Un mois après la catastrophe ferroviaire en Grèce qui a fait 57 morts et soulevé une vague de colère contre le gouvernement, le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, sous pression, a annoncé mardi la tenue des élections législatives le 21 mai.
« Le pays et les citoyens ont besoin d’horizons clairs », a affirmé le chef du gouvernement, au pouvoir depuis juillet 2019, lors d’un Conseil des ministres. « Il y a eu des erreurs, mais nous sommes là pour les corriger », a-t-il reconnu. « Notre devise est désormais d’avancer ensemble », a-t-il plaidé. Le Premier ministre avait jusqu’à présent seulement indiqué que les élections, qui doivent permettre de renouveler les 300 sièges du parlement monocaméral (Vouli), devaient se tenir en mai.
Le dirigeant du parti de droite, Nouvelle Démocratie (ND) est confronté à un vaste mouvement de contestation depuis la collision entre deux trains le 28 février, drame qui a causé la mort de 57 personnes et mis en lumière de graves dysfonctionnements dans les chemins de fer. Au plus fort des manifestations le 8 mars, 65.000 personnes étaient descendues dans les rues, rappelant les cortèges du début des années 2010 quand, en plein marasme financier, la Grèce avait dû consentir à de douloureuses mesures d’économies, suscitant le rejet d’une population s’estimant sacrifiée.
Graves retards dans la modernisation du système de sécurité et manque de personnel
Aux cris d’ « Assassins », les Grecs, notamment les jeunes, ont manifesté avec force leur indignation face à ce que les autorités ont qualifié de « tragédie nationale ». Ils se montrent particulièrement sévères avec la classe politique accusée d’incurie depuis des décennies. Cet accident ferroviaire, est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », résumait ainsi le 8 mars à Athènes une manifestante, Spyridoula Togia, 30 ans, professeure dans un collège.
Kyriakos Mitsotakis, a aussi été étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de l’accident, notamment lorsqu’il a affirmé, le lendemain, qu’il s’agissait d’une « tragique erreur humaine ». Or, si le chef de gare en poste ce soir-là a été inculpé et placé en détention provisoire après avoir reconnu sa responsabilité, la vétusté du réseau ferré – propriété de l’État -, les graves retards pris dans la modernisation du système de sécurité et le manque de personnel ont été pointés du doigt. Quelques semaines avant le drame, les syndicats avaient mis en garde contre le risque d’accident grave sans avoir été entendus par les responsables politiques. Contrit, Kyriakos Mitsotakis a, à plusieurs reprises, fait son mea culpa et reconnu des défaillances « chroniques » dans les chemins de fer.
Élections législatives à la proportionnelle simple
Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, a précisé qu’un deuxième scrutin serait organisé « au plus tard début juillet », si le premier ne permet pas de dégager de majorité absolue ou si les partis ayant réalisé les meilleurs scores ne parviennent pas à former une coalition. En raison de deux réformes électorales entrées successivement en vigueur, les élections législatives du 21 mai se tiendront en effet à la proportionnelle simple. En cas de deuxième scrutin, un bonus de sièges sera accordé au parti arrivé en tête, selon une loi votée par le gouvernement conservateur.
Au cours de son mandat, Kyriakos Mitsotakis, dont le père a lui même été Premier ministre au début des années 90, a été aussi épinglé pour les atteintes aux libertés, notamment de la presse. Il est aussi au cœur d’un scandale d’écoutes téléphoniques qui a touché des centaines de personnalités, dont le dirigeant du Parti socialiste Pasok-Kinal.Athènes a toujours réfuté avoir eu recours au logiciel espion israélien Predator.
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