La taille du domaine de Versailles s’agrandit des 90 hectares initiaux du règne de Louis XIII à un parc de 6.000 hectares, permettant la construction d’une perspective s’étendant sur 12 kilomètres jusqu’au point de l’horizon, donnant un effet d’infinité et d’éternité au jardin. L’espace se retrouve maîtrisé dans toutes ses dimensions et à chaque pas, de nouvelles perspectives s’ouvrent au promeneur. Versailles devient ainsi la référence des jardins à la française, qui se traduit aujourd’hui par une affluence de plus de 10 millions de visiteurs par an.
Les jardins à la française, un héritage culturel vivant
Héritier des jardins italiens de la fin du XVIe siècle, le jardin à la française est aujourd’hui synonyme de perfection. Contrairement aux jardins anglais influencés par le style chinois, où l’apparence presque sauvage et naturelle du jardin cache une savante maîtrise des éléments, le jardin à la française s’impose par une maîtrise globale volontairement visible. Le visiteur est ainsi stupéfait devant l’ampleur de la composition, et minuscule devant des tableaux gigantesques dépassant l’imagination. Il faut s’intéresser de plus près au jardin du parc de Versailles pour comprendre la subtilité de l’ouvrage en présence.
À l’extrémité Ouest du parc se trouve le Grand Canal, composé de trois bassins successifs de tailles croissantes, disposés ainsi pour donner l’effet visuel de trois tailles identiques en regardant à partir du château. L’impression dit à l’œil que le grand canal démarre au pied de la terrasse, alors qu’en s’approchant, le visiteur découvre qu’il est en fait très éloigné et que plusieurs terrasses le précèdent. C’est un effet d’optique dynamique obtenu par un jeu de champs de visions différents s’ouvrant à l’œil grâce au mouvement. André Le Nôtre, qui avait peut-être croisé Descartes et ses travaux en optique, disait d’ailleurs «l’œil crée la perspective, la marche la fait vivre».
Outre les perspectives extérieures d’alignement des arbres des palissades bordant les allées – parfaitement taillés de sorte que leur ombre accentue la perspective en fonction du soleil, l’intérieur du jardin cache des chefs-d’œuvre d’art classique. Quatorze bosquets conçus chacun comme des théâtres de verdure sont enfouis dans les méandres du jardin, chacun avec ses particularités propres.
Organisé autour du grand axe Est-Ouest qui suit celui du soleil, le jardin de Versailles croît depuis le château selon une composition complexe, introduisant une dynamique des relations entre les longueurs, les surfaces et les volumes en un enchaînement continu de proportions rompant la symétrie pour introduire l’équivalence. D’après l’étude, Versailles: Lecture d’un jardin de Michel Corajoud, Jacques Coulon et Marié-Hélène Loze, l’emploi de la «division en extrême et moyenne raison» connue sous le nom de «proportion divine» était privilégiée par Le Nôtre pour créer cette eurythmie dans l’espace du jardin.
Les jardins de Versailles sont donc une savante combinaison scientifique et artistique, mélangeant la rigueur de la géométrie avec les formes artistiques antiques. Ce lien entre l’art et la science, dont l’emploi de la divine proportion représentait à l’époque classique, l’apogée de la connaissance scientifique de l’homme, a été permis notamment par la création de l’académie des Arts et des Sciences par Louis XIV qui regroupait les plus grands intellectuels de l’époque, mathématiciens, philosophes, compositeurs, paysagistes, peintres et physiciens, etc. Tous y étaient réunis.
Plusieurs jardins en région parisienne sont ainsi inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, parmi lesquels les jardins des palais de Versailles et Fontainebleau et le jardin des Tuileries aux pieds du Louvre.
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