Le Royaume-Uni s’est montré ferme dimanche sur sa volonté de s’affranchir des règles de l’Union européenne après le Brexit, laissant entrevoir un bras de fer intense sur leur future relation commerciale.
Sorti vendredi soir de l’UE après 47 ans d’appartenance houleuse, le pays doit désormais redéfinir les modalités de sa relation avec le bloc réduit à 27, sur le plan commercial mais aussi de la sécurité, de la pêche ou de l’éducation. Et ne dispose pour cela que d’une période de transition de 11 mois que Londres refuse d’ores et déjà de prolonger.
Le Premier ministre Boris Johnson, grand apôtre du Brexit, doit présenter lundi sa vision de la place du Royaume-Uni dans le monde, tandis que le même jour le négociateur européen Michel Barnier doit détailler ses priorités.
Un discours « sans concessions »
La presse britannique affirme que Boris Johnson compte durcir le ton dans un discours « sans concessions ».
« Nous reprenons le contrôle de nos lois, ce n’est pas pour nous aligner avec les règles de l’Union européenne », a averti le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab sur Sky News.
« Je suis sûr que l’UE voudra respecter son engagement en faveur d’un accord de libre-échange du type de celui conclu avec le Canada », a-t-il ajouté, voyant dans cette option le « meilleur (accord) de sa catégorie » et une « opportunité d’obtenir un résultat avantageux pour tous ».
S’affranchir des règles européennes
Un tel accord permettrait au Royaume Uni de s’affranchir des règles européennes, symbole de la liberté retrouvée du pays vantée par Boris Johnson, détracteur des normes de l’EU qu’il raillait déjà quand il était journaliste à Bruxelles.
Mais les responsables européens n’ont cessé de marteler ces derniers temps que si Londres voulait un accord douanier avantageux ouvrant le marché européen à ses produits et inversement, il ne pourrait pas s’affranchir totalement des normes communautaires et créer ainsi un concurrent dérégulé et déloyal aux portes de l’Union.
« Le Premier ministre dit à l’Union européenne: No, Non, Nein! », résume le Sunday Express. Selon l’édition dominicale du quotidien britannique, M. Johnson compte faire à ses anciens alliés une « offre à prendre ou à laisser », proposant à Bruxelles le choix entre un « accord de libre échange similaire à celui conclu avec le Canada ou un accord comme avec l’Australie », qui se rapprocherait d’un « no deal », rupture redoutée dans les négociations pré-Brexit.
Le risque d’un retour des contrôles aux frontières
Une source gouvernementale a par ailleurs affirmé à l’agence de presse britannique PA que Boris Johnson serait prêt à prendre le risque d’un retour des contrôles aux frontières s’il n’y avait pas d’accord.
Selon le Sunday Telegraph, ce durcissement est dû à des « tentatives de l’Union européenne » visant à « changer les termes » de l’accord négocié fin octobre par Boris Jonhson, rendant « furieux » le Premier ministre.
« Bruxelles a demandé au Royaume-Uni d’accorder l’accès à sa zone de pêche, de s’aligner sur les normes économiques européennes et de laisser ses frontières ouvertes à la liberté de circulation », détaille le Sunday Express.
Alors qu’il s’engage dans un nouveau bras de fer avec l’UE, après trois ans et demi de tractations déjà difficiles, le Royaume-Uni cherche de nouveaux partenaires, du côté de son allié historique américain mais aussi en Asie-Pacifique.
M. Raab a ainsi annoncé dimanche qu’il se rendrait la semaine prochaine au Japon et en Australie pour négocier des accords commerciaux et explorer les opportunités « à l’international ».
De l’autre côté du globe, le président américain Donald Trump fait miroiter depuis plusieurs mois un accord commercial bilatéral « magnifique » à son allié historique. Son chef de la diplomatie Mike Pompéo, en visite au Royaume-Uni jeudi, a insisté auprès de Londres sur les « énormes bénéfices » de leur rapprochement post-Brexit.
Selon le Sunday Express, 16 députés conservateurs ont écrit au Premier ministre pour plaider en faveur d’un accord commercial englobant tous les pays du Commonwealth, dont l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande font partie. Selon eux, « le PIB combiné de la famille du Commonwealth éclipsera bientôt l’EU ».
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