Appel à la grève silencieuse en Birmanie un an après le coup d’Etat

Par Epoch Times avec AFP
1 février 2022 06:40 Mis à jour: 1 février 2022 06:44

Pour marquer le premier anniversaire du coup d’Etat qui a plongé la Birmanie dans la violence, les opposants à la junte ont appelé à des grèves silencieuses mardi, l’ONU et Washington accentuant la pression sur les généraux.

A l’aube, des villageois de la région de Sagaing, dans le centre du pays, sont descendus dans les rues et se sont immobilisés le point levé, d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux. D’autres se sont assis, faisant le salut à trois doigts en signe de résistance.

A Rangoun, des étudiants ont déployé des banderoles contre la dictature, tandis que des manifestants ont déversé de la peinture rouge sang.

D’autres actions de plus grande ampleur sont attendues dans les prochaines heures et de nombreux appels à fermer les commerces sont relayés sur internet.

« L’armée n’est PAS notre gouvernement légitime »

« Nous continuerons à défier le régime par tous les moyens possibles. L’armée n’est PAS notre gouvernement légitime », a écrit une opposante sur Twitter.

Depuis le coup d’État du 1er février 2021 contre Aung San Suu Kyi, plusieurs grèves silencieuses ont été menées, dont une en décembre qui avaient vidé les rues du pays.

Ulcérée, la junte a averti que de telles actions pourraient désormais être qualifiées de haute trahison, un crime passible de la peine de mort. Elle a aussi menacé de saisir les commerces qui resteraient fermés, ses partisans encourageant la population à la délation.

Mardi, dans le journal d’Etat, Global New Light of Myanmar, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a de nouveau promis d’organiser des élections « libres et équitables » d’ici l’été 2023, répétant que l’armée avait été contrainte de prendre le pouvoir à la suite de fraudes lors des élections de 2020 remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi.

Plus de 1.500 civils ont été tués et près de 9.000 sont détenus

Depuis son passage en force, plus de 1.500 civils ont été tués et près de 9.000 sont détenus dans les geôles du régime, d’après un observatoire local qui dénonce des cas de viols, de torture et d’exécutions extrajudiciaires.

Face à cette spirale de violence, la communauté internationale a accru lundi la pression sur les généraux.

L’ONU a fait savoir qu’elle enquête sur des crimes contre l’humanité.

« La justice internationale a la mémoire très longue », a averti Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie. Créé par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en septembre 2018, ce groupe constitue des dossiers en vue de procédures pénales.

Les Etats-Unis ont de leur côté imposé, en coordination avec le Royaume-Uni et le Canada, de nouvelles sanctions financières.

Sont ciblées sept personnes et deux entités « liées au régime militaire de Birmanie ». Les plus hauts responsables judiciaires, le procureur général Thida Oo, le président de la Cour suprême Tun Tun Oo et le chef de la commission anti-corruption Tin Oo, sont notamment visés, selon un communiqué du Trésor américain.

« Apporter la démocratie et l’Etat de droit dans votre pays » Joe Biden

« Tant que le régime privera le peuple de Birmanie de sa voix démocratique, nous le ferons payer aux militaires et à leurs partisans », a mis en garde le président américain Joe Biden.

« Je dis au peuple birman: nous n’avons pas oublié votre combat et nous continuerons à soutenir votre courageuse détermination à apporter la démocratie et l’Etat de droit dans votre pays ».

Londres « défendra toujours le droit à la liberté (…) Nous ferons rendre des comptes à ce régime brutal et oppressif », a promis de son côté la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.

Depuis le putsch qui a mis fin à une décennie de transition démocratique,  Aung San Suu Kyi, 76 ans, est assignée à résidence dans un endroit tenu secret.

 Aung San Suu Kyi accusée d’une multitude de chefs d’accusation

La prix Nobel de la paix est visée par une multitude de chefs d’accusation (violation d’une loi sur les secrets d’État datant de l’époque coloniale, fraude électorale, sédition, incitation aux troubles publics, corruption…).

Lundi, elle a été de nouveau inculpée, accusée cette fois d’avoir fait pression sur la commission électorale lors des législatives de 2020 remportées massivement par son parti.

Déjà condamnée à six ans de prison, elle risque des décennies de prison au terme de son procès.

Le pays a plongé dans le chaos ces douze derniers mois. Les poches de rébellion se multiplient et poussent la junte à intensifier sa répression, des violences qui ont fait plusieurs centaines de milliers de déplacés.

L’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, Noeleen Heyzer, a plaidé lundi pour la tenue prochaine d’une « réunion humanitaire » avec « la plupart des parties prenantes » au conflit.

« Si la communauté internationale ne parvient pas à réduire de manière décisive l’accès de la junte aux devises étrangères et aux armes, nous assisterons à une aggravation du conflit », relève à l’AFP Debbie Stothard de l’ONG Alternative ASEAN Network.

 

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